Microsoft n’a plus de siège au conseil d’administration d’OpenAI. C’est le géant du logiciel qui a renoncé de son propre chef à cette prérogative, dans un courrier adressé à la start-up d’intelligence artificielle (IA) et révélé par le Financial Times, mercredi 10 juillet. Mais pourquoi se priver ainsi d’une connexion avec un partenaire de premier plan, qui joue un rôle majeur dans l’IA depuis le lancement à succès de son robot conversationnel ChatGPT, fin 2022 ? L’initiative de Microsoft intervient à un moment où s’intensifie l’attention des autorités de la concurrence du monde entier sur le secteur : celles-ci s’inquiètent du pouvoir des géants du numérique sur les start-up d’IA en général, et de Microsoft sur OpenAI en particulier.
Microsoft avait obtenu, en novembre 2023, d’être présent, avec un rôle d’observateur, au conseil d’administration de la structure à but non lucratif qui contrôle OpenAI. Peu avant, les membres de ce dernier avaient limogé le fondateur et PDG Sam Altman, à la surprise de tous les observateurs, y compris de Microsoft.
Pourtant, la firme dirigée par Satya Nadella est partenaire d’OpenAI depuis 2019. Elle y a investi plus de 13 milliards de dollars (12 milliards d’euros), en échange de 49 % du capital de la société à but lucratif donnant droit à une part des futurs bénéfices, mais pas à participer à la direction de l’entreprise. Sam Altman a finalement été réintégré à la tête d’OpenAI avec le soutien de Microsoft. Mais c’est pour améliorer cette gouvernance jugée défaillante que la direction de la start-up a décidé d’accorder un siège à son partenaire.
« Progrès importants »
« Ces huit derniers mois, nous avons assisté aux progrès importants du nouveau conseil d’administration, et nous avons confiance en la trajectoire de l’entreprise », a déclaré Microsoft dans sa lettre, pour justifier son retrait. Les membres qui avaient écarté Sam Altman en raison d’une rupture de confiance et parce qu’ils jugeaient sa stratégie trop commerciale au détriment de la sécurité de l’IA ne sont plus aux commandes. Ils ont été remplacés par des profils plus classiques des conseils d’administration de grands groupes : Bret Taylor, l’ex-PDG des groupes de tech Salesforce et Sierra, Larry Summers, l’ancien secrétaire d’Etat au Trésor des Etats-Unis ou Fidji Simo, directrice générale du service d’épicerie en ligne Instacart. « Nous ne pensons pas que notre rôle limité d’observateur soit encore nécessaire », a expliqué la société fondée par Bill Gates.
Toutefois, un autre élément éclaire l’annonce de Microsoft : l’autorité britannique de la concurrence, la Competition and Markets Authority (CMA), évalue depuis décembre 2023, à la suite de la crise à OpenAI, si le partenariat entre la société de Redmond (Washington) et la start-up de San Francisco s’apparente à une fusion, un rachat déguisé, ce qui pourrait être interdit si cela amenait à une trop grande concentration du secteur. L’autorité américaine de la concurrence, la Federal Trade Commission (FTC) a elle aussi annoncé une enquête sur l’investissement de Microsoft dans OpenAI, ainsi que sur les 6 milliards de dollars injectés par Google et Amazon dans la start-up d’IA Anthropic.
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