La 5G n’a pas provoqué pour l’instant d’effet « waouh » dans le grand public. Quelque deux ans après ses débuts commerciaux en France, le nouveau standard de téléphonie mobile n’avait convaincu que 6,2 millions d’utilisateurs au troisième trimestre 2022. Soit 6 % du nombre total de cartes SIM en circulation dans notre pays, selon le dernier décompte de l’Arcep.
Face à cette adoption mesurée, les opérateurs parient sur le marché professionnel pour monétiser leurs réseaux, à travers leurs offres de 5G privée. Comme le nom l’indique, il s’agit de proposer à une entreprise une infrastructure en propre, indépendante du réseau public. Elle dispose d’une qualité de service garantie en termes de débit et de temps latence tout en bénéficiant d’une sécurisation accrue. Des paramètres essentiels pour assurer la couverture d’un site industriel ou d’un entrepôt de logistique.
Une croissance annuelle de 38 %
Moins glamour que les smartphones pliables et déroulants ou les cyber chiens, cette 5G privée a été la star inattendue de la dernière édition du Mobile World Congress (MWC) qui a fermé ses portes ce 2 mars. Opérateurs, équipementiers et providers cloud ont multiplié les annonces dans ce domaine.
Le marché est, de fait, porteur. Selon IDC, il devrait atteindre 8,3 milliards de dollars d’ici 2026 contre 1,7 milliard de dollars en 2021, soit un croissance moyenne annuelle de 35,7 % sur la période. Le cabinet d’études estime que le marché de la 5G privée n’en est qu’à ses balbutiements, les premières expérimentations concernant avant tout le monde industriel.
En France, Alcatel Submarine Networks et ArcelorMittal ont récemment communiqué sur leurs premiers cas d’usage en matière de digitalisation des process et de maintenance prédictive. D’autres acteurs peuvent être intéressés comme les professionnels du BTP pour connecter leurs chantiers ou les énergéticiens pour couvrir leurs réseaux de distribution de gaz ou d’électricité.
Nokia et Cisco font de la 5G privée une priorité
Les futurs convertis à la 5G privée ne manqueront pas d’interlocuteurs commerciaux. Au-delà des opérateurs qui disposent tous d’une offre dédiée dans leur portefeuille, leurs équipementiers sont aussi sur les rangs. Avec son nouveau plan stratégique, Nokia entend se recentrer sur le marché des entreprises et place la 5G privée en bonne place pour les séduire.
Cisco multiplie, des son côté, les partenariats. Avec Intel, le spécialiste des réseaux crée des architectures de référence pour les services 5G privée dédiés à l’internet des objets (IoT). Il s’associe à un autre fabricant de puces, Qualcomm, pour simplifier la gestion et l’orchestration des systèmes de réseaux d’accès radio (RAN) multifournisseurs. Un moyen d’accélérer l’adoption de de la 5G privée en entreprise.
Avec l’opérateur japonais NTT, Cisco entend apporter la 5G privée dans les secteurs de l’automobile, de la logistique, de la santé, de la distribution et de l’administration publique. Sur le marché américain, l’équipementier passe cette fois par ses partenaires Red River et Federated Wireless pour convaincre les autorités gouvernementales du bienfait de la 5G privée.
Hewlett Packard Enterprise (HPE) a été, lui, cherché l’expertise sur le marché. La veille de l’ouverture du MWC, le groupe américain annonçait l’acquisition d’Athonet. Basé à Vicence en Italie, ce prestataire fournit des réseaux mobiles 4G et 5G depuis plus de 15 ans. Il a plus de 450 déploiements à son actif dans des hôpitaux, des aéroports, des ports ou des services publics.
AWS partenaire des grands opérateurs européens
Les providers cloud comptent bien aussi profiter du vent porteur. AWS dispose d’un portefeuille complet de services dédiés aux opérateurs dont des offres de 5G privée (AWS Private 5G) et d’edge computing (AWS Wavelength). Le numéro un mondial du cloud public l’a encore enrichi en annonçant un programme de déploiement et de gestion de réseaux mobiles privés en associant avec des opérateurs partenaires dont Orange, Deutsche Telekom et Telefónica.
Le salon a aussi permis d’évoquer Pikeo, le réseau expérimental de 5G privée d’Orange. A la fois standalone et nativement cloud, il peut être déployé sur l’infrastructure du groupe français, dans le cloud d’AWS ou en mode hybride grâce à AWS Outposts (infrastructure AWS en mode on-premise).
De son côté, Microsoft Azure a annoncé la disponibilité générale de Private 5G Core. Ce service permet de déployer et d’opérer des réseaux 5G privés en périphérie du cloud (edge computing) via la plateforme Azure Arc.
Même les TowerCo lorgnent la 5G privée. Ces sociétés ne se contentent plus de louer leurs pylônes aux opérateurs, elles déploient aussi des antennes dites « actives ». Leader mondial de ce marché, Cellnex entend ainsi se diversifier dans la 5G privée selon Les Echos. Le groupe espagnol a déjà remporté un contrat pour couvrir les lignes de métro 16 et 17 du futur Grand Paris Express.
Enfin, on terminera ce tour d’horizon par un acteur français atypique. Institut de recherche technologique privé, B<>Com a présenté au MWC sa propre solution de cœur de réseau 5G privée, nativement conçue pour le cloud et dont l’implémentation est 100% logicielle.
(function(d, s, id) { var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0]; if (d.getElementById(id)) return; js = d.createElement(s); js.id = id; js.src = "//connect.facebook.net/fr_FR/all.js#appId=243265768935&xfbml=1"; fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs); }(document, 'script', 'facebook-jssdk'));