La situation est assez rare pour être soulignée dans un secteur qui génère des milliards d’euros et qui pourtant a la sale réputation de ne pas ménager ses salariés : rares sont les développeurs qui font fortune dans le jeu vidéo.
Lorsque l’on aborde la question du travail dans l’univers du jeu vidéo, il est plus souvent question de salaires faibles, semaines à rallonge, pression managériale, licenciements, crunch… Soit des conditions bien éloignées de celles que l’on peut attendre de grands groupes de renommée mondiale.
Nintendo veut faire figure de bon élève
Nintendo pour sa part profite de bons résultats financiers pour son exercice 2022 et plutôt que de réinvestir dans de nouveaux projets, la firme a souhaité faire profiter ses employés du succès dont ils sont finalement les acteurs principaux.
Même si les résultats sont excellents pour Nintendo, ils restent en baisse par rapport à l’année passée (-4%). Néanmoins, la marque a réussi à limiter la casse. Le géant japonais peut ainsi se payer le luxe d’annoncer une hausse de 10% des salaires de ses employés.
Nintendo a révisé ses objectifs à la baisse : de 210 à 205 millions de jeux vendus sur l’année, et de 19 à 18 millions de Switch écoulées. L’annonce de la hausse des salaires est donc bien plus lourde de sens dans ce contexte : Nintendo souhaite véritablement faire des efforts pour valoriser ses employés.
Une réalité bien moins idyllique
Voilà pour la façade, malgré tout la réalité est un peu plus complexe : le Japon vit actuellement une période difficile avec une importante dévaluation du Yen. Face à cela, Fumio Kishida, Premier ministre du Japon, a fait appel aux entreprises afin qu’elles rémunèrent davantage leurs employés pour lutter contre l’inflation qui fait rage, mais aussi qui fait suite à une longue période de gel des salaires (plus de 30 ans pour certaines sociétés).
On a ainsi vu certaines chaines japonaises réviser les salaires de leurs employés de plus de 40%.
Par ailleurs, cette hausse de salaire sert également une autre problématique : depuis quelques années, les sociétés japonaises ont beaucoup de mal à recruter du fait de salaires trop bas, mais également d’un taux de natalité très faible et d’une immigration quasi inexistante. Cela entraine une pénurie de main-d’œuvre dans tous les secteurs, et la hausse de l’inflation ne fait qu’aggraver la situation : le Japon est loin d’être séduisant aux yeux des travailleurs.