Il sera bientôt possible d’avoir du signal sur la Lune. Plus de quatre ans après le lancement de ce projet fou, Nokia Bell Labs se dit prêt à déployer son réseau cellulaire 4G sur notre satellite naturel. « Après des mois de tests et de validation », les ingénieurs de la division R&D de l’équipementier finlandais et d’Intuitive Machines, société américaine spécialisée dans l’exploration spatiale, se montrent confiants.
Dans un communiqué commun, les deux partenaires indiquent avoir réussi à intégrer le système de communication à la surface lunaire (LSCS) de Nokia à l’alunisseur Athena en prévision de la mission sans équipage IM-2.
Lancé par la Falcon 9 de SpaceX, Athena devrait prochainement se rendre au pôle Sud de la Lune. Après quelque quinze mois de retard, le décollage est envisagé par la Nasa en ce mois de février 2025.
Jusqu’à 300°C de différence entre le jour et la nuit
« De multiples précautions ont été prises » pour s’assurer que le système de communication effectuera en toute sécurité le voyage de 384 400 km qui sépare la Terre de la Lune. Il s’agira tout d’abord de survivre aux contraintes du décollage et de l’alunissage.
Le réseau devra ensuite fonctionner dans un environnement particulièrement inhospitalier. Il est sans atmosphère, donc sans protection naturelle contre le rayonnement cosmique. Et avec des températures pouvant fluctuer jusqu’à 300°C entre le jour et la nuit lunaires.
« Chacun des 14 points de montage est isolé thermiquement pour maintenir le réseau isolé des températures extrêmement basses ». Intuitive Machines a également mis en place un système de protection thermique qui diffuse de la chaleur quand celui-ci est inactif.
La même technologie 4G que sur Terre
Arrivés à bon port, les deux véhicules déployés sur la surface lunaire – le Micro-Nova Hopper d’Intuitive Machines et le rover MAPP (Mobile Autonomous Prospecting Platform) de Lunar Outpost – utiliseront le réseau de Nokia pour établir la communication avec Athena.
Sur ce réseau transiteront :
- Du streaming vidéo en haute définition
- Des communications de commande et de contrôle
- Des données de télémétrie
Les données collectées seront ensuite transmises vers la Terre.
Si Nokia Bell Labs a conçu le LSCS pour répondre aux exigences uniques d’une mission lunaire, celui-ci repose sur la même technologie 4G que celle utilisée par des milliards de terminaux sur Terre. « La technologie cellulaire a irrévocablement transformé la façon dont nous communiquons sur Terre. Il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas faire la même chose pour communiquer sur d’autres mondes. »
Objectif Lune pour les États-Unis et la Chine
IM-2 s’inscrit dans le cadre du programme américain Artemis d’un retour de l’homme sur la Lune. Il n’a plus foulé son sol depuis 1972. Entre autres objectifs, la mission doit cartographier des ressources précieuses sur la surface lunaire. Mais aussi chercher des preuves de la présence de glace, donc d’eau.
Le Micro-Nova Hopper descendra dans des cratères lunaires ombragés en permanence. Il se servira de ses capteurs pour rechercher de grandes concentrations d’hydrogène. De quoi indiquer la présence de dépôts de glace. Le rover MAPP entamera, lui, un voyage de plusieurs jours dans le pôle Sud pour recueillir des images stéréoscopiques et des données environnementales.
Les États-Unis ne sont pas les seuls à repartir à la conquête de la Lune. En juin dernier, la Chine a réussi, pour la première, fois à ramener des échantillons de la face cachée de la Lune. Baptisée Chang’e 6, cette mission d’exploration s’appuie, non sur un réseau 4G local, mais sur des satellites qui servent de relais de communication vers et depuis la Lune.