La consultation publique sur les zones à faibles émissions, menée par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat a rendu son verdict : il est sans appel pour les ZFE-m.
La consultation sénatoriale confirme ce que les associations d’automobilistes et de consommateurs ne cessent de clamer depuis des mois : les Français ne sont pas convaincus par les ZFE-m, les Zones à faibles émissions mobilité. D’ores et déjà en vigueur dans onze métropoles en France, celles-ci sont appelées à se multiplier dans les mois et années à venir. Les résultats de la consultation publique menée par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat vont-ils faire infléchir le gouvernement sur cette épineuse question ? En effet, le verdict de la consultation réalisée auprès de 51 300 personnes est sans appel : 86 % des particuliers et 79 % des professionnels interrogés se disent « plutôt ou tout à fait opposés » aux ZFE. Deux arguments reviennent régulièrement, ceux qualifiant leur instauration de « mesure technocratique » ou créant « de l’exclusion sociale pure ».
« Ce “succès” témoigne des nombreuses inquiétudes que ce dispositif génère chez les Français, même s’il s’agit d’une consultation basée sur le principe du volontariat et non d’un sondage représentatif », a expliqué le sénateur des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot (LR), rapporteur de la mission de contrôle sur les ZFE qui doit rendre ses conclusions mi-juin. La consultation en ligne était ouverte à tous entre le 17 avril et le 14 mai, néanmoins un élément ressort lorsqu’on regarde le profil des personnes qui se sont exprimées : 24 % des participants à cette consultation habitent dans une ZFE ou à proximité.
Fracture sociale… et territoriale
Selon les avis recueillis, le principal frein au déploiement des ZFE réside dans le prix d’achat des voitures dîtes « propres ». Celui-ci est jugé trop élevé pour 77 % des participants à la consultation. Cet argument arrive en tête devant deux autres préoccupations : la mauvaise accessibilité des métropoles depuis les zones péri-urbaines et rurales et la faiblesse de l’offre de transports en commun qui auraient pu constituer une alternative. Ce sont, entre autres, ces raisons qui expliquent que malgré la menace d’une amende de 68 euros, 83 % des particuliers n’envisagent pas de changer de véhicule s’ils sont à proximité d’une ZFE.
De manière générale, un autre enseignement s’impose à la lecture du rapport sénatorial. Plus les personnes ayant exprimé leur avis résident loin d’une agglomération, plus ils sont réfractaires à la mise en place des ZFE. Ainsi, seuls 8 % des habitants des communes rurales sont favorables à leur instauration, contre 23 % des habitants des centre-villes.
Quelques propositions pour apaiser les tensions ?
« On ne peut pas ne pas prendre en compte les chiffres que l’on a, mais on ne peut pas ne pas prendre en compte l’impératif de santé publique », a estimé Philippe Tabarot, pour qui il y a une « désynchronisation entre le calendrier (des ZFE) et l’avancée des alternatives à la voiture ». Le rapporteur de la mission, dans ses premiers éléments de réflexion, encourage à aller vers « du report modal, vers les transports en commun, car 40 millions de véhicules électriques ne régleront pas le problème de la congestion automobile ». Il en appelle également à l’harmonisation des ZFE-m qui ont à l’heure actuelle des fonctionnements différents d’une agglomération à l’autre. « Certaines ZFE-m fonctionnent 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. D’autres uniquement la semaine. D’autres encore uniquement la journée et pas le soir », détaille-t-il. Enfin, il y a la nécessaire question du remplacement des véhicules polluants et des moyens d’y parvenir. L’élu émet par exemple la possibilité de mettre en place un taux zéro pour l’acquisition d’un véhicule propre. Ces premiers éléments seront complétés d’ici à la mi-juin, date à laquelle le rapport final de la mission d’information doit être rendu. Compte tenu des réponses exprimées, il faudra être particulièrement créatif pour convaincre les Français.
Source :
Sénat