Le store éphémère de Stranger Things sur les Champs-Elysées à Paris
La France comptabilise plus de 10 millions d’abonnés : tous les observateurs attendaient la confirmation de ce chiffre. Un gain de plus de 3,3 millions d’abonnés depuis fin 2020, date de la dernière communication de Netflix pour la France. Plus étonnant que les 10 millions d’abonnés, le fait que Ted Sarandos explique qu’un foyer représente 5 comptes, soit potentiellement 50 millions d’utilisateurs, soit 75% de la population française. Un leader qui sera difficile à déloger. Qu’on le veuille ou pas, Netflix est un poids lourd de l’audiovisuel français.
La chrono des médias : Netflix a signé l’accord de janvier qui place sa fenêtre à 15 mois, au lieu de 36 précédemment. Mais cela ne convient toujours pas au leader mondial du streaming. En substance, Ted Sarandos déclare dans les colonnes du JDD : « Je pense que le délai approprié est de quelques semaines et non de quelques mois. Il faut s’adapter aux attentes des consommateurs. La France fait figure d’exception dans le monde, mais ce modèle n’est pas soutenable. » Une clause de revoyure est prévue en fin d’année et les discussions professionnelles devraient reprendre en septembre. La petite musique d’une fenêtre à 45 jours (comme aux Etats-Unis) fait son chemin, mais dans ces conditions, adieu aux exploitations traditionnelles comme la TVOD, l’EST, la première fenêtre de pay TV. Le streamer américain voudrait-il réduire la chronologie à sa seule fenêtre ?
Le churn : à 9 jours de la publication des comptes du deuxième trimestre, Ted Sarandos considère que les consommateurs se désabonnement en raison du « contexte inflationniste ». Au churn, il oppose le succès de certaines de ses séries. Mais chacun sait que le nombre d’abonnés ne se compare pas systématiquement aux audiences. Il faudra donc attendre le 19 pour savoir si la « prophétie autoréalisatrice » de la guidance du premier trimestre se réalise, à savoir une perte de 2 millions d’abonnés dans le monde.
La fin du binge watching : franchement la réponse de Ted Sarandos n’est pas claire. On a vu des récentes saisons être découpées en 2 parties (Ozark ou Stranger Things) et la réponse du patron de Netflix est assez évasive : « Nous continuerons d’offrir plusieurs épisodes simultanément aux consommateurs, même si ce n’est pas la totalité. »
La pub : c’est fait. Ce sera une surprise mondiale, puisque « la date n’est pas encore arrêtée. »
La facturation du partage de mot de passe : là aussi c’est fait. Ted Sarandos le confirme. Pour rappel, des tests sont actuellement menés en Amérique du Sud et les premières remontées des consommateurs ont indiqué que cela ne fonctionnait pas forcément très bien. Ce qu’on sait c’est que cela coûtera entre 2 et 3 euros de plus.
Le sport : « ce n’est pas dans notre intérêt » déclare Ted Sarandos. Pourtant Netflix a répondu à l’appel d’offre de la F1 en live pour le territoire américain. Il y a donc fort à parier que Netflix et le sport ce n’est pas fini.
La production en France : avec plus de 10 millions d’abonnés, c’est le CNC qui se frotte les mains. En effet, au-delà des obligations de production de Netflix, estimées à 200 millions d’euros pour 2022, il ne faut pas oublier l’impact des 10 millions d’abonnés sur le montant de la TSV (taxe sur la vidéo de 5,15% sur le chiffre d’affaires hors taxes) qui vient contribuer au fond de soutien du CNC.
A la lecture de cette interview, on comprend que le modèle initial de Netflix est en train de bouger au niveau mondial, mais aussi au niveau local, avec une implication de plus en plus visible sur le financement direct et indirect de la production. Reste à savoir si Netflix arrivera à imposer ses règles du jeu à un marché audiovisuel français qui se tourne de plus en plus vers l’AVOD, faute d’avoir pu se faire une place au soleil du marché de la SVOD.
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