Marque incontournable lorsqu’il s’agit d’évoquer le vélo à assistance électrique, Bosch a su imposer ces derniers mois un modèle unique dans l’industrie du vélo. S’il laisse volontiers la partie mécanique aux spécialistes du secteur, il entend devenir hégémonique sur tout ce qui concerne l’électronique du vélo. Cela concerne l’assistance évidemment, mais pas uniquement. Le Bosch Smart System est l’illustration parfaite de cette stratégie dans laquelle Bosch ajoute chaque année une couche supplémentaire à un système global, censé être le cœur et l’âme du VAE. Pour comprendre comment fonctionne l’écosystème de Bosch, mais aussi pour s’en faire une idée nous avons décidé de le tester. Voici notre verdict après 300 km d’utilisation.
Bosch Smart System : c’est quoi ?
En matière de vélo électrique, le nom Bosch est souvent associé au moteur ou à la batterie. Or depuis l’an dernier, l’accessoiriste allemand voit plus grand et a décidé de bâtir un écosystème complet. Celui-ci porte le nom de Bosch Smart System et se compose du traditionnel duo moteur/batterie, mais aussi de la dernière version de l’afficheur Kiox, de la gâchette LedRemote et, depuis cet été, d’un ABS et d’une alarme antivol. Bien évidemment, le tout fonctionne grâce à une nouvelle application, Flow.
Il convient également de préciser que le Bosch Smart System n’est pas disponible sur tous les vélos électriques équipés d’un moteur Bosch. Seules les dernières versions du Performance Line et du Cargo Line ainsi que cinq modèles de batteries sont compatibles. En effet, les PowerTube 500Wh et 625Wh et les PowerPack 545 Wh et 725 Wh, complètent la batterie PowerTube 750 Wh inaugurée au lancement du Smart System.
Notre modèle de test, le Cannondale Tesoro Neo X, était bien entendu équipé de toutes ces fonctionnalités, ce qui nous a permis de les tester de fond en comble. Une précision néanmoins : depuis cet été, le Bosch Smart System offre aussi la possibilité d’associer un système ABS. Celui-ci n’est pas encore disponible en magasin, et il était fort logiquement absent de notre monture.
Moteur et Autonomie : Bosch reste le patron
Sur notre vélo de test, nous avons bénéficié de la configuration la plus aboutie du système. C’est à dire le Bosch Performance Line Cx, le moteur le plus évolué de Bosch, accompagnée de l’énorme batterie de 750 Wh intégrée au cadre.
Paradoxalement, ce n’est pas sur ces deux composantes que le Smart System apporte le plus de nouveautés. L’une des raisons pouvant expliquer cela étant que Bosch dominait déjà la concurrence aussi bien sur les performances moteur que sur l’autonomie. Cependant, la dernière génération du Performance Line Cx ne doit pas être oubliée. En effet, Bosch a amélioré son moteur sur deux points essentiels : le bruit et le mode roue libre. Ce dernier n’est pas encore intégral, une légère impression de frein moteur étant toujours perceptible, mais celle-ci a presque disparu. Quant au bruit de fonctionnement, il est encore perceptible, mais moins présent qu’auparavant. Nous avions déjà eu un aperçu des performances de la dernière génération du Performance Line Cx sur un vélo particulièrement adapté pour l’exercice, le Moustache Trail. Aussi, si vous souhaitez un aperçu complet des performances du moteur et de ses modes d’assistance, nous vous invitons à lire notre test du VTTAE de Moustache.
Précisons également que pour ses moteurs, Bosch fournit la plupart du temps la solution aux fabricants de vélos. Certains l’adoptent telle quelle, mais d’autres usent de leur liberté de régler quelques modes d’assistance selon leurs standards.
Côté batterie comme souvent, tout est question d’utilisation. Avec ce nouveau bloc de 750 Wh (le plus gros actuellement disponible sur le marché) Bosch promet un maximum de 175 km d’autonomie. Cette valeur s’entend en mode éco bien entendu. De notre côté, après avoir parcouru plus de 250 km avec notre Tesoro Néo X doté de la PowerTube 750, nous avons été particulièrement surpris de pouvoir atteindre les 100 km d’autonomie en restant uniquement en mode Sport. Il nous parait donc envisageable de dépasser les 150 km d’autonomie en oscillant entre le mode éco et le mode tour pour peu que les conditions s’y prêtent. Le reste est fonction du gabarit du cycliste, du type de parcours, de la météo, de la pression des pneus mais aussi de la cadence de pédalage. Néanmoins, d’après notre expérience, la promesse est tenue.
Kiox 300 : un modèle d’affichage
L’afficheur Kiox 300 est une composante essentielle du Bosch Smart System. S’il a récemment évolué pour peaufiner son écran, il n’est pas tout à fait nouveau et nous avons d’ailleurs eu l’occasion de le prendre en main à plusieurs reprises.
Nous vous invitons d’ailleurs à relire tout le bien qu’on en pense au travers du test du Cannondale Topstone Néo ou du Moustache Trail qui en étaient équipés. Compact, lisible quelles que soient les conditions de luminosité et surtout amovible, l’afficheur haut de gamme de Bosch reste toujours la référence du secteur.
LedRemote : elle va vite devenir incontournable
C’était l’un des points faibles de Bosch jusqu’ici, il est largement corrigé. La LedRemote est une commande minimaliste composée de deux paires de boutons et autant d’indicateurs lumineux. Les boutons permettent, au choix, de passer d’un mode d’assistance à un autre et de naviguer dans les menus de l’afficheur Kiox ou de l’application Flow. Quant aux voyants lumineux, ils sont surtout utiles lorsqu’on décide de se passer de l’afficheur, puisqu’ils indiquent respectivement le mode d’assistance engagé et le niveau restant de la batterie.
