Meta a annoncé, jeudi 30 novembre, avoir supprimé plusieurs comptes et pages liés à l’opération de désinformation russe « Doppelgänger », qui visaient plus spécifiquement les Etats-Unis et la France. Dans son rapport trimestriel sur les campagnes de désinformation repérées par les équipes d’Instagram et de Facebook, l’entreprise annonce avoir identifié de nouveaux faux sites d’information, anglophones et francophones, qui publient principalement des « commentaires critiques sur les droits des personnes transgenres et les droits de l’homme en Occident, et plus particulièrement aux Etats-Unis et en France ». Ces sites « critiquent aussi les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron » et vantent les activités russes en Afrique de l’Ouest, dénigrant la présence française dans cette région.
D’après les constatations de Meta, la dizaine de pages Facebook et Instagram liées à ces faux sites n’ont pas réussi à attirer une audience significative – quelques milliers d’abonnés au total. L’entreprise note cependant que leurs messages ont été promus par des comptes de représentations diplomatiques russes sur Facebook, Twitter et YouTube. Ils notent par ailleurs que leur enquête a « établi des liens avec des employés de RT », le groupe de médias publics russes interdit de diffusion sur le territoire de l’Union européenne depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, sans donner davantage de précision.
Doppelgänger, dont Meta avait révélé l’existence il y a un an, est considérée par l’entreprise et de nombreux observateurs comme l’une des campagnes de désinformation les plus agressives en cours. Son action avait été dénoncée par le gouvernement français en juin, et malgré la suppression de multiples comptes lui appartenant sur de nombreuses plates-formes, elle continue de créer des faux sites et des faux profils.
« Une faille dans le système »
Au début du mois de novembre, des comptes et sites appartenant à cette opération avaient été utilisés pour tenter d’attiser les tensions dans la société française autour de pochoirs d’étoiles de David apposés sur les murs dans plusieurs quartiers de Paris. Ces tags sont considérés par les enquêteurs français comme faisant partie d’une campagne de déstabilisation à l’initiative des services de renseignement russes.
« Au fur et à mesure que nous avons appris à bloquer de plus en plus vite les comptes créés par ce groupe, ils ont changé leur comportement, notait mercredi Nathanael Gleicher, le responsable de la sécurité de Meta, dans une conférence de presse. [Cette opération] repose désormais en bonne partie sur des sites externes [contrôlés par Doppelgänger] que nous ne pouvons pas supprimer – c’est une sorte de faille qui tire parti des lenteurs dans le système mondial de gestion des noms de domaines. »