Ce renouvèlement de contrat d’itinérance devrait susciter l’ire des deux autres opérateurs commerciaux, SFR et Bouygues Telecom. Free entend prolonger l’accord qui lui permet, depuis 2011, d’exploiter les réseaux mobiles d’Orange, en 2G et 3G. Alors qu’il se termine au 31 décembre 2025, l’opérateur de Xavier Niel souhaite le reconduire trois ans de plus.
Ce nouveau contrat a été soumis à l’Arcep, l’autorité de régulation du secteur des télécoms, qui a lancé une consultation publique. Il fait suite aux annonces d’Orange sur la fermeture de ses réseaux 2G à fin 2026 et 3G à partir de fin 2028. Dès mars 2026, l’opérateur historique démarré sur une zone pilote concernant 9 départements du Sud-Ouest.
Même si, contractuellement, l’Arcep prévoit de plafonner le trafic data 2G/3G à « 1% du trafic data total acheminé par les réseaux propres de Free Mobile », ce nouveau contrat d’itinérance fera bondir les deux rivaux, SFR et Bouygues Telecom, qui évoqueront certainement des entorses à la concurrence. Free s’est lancé en 2012 sur le marché français de la téléphonie mobile en s’appuyant sur les réseaux d’Orange.
Deal gagnant-gagnant
Sur le papier, les deux opérateurs ont tout à gagner à la reconduction de ce contrat d’itinérance. Il n’y a pas d’intérêt économique à ce qu’ils conservent chacun de leur côté des réseaux reposant sur des technologies vieillissantes. Débarrassé de la 2G/3G, Free pourra réaffecter les bandes de fréquences libérées vers la 4G et la 5G.
Cela lui permettra, selon l’Arcep, « de poursuivre le déploiement de son réseau 4G/5G lui permettant d’augmenter la couverture géographique de son réseau, de le densifier et d’en augmenter la capacité. » La 4G et surtout la 5G étant moins énergivores, la filiale du groupe Iliad réduira sa facture énergétique et son bilan carbone.
Du côté d’Orange, ce nouveau contrat devrait, selon Les Echos, lui rapporter autant que le précédent, « c’est-à-dire environ une centaine de millions d’euros ». Le Monde évoque, lui, un chèque d’un montant compris entre 400 et 500 millions d’euro signé en 2015. Une belle rente quoi qu’il en soit. D’après les deux quotidiens, l’opérateur historique aurait d’ailleurs proposé un deal équivalent à Bouygues Telecom.
Une fermeture qui s’achèvera en 2029
Les quatre opérateurs ont communiqué sur leur calendrier de fermeture des réseaux mobiles d’anciennes générations. L’extinction de la 2G puis de la 3G débutera en 2025 pour s’achever fin 2029. Orange et SFR devraient ouvrir le banc et Bouygues Telecom le fermer. Les États-Unis ont déjà arrêté la 2G et la 3G à fin 2023, l’Allemagne a mis fin à la 3G et la Suisse à la 2G
En France, la migration est largement engagée. Selon les dernières statistiques de l’Arcep, 89 % des cartes SIM activés en France reposent sur les réseaux 4G et 5G.
Les inquiétudes se cristallisent plutôt sur les objets connectés.
CSNP
Une interruption brutale aurait des conséquences dramatiques
Des alarmes de vidéosurveillance aux boîtiers des ascenseurs en passant par les bornes de recharge électrique, les dispositifs médicaux connectés, les capteurs industriels, ou du système d’appel d’urgence automatique (eCall) embarqué dans les voitures, de nombreux équipements communiquent encore à via une carte SIM 2G ou 3G.
« Une interruption brutale de ces réseaux pourrait avoir des conséquences dramatiques en privant certaines personnes de moyens d’alerte en cas de détresse », alertait en avril dernier la Commission supérieure du numérique et des postes (CSNP).
« A moins d’un an de la fermeture du réseau 2G, certains usagers ne sont pas encore informés de cette fermeture et de nombreuses incertitudes pèsent sur ses conséquences effectives sur certaines infrastructures pourtant essentielles. »