Les géants du streaming, comme Netflix, Disney+, Apple TV+ ou Amazon Prime Video, sont théoriquement en mesure de contourner la fameuse chronologie des médias en France. Une astuce pourrait en effet permettre d’esquiver le délai réglementaire. Un acteur du marché de la VOD semble d’ailleurs prêt à passer le cap…
En France, la chronologie des médias impose une série de règles aux distributeurs de films, aux exploitants de salles de cinéma, aux plateformes de streaming et aux chaînes de télévision. La loi prévoit un délai réglementaire entre la sortie d’un film au cinéma et sa diffusion sur des chaînes TV ou sur une plateforme de VOD. Il s’agit du seul pays d’Europe à avoir instauré le principe d’une chronologie, hérité des années 1980, pour régir la diffusion de films à la télévision.
Il y a deux ans, la controversée chronologie des médias a été assouplie, en marge de la crise de la COVID-19. La législation permet aux services de VOD de diffuser leurs longs métrages 17 mois après le début de leur exploitation dans les salles obscures. Auparavant, les géants du streaming devaient patienter 36 mois avant de proposer leurs films à leurs abonnés français. Le délai de 17 mois constitue toujours une véritable plaie pour les acteurs de la VOD, comme Netflix, Disney+, Amazon Prime Video ou Apple TV+. Soucieux d’éviter ce délai réglementaire, ils sont nombreux à passer outre la projection de leurs films dans les salles de cinéma. Les métrages sont ainsi directement mis en ligne pour leurs clients.
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Un nouveau visa pour un nouveau film ?
Pour contourner la loi, certaines plateformes de VOD ont néanmoins fini par trouver une petite astuce, indique une enquête réalisée par nos confrères de BFM TV. Afin de proposer un film exploité en salles à leurs abonnés en France, certains acteurs envisagent de proposer une version différente du métrage. Évoquée sous l’appellation de Director’s Cut, cette nouvelle version, plus longue que la version en salles, disposerait d’un autre visa d’exploitation. Aux yeux de la loi française, il s’agirait donc d’un tout nouveau film. Il pourrait alors être diffusé sur la plateforme de Netflix, Disney+, Amazon Prime Video ou Apple TV+ sans enfreindre la chronologie des médias.
Interrogée par BFM TV, une source anonyme proche du monde du cinéma estime que le procédé se situe « dans une zone grise ». Pour que le Centre National du Cinéma (CNC) attribue un nouveau visa d’exploitation, il faut absolument que les deux œuvres soient « différentes, que ce soit le souhait du réalisateur » :
« Il ne faut pas que cette nouvelle œuvre dure dix minutes de plus que l’originale, et que ce soit simplement une volonté de contourner la chronologie des médias ».
Apple est-il prêt à contourner la chronologie des médias ?
L’enquête de BFM TV prend l’exemple de Napoléon, le film événement de Ridley Scott produit par Apple. Sorti dans les cinémas français en novembre dernier, le métrage, qui met en scène Joaquin Phoenix dans le rôle de l’Empereur, s’apprêterait à débarquer sous la forme d’une version Director’s Cut longue de quatre heures. Cette nouvelle version du film comporterait des scènes jamais vues, concernant par exemple le personnage de Joséphine,
Grâce à cette version longue, Apple serait théoriquement en mesure de proposer Napoléon à ses abonnés TV+ dans le monde entier, y compris en France, sans s’encombrer de la chronologie des médias. Actuellement, le film, dans sa version cinéma, est déjà disponible à la location et à l’achat sur Apple TV+ dans le monde. Seuls les clients français n’ont pas accès au long métrage, produit avec l’aide de Sony.
Il se pourrait qu’Apple applique la même logique à Killer of the Flower Moon, un film réalisé par Martin Scorsese, produit par ses soins. Le métrage est disponible partout dans le monde sur Apple TV+, sauf en France. La sortie d’une version longue réglerait là encore le problème. Apple, dont les parts du marché du streaming sont bien moins importantes que celles de Netflix ou Disney+, semble bien placé pour passer le cap. Une autre source anonyme, issue d’une grande plateforme de VOD, pense en effet qu’un « gros acteur comme Netflix ou Disney ne pourrait pas se le permettre », mais qu’un « acteur plus petit, qui ne représente pas une grosse menace pour les salles, comme Apple TV+, pourrait éventuellement le faire ».
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Source :
BFM TV