La molécule 5-HMF va pouvoir être produite en grande quantité en Europe et à des coûts plus abordables, pour remplacer des composés toxiques présents dans les pneumatiques. Michelin prédit que le marché explosera d’ici 2040.
À Péage en Roussillon, sur la plateforme d’Osiris, Michelin veut frapper fort en matière d’innovation pneumatique. Sur une première unité de démonstration industrielle, le géant français démocratisera la production à grande échelle de la molécule 5-HMF (5-hydroxyméthylfurfural), une molécule dérivée du fructose, « biosourcée et non toxique », permettant de remplacer de nombreux ingrédients d’origine fossile dans des domaines « très variés », et notamment l’industrie des gommes pour le transport.
Jusqu’à présent, la molécule 5-HMF n’était produite qu’en Asie, en petite quantité et à des prix importants. Une situation qui a attiré l’attention de Michelin, en quête d’innovation pour ses pneumatiques, mais aussi de diversification pour faire face à la concurrence délicate avec la Chine sur le marché, et la guerre commerciale américaine. Le site de Péage en Roussillon est une première mondiale, le premier à viser une production à l’échelle mondiale.
L’installation de cette première unité a coûté cher : 60 millions d’euros, subventionnés en partie par l’Ademe en France et le CBE JU (Circular Bio-based Europe Joint Undertaking) au niveau européen. La production annuelle doit atteindre 3 000 tonnes avec cette première infrastructure, qui a permis de créer 30 emplois. À l’horizon 2040, Michelin imagine le marché atteindre 40 000 tonnes. Il se démocratisera quand les prix de la 5-HMF seront plus accessibles et plus abordables pour des usages industriels.
Michelin utilise la molécule 5-HMF, mais pas encore dans ses pneus
Les solutions composites sont le nerf de la guerre des industriels en quête d’innovation. Chez Michelin, depuis 2016, les nouveaux composés arrivent dans la gamme à travers ResiCare, dont le 5-HMF qui est venu se placer en alternative biosourcée et non toxique au formaldéhyde et au résorcinol. Cela dit, il n’est pas encore présent dans la gamme de pneumatiques, mais seulement dans des productions de contreplaqués, les abrasifs et les composés moulés.
La nouvelle ambition est donc de pouvoir intégrer la molécule dans la production des résines adhésives pour les pneumatiques. La nouvelle unité de production doit être lancée l’année prochaine, et « ouvrir une nouvelle filière au niveau européen », déclarait Maude Portigliatti, la Directrice de la division Polymer Composite Solutions chez Michelin et Membre du comité exécutif du groupe.
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