« Notre réponse à Twitter ». Voilà comment l’aurait présentée Chris Cox, chef de produit chez Meta à ses équipes, selon le site The Verge. La maison mère de Facebook s’apprête à lancer une application de micro-blogging concurrente frontale à Twitter. Nom de code : « Project 92 »,
L’interface serait visuellement très proche de celle du réseau social au fameux oiseau bleu si l’on croit Lia Haberman, experte en marketing digital et en influence sociale. L’application devrait prendre le nom de Threads, soit les fils de discussion qui associent plusieurs tweets. Ce qui sèmera encore davantage la confusion chez les utilisateurs.
Cette application « stand alone » serait néanmoins étroitement liée à Instagram. Les quelque 2,3 milliards d’utilisateurs actifs du réseau social, autre propriété de Meta, n’auront donc pas à recréer un compte ou à constituer une liste d’abonnés ou de personnes à suivre. Un sacré coup de pouce au démarrage.
Le même standard que Mastodon
Threads s’appuiera également sur ActivityPub, un standard ouvert pour réseaux sociaux décentralisés reconnu par le W3C, qui assure également le portage d’un profil et de ses abonnés et abonnements. Elle sera ainsi interopérable à d’autres plateformes qui ont aussi fait le choix de cette approche décentralisée comme la solution open source Mastodon.
Par définition, un réseau social décentralisé n’est pas hébergé par une entreprise commerciale qui décide, seule, de la hiérarchisation des contenus et de la politique de modération mais sur une multitude de serveurs indépendants.
Dans l’esprit du Web3, ce concept vise à redonner aux utilisateurs le contrôle de leurs contenus, chaque serveur/communauté établissant ses propres règles. Il a été retenu par Mastodon ou Bluesky, un projet lancée lancé fin 2019 par Jack Dorsey, à l’époque patron de Twitter, et qui a pris depuis son indépendance.
Si l’on peut sérieusement douter que Meta reprenne cette approche dans son intégralité, Chris Cox aurait insisté lors de sa présentation en interne sur les critères de sécurité, de fiabilité, de facilité de prise en main mais aussi de confiance comme préalables au développement de la future plateforme.
Un boulevard pour Meta
Une critique en creux aux dérives que connaît Twitter depuis son rachat en octobre par le milliardaire Elon Musk et qui a fait fuir abonnés et annonceurs. Comme gage de crédibilité, des célébrités se seraient engagées à rejoindre le nouveau réseau social de Meta dont DJ Slime. Le géant américain serait aussi en discussion avec Oprah Winfrey, star de la télévision américaine, et le… Dalaï Lama.
De fait, il existe un boulevard pour Meta. En dépit des difficultés rencontrées par Twitter, aucun réseau social n’a réussi à s’imposer commun un rival sérieux. Les plateformes récentes, comme Post et Cohost, ont des audiences et une notoriété confidentielles tandis que Bluesky est encore proposée en version bêta fermée. Quant à Parler et Social Truth, lancé par Donald Trump, ils sont prisés par la seule extrême droite américaine.
Mastodon se présentait comme le « Twitter killer » le plus sérieux. Profitant des inquiétudes suscitées par la prise de contrôle par Elon Musk, la plateforme a gagné plus 2,5 millions de nouveaux utilisateurs le mois qui s’en est suivi pour n’en comptabiliser plus que 1,4 million quelques temps plus tard, d’après les décomptes de Wired. Bien loin des 368 millions d’utilisateurs actifs mensuels de Twitter. Sa difficile prise en main a désarçonné plus d’un « twittos » épleuré.
Crédit visuel : Lia Haberman