C’est un pari risqué que tente CMF. Dans un marché saturé de bracelets connectés et de montres intelligentes low-cost, la sous-marque du trublion de la tech londonienne veut imposer sa patte : le design. La CMF Watch 3 Pro, commