N’apprenez plus à coder, ça ne sert à rien selon le PDG de NVIDIA

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Jensen Huang jette un pavé dans la mare : savoir coder ne garantira plus un emploi. En effet, pour le PDG de NVIDIA, l’intelligence artificielle va rendre cette compétence archaïque.

Non content d’être le PDG de NVIDIA, c’est-à-dire d’être aux commandes de l’une des entreprises les plus florissantes de ces dernières années grâce à l’emballement autour de l’intelligence artificielle, très friande de ses GPU, Jensen Huang semble aussi rêver d’une carrière de conseiller d’orientation. Il y a une dizaine de jours, à l’occasion du Sommet mondial des gouvernements qui s’est déroulé du 12 au 14 février 2024 à Dubaï, l’homme à la veste de cuir le plus en vogue du moment a en effet tenu des propos inattendus : il a déconseillé aux parents de guider leur progéniture vers l’apprentissage de la programmation.

Jensen Huang l’iconoclaste

Au cours des dernières décennies, la programmation a, globalement, été perçue comme une filière porteuse. C’est bien sûr une activité très large, offrant tout un panel de spécialisations, avec des conditions de travail et de rémunération variables selon les compétences. Mais dans l’ensemble, être apte à coder, en particulier dans certains langages, ouvre pas mal de portes et garantit un bon accès à l’emploi. La donne va changer à l’avenir, à en croire Jensen Huang. La raison ? L’intelligence artificielle, forcément.

Dans la séquence ci-dessous, le PDG de NVIDIA rompt avec une doxa courante depuis 10 ou 15 ans : l’importance d’apprendre aux marmots à coder. Il déclare que ces dernières années, toute personne assise à sa place aurait, dans le cadre d’un tel évènement, insisté sur la nécessité que les jeunes apprissent à programmer ; pas lui.

Pour sa part, Jensen Huang explique que la programmation ne sera bientôt plus une compétence valorisable. Tout simplement parce que l’entreprise qu’il dirige a vocation à mettre au point des technologies qui permettront à tout un chacun de coder, en langage naturel ; en conséquence, les connaissances en programmation deviendront obsolètes. Jensen Huang estime déjà que « n’importe qui dans le monde est un programmeur » ; qu’à terme, l’intelligence artificielle rendra une requête text-to-code aussi perfectionnée qu’un programme codé de A à Z par un humain compétent. Bref, en gros, que l’IA va tuer la programmation.

Déjà l’année dernière, à l’occasion du Computex, Jensen Huang promettait la fin de la « fracture numérique ». Le patron de NVIDIA prophétisait l’émergence d’une nouvelle ère de l’informatique, avec une intelligence artificielle présente partout et transformant nos interactions avec les ordinateurs. Au même titre que les interfaces graphiques unifiées ont démocratisé l’utilisation des PC, nous pouvons effectivement envisager que l’IA fasse de même avec la programmation.

Un avis qui est loin de faire l’unanimité

Vous l’imaginez, tout le monde ne partage pas l’opinion du PDG de NVIDIA. C’est le cas de Patrick Moorhead par exemple, analyste chez Forbes. Il a répondu aux allégations de Jensen Huang via un message posté sur le réseau social X. « Depuis plus de 30 ans, j’entends dire que “XYZ va tuer le codage” et pourtant nous n’avons toujours pas assez de programmeurs […]. L’IA ne va pas mettre fin au codage pendant un certain temps. Elle le met entre les mains d’un plus grand nombre de personnes. Tout comme la publication assistée par ordinateur n’a pas tué la “créativité”, elle l’a simplement développée. »

Pour ajouter un petit aparté empirique, les quelques développeurs avec qui nous avons eu l’occasion d’échanger autour de ce sujet ne se sentent pas – encore ? – menacés par l’IA. La plupart d’entre eux l’utilisent occasionnellement, mais pour des requêtes bien spécifiques. À ce stade, les solutions proposées semblent loin de pouvoir générer un programme complexe et fonctionnel sans intervention humaine. Par ailleurs, les bénéfices de l’apprentissage de l’algorithmique ne se bornent pas à la programmation informatique.

Seul l’avenir nous dira quels seront les impacts de l’IA sur notre manière de travailler. Certains la voient surtout comme une menace, qui causera de nombreuses pertes emplois ; d’autres plutôt comme une pourvoyeuse d’opportunités permettant d’importants gains de productivité.

De fait, pour rester sur notre sujet, une récente étude de Bloomberry portant sur les travailleurs indépendants aux États-Unis révèle que la demande de programmeurs a augmenté depuis la sortie de ChatGPT. Les activités en lien avec la rédaction (- 33 %) et la traduction (- 19 %) ont fortement baissé par contre. Comme quoi, pour le moment, sur le marché de l’emploi, il est toujours plus utile de maîtriser le langage C que le français – ou que l’anglais en l’occurrence.

Évolution offres d’emploi freelance aux États-Unis depuis la sortie de ChatGPT © Bloomberry

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