« Miniamaker », le nouveau métier de la galaxie YouTube

« Miniamaker », le nouveau métier de la galaxie YouTube


Dans l’ombre des youtubeurs, une armée de petites mains s’affairent à générer du clic : les miniamakers (« créateurs de miniatures »), des mordus de Photoshop qui ont pour mission de réaliser les miniatures des vidéastes, c’est-à-dire les vignettes qui illustrent leurs vidéos. Cette tâche, longtemps perçue comme accessoire, est en train de devenir un métier à part entière. Julien en a même fait son occupation principale, alors qu’il n’a commencé qu’en septembre.

Graphiste et « gros consommateur » de vidéos YouTube, il décide un jour de tenter sa chance. « Le premier influenceur que j’ai contacté, ça n’a pas marché, je n’avais rien à lui montrer, constate Julien. Le deuxième, Eric Flag [600 000 abonnés], je lui ai prouvé que j’avais les compétences en travaillant à partir d’une capture d’écran faite sur l’une de ses vidéos. » Première commande en poche, reste à connaître les prix d’un marché balbutiant.

Julien apprend alors sur le tas : « Ce n’était pas évident à savoir, comme c’est un métier récent. Maintenant que j’arrive mieux à me situer, je gagne autour de 2 500 euros brut par mois en travaillant beaucoup. » Le trentenaire, qui produit une vingtaine d’illustrations par mois, assure qu’il est non seulement satisfait de ce que lui rapporte cette reconversion mais tout aussi heureux de pouvoir contribuer quotidiennement à la réussite des youtubeurs qu’il apprécie.

Miniatures tirées de la chaîne YouTube d’Eric Flag.

Tous les créateurs de miniatures n’ont pas cette chance. Vivre de son dada reste un rêve inatteignable pour une partie d’entre eux. C’est le cas de Nathan, 18 ans « et six mois », qui s’est découvert cette passion en streamant sur Twitch. En exportant ses vidéos vers YouTube, l’étudiant est entré en contact avec un graphiste pour s’occuper de ses miniatures, avant de tenter à son tour d’en réaliser, il y a un an. Après avoir publié son travail sur Twitter, le repaire de la communauté, Nathan a pris les commandes. Diplôme du bac en poche, l’étudiant s’est mis en quête d’une formation en rapport avec le graphisme, pour améliorer ses miniatures. « Pour l’instant, c’est un complément à côté de mes études, détaille Nathan. Je fais à peu près cinq miniatures par semaine. Avec ça, je gagne entre 250 et 400 euros brut par mois. » Nathan espère en faire son métier dans deux ans, un fois qu’il sera diplômé en webdesign.

Deux catégories

Depuis une vidéo du youtubeur américain MrBeast, les miniamakers le savent : de l’autre côté de l’Atlantique, leur travail peut rapporter. Le vidéaste aux 140 millions d’abonnés y explique payer entre 5 000 et 10 000 dollars les trois miniatures. « Il a compris que c’est une des parties les plus importantes d’une vidéo, raconte Nathan. Mais avant de rencontrer un mec qui te paie autant… » C’est pourtant ce qui est arrivé à Aziatack, pseudo qui cache l’un des Français les plus demandés du milieu. Il y a quelques mois, le miniamaker est contacté par un membre de l’équipe de MrBeast pour des tests. « Je ne les ai pas passés car je ne remplissais pas les deux premières conditions : vivre sur place, en Californie, et parler anglais », énumère-t-il. Mais aussi parce que le jeune homme de 28 ans dispose en France d’une situation enviée par toute la profession.

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