Si l’interprétation de la jauge de batterie est une évidence, il faudra s’accoutumer au code couleur de la marque pour se souvenir que le violet indique le mode Sport, le rouge le mode Turbo et que le bleu ciel est associé au mode Tour.
La LedRemote est sans doute le plus anodin des derniers ajouts à l’écosystème… mais aussi l’un des plus agréables, en tout cas l’un de ceux qui améliorent le plaisir de conduite. D’une part parce qu’elle tombe parfaitement sous le pouce et que son utilisation est on ne peut plus naturelle. Enfin parce qu’elle n’oblige plus à ce concentrer sur l’afficheur lorsqu’on souhaite changer de mode d’assistance et qu’elle permet même de s’en passer complètement !
En effet, en lieu et place du Kiox, son afficheur, Bosch permet de disposer un support de smartphone qui fonctionne avec son « grip ». Celui-ci est vendu en option, évidemment, mais il ouvre des perspectives interessantes et permet par ailleurs de disposer de la navigation que ce soit via l’application Flow ou les traditionnels Google Maps, Plans ou Waze.
Dès lors que l’on range le Kiox au placard, la LedRemote prend du gallon. En effet la petite gâchette devient automatiquement le principal indicateur du niveau d’assistance et de batterie restante. Et si l’utilisateur opte pour un affichage sur smartphone, elle permet de naviguer dans les menus de l’application Flow et de passer d’un écran à l’autre sans toucher au téléphone.
Bike Alarm : intéressant mais… payant
L’écosystème de Bosch jouit depuis cet été d’une protection intégrée. Il s’agit du « eBike alarm », une fonctionnalité censée améliorer la sécurité du vélo et diminuer le risque qu’il soit volé. Comment Bosch s’y prend-il ? De manière assez classique, en permettant de localiser le vélo d’une part et en déclenchant une alerte sonore et visuelle lorsque le vélo est manipulé par quelqu’un d’autre que son propriétaire. Et si cette personne mal intentionnée parvenait tout de même à le subtiliser ? Dans ce cas, Bosch joue directement sur les capacités du moteur. Concrètement, si le « eBike Alarm » est activé, l’assistance du moteur se désactive. Le vélo peut toujours rouler, mais sans l’aide du moteur. Ce choix interroge. Certes, la mesure de sécurité est intéressante, mais le blocage pur et simple du pédalier n’aurait-il pas été plus efficace ? Bosch opte pour une mesure certes dissuasive, mais qui n’empêchera pas nécessairement le vol du vélo, elle le rendra juste plus pénible.
Cette limite dans la protection est d’autant plus regrettable que le fonctionnement du « eBike Alarm » est exemplaire. Une fois la fonction activée dans l’application Flow, il suffit de couper le moteur pour que la protection s’active. Par ailleurs, la LedRemote indique au pilote via une séquence lumineuse que le vélo est protégé. Il n’y a donc pas d’action supplémentaire pour lancer le « eBike Alarm ». Quant à l’arrêt du système, il se fait automatiquement dès lors que le propriétaire muni de son smartphone se rapproche du vélo.
Malheureusement, l’absence de blocage complet du moteur n’est pas le principal défaut du système de sécurité de Bosch. En effet, alors que de protections similaires sont inclues avec l’achat de VAE concurrents, l’accessoiriste allemand fait de cette fonction somme tout classique un service payant sous abonnement. En effet, après une période d’essai gratuite de 12 mois, l’eBike Alarm est facturé 3,99 euros par mois ou 39,99 euros par an.
Application : keep the Flow
Le cœur et l’âme du Bosch Smart System, c’est évidemment l’application. Au lancement de son écosystème, l’accessoiriste a même décider de se passer de son application traditionnelle pour tout miser sur la nouvelle, Flow. Celle-ci est un modèle de clarté et d’efficacité. Riche en fonctionnalités elle permet à la fois d’interagir avec son vélo mais aussi de changer son comportement. En effet, il est possible par exemple de doser à sa convenance les différents niveaux d’assistance.
L’application sert également à avoir un aperçu de l’utilisation qui est faite du vélo que ce soit avec l’historique des trajets ou le kilométrage effectué sur chaque mode d’assistance. Enfin, en cas de panne, elle permet de trouver un réparateur à proximité.
Utile et particulièrement bien pensée (ce qui est une exception dans le petit monde des applications de VAE) Flow jouit en plus d’une ergonomie exemplaire. En la matière Bosch a fait de grands progrès par rapport à eBike Connect, son précédent compagnon sur smartphone et c’est salutaire tant l’application occupe une place centrale dans l’utilisation du Smart System.
Verdict
Avec son écosystème connecté Bosch dispose d’une solution unique sur le marché. Certes, son principal concurrent, Shimano, n’a pas à rougir avec des moteurs et des batteries de qualité ainsi que de réels progrès ces derniers temps en matière d’affichage. Néanmoins même s’il parvient à suivre le rythme en termes d’innovations (l’ABS en est le parfait exemple), le japonais ne dispose pas d’un outil permettant de faire le lien entre ces différentes composants. Assurément, c’est l’essence et la force du Bosch Smart System qui s’est construit brique par brique et qui pourrait accueillir dans les prochaines années de nouvelles fonctionnalités. Quant à ce que l’écosystème apporte concrètement en matière de conduite, c’est d’abord la possibilité d’avoir un œil sur l’ensemble des paramètres de son vélo au sein d’une même application. C’est également une source d’informations continue sur sa pratique du vélo et par conséquent, de pistes pour l’améliorer. Déjà en position de force dans l’industrie du VAE, le Bosch Smart System permet à l’Allemand d’assoir son hégémonie durablement.