Les 2 830 sirènes qui, les premiers mercredis du mois, résonnent en France, ne seront bientôt plus seules pour alerter les Français d’un danger, incendie, tempête, attaque terroriste ou accident industriel. A la fin du mois de juin, le système d’alerte et d’information des populations (SAIP) du ministère de l’intérieur disposera d’un outil supplémentaire permettant de prévenir directement les personnes sur leur téléphone mobile. Grâce à la technologie dite de diffusion cellulaire (cell broadcast), FR-Alert enverra en quelques secondes une notification écrite accompagnée d’une sonnerie stridente vers tous les téléphones présents dans la zone concernée par le danger.
De nombreux pays disposent déjà d’un tel système d’alerte, comme les Etats-Unis, depuis 2006, le Japon, les Pays-Bas, la Belgique et plus récemment la Tunisie. « La France se dote d’un dispositif de pointe et sera dans le premier tiers des pays européens équipés pour cette technologie », souligne Romain Moutard, lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers qui a dirigé ce programme. Une directive européenne de décembre 2018 impose la mise en œuvre, avant le 21 juin 2022, d’un système d’alerte capable « d’atteindre les utilisateurs finaux, y compris ceux qui ne sont présents dans la zone concernée que de manière temporaire », comme les touristes étrangers. L’envoi de notifications en anglais faisait d’ailleurs partie du deuxième test, mené le 7 juin dans la vallée de la chimie, près de Lyon (Rhône), après celui réalisé mi-mai à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Le multilinguisme de FR-Alert est essentiel en vue de l’organisation en France, à l’automne 2023, de la Coupe du monde de rugby puis, à l’été suivant, des Jeux olympiques de Paris 2024.
Ces tests visaient aussi à voir comment réagit la population à la réception d’une notification potentiellement anxiogène. « Il faut préparer la population à recevoir ce type de messages mais aussi rédiger et adapter l’alerte en fonction du nombre de personnes à prévenir et du type de danger », explique Johnny Douvinet, géographe et professeur à l’université d’Avignon, qui, avec ces études, participe à la définition de la doctrine d’envoi des messages. Lors de l’essai de Lyon, qui simulait un accident dans la gare de triage de Sibelin, quatre cent cinquante questionnaires ont été collectés. « 90 % des personnes qui ont reçu la notification leur demandant de se confiner dans un bâtiment fermé disent qu’elles auraient appliqué la consigne », souligne M. Douvinet. Mais certaines ont trouvé trop intrusive la notification et se sont demandé comment on avait pu avoir accès à leur téléphone.
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