La société américaine Meta, qui opère notamment Facebook, Instagram ou l’application de messagerie Whatsapp, a annoncé mardi une modification de sa politique en matière de publicité ciblée. Cela commence tout d’abord par une réduction des prix d’abonnement proposés aux utilisateurs qui souhaitent profiter d’Instagram ou de Facebook sans publicité. Initialement fixé à 9,99 euros pour l’accès web et 12,99 euros pour les applications mobiles, les prix passeront dans les prochaines semaines à 5,99 euros et 7,99 euros respectivement pour les deux offres.
Mais cet ajustement n’est pas la seule innovation du groupe. Du changement est annoncé également pour les utilisateurs non abonnés. Meta veut leur proposer une nouvelle option de pub « moins personnalisée ».
Elle doit permettre d’opter pour des publicités moins ciblées, et basées uniquement sur certaines informations personnelles collectées par Facebook. Comprenez l’âge, le genre, la localisation et la façon dont la personne interagit avec les publicités de la plateforme. Outre ces informations, les publicités affichées seront également proposées en fonction du contexte de navigation de l’internaute sur la plateforme.
Pause publicitaire obligatoire
Meta explique aussi que ces publicités personnalisées mais « moins personnalisées » seront dans certains cas plus contraignantes pour les utilisateurs. Oui, car vous aurez droit à des « pauses publicitaires ». Comprenez l’affichage de pubs pendant plusieurs secondes sans proposer de bouton pour les contourner.
Ces annonces de Meta doivent satisfaire les demandes des régulateurs européens. Car Meta est toujours sous le feu de la réglementation, Meta expliquant toujours recevoir « des demandes allant au-delà des exigences légales » en la matière.
Pour rappel, pour tenter d’être conforme en Europe, Meta avait mis en place en fin d’année 2023 d’un système d’abonnement payant pour permettre aux utilisateurs d’échapper à la publicité ciblée. Mais la légalité de cette approche – offrant aux internautes un choix binaire (payer ou consentir à la publicité ciblée) – avait suscité des critiques. Et valu à Meta l’ouverture d’une enquête par la Commission européenne au mois de juillet 2024.
Réactions mitigées
La Commission européenne rappelle que « le nouveau modèle introduit par Meta relève de la seule responsabilité de Meta et n’est pas approuvé ou soutenu par la Commission » relève Reuters. Les différentes autorités de protection de la vie privée, réunies au sein de l’EDPB, ont de leur côté accueilli avec prudence l’annonce de Meta, tout en ajoutant que la conformité de l’approche devait encore être évaluée.
L’association du militant autrichien Max Schrems, Noyb, estime de son côté que cette nouvelle politique « est loin de la fin des problèmes auxquels Meta s’expose à l’égard du RGPD ».
L’association, qui avait déposé plusieurs recours contre les politiques publicitaires de Meta et critiqué la mise en place du système d’abonnement, rappelle que les publicités « moins ciblées » proposées par Meta ne récoltent toujours pas le consentement libre des utilisateurs. Et ne sont donc toujours pas légales à son sens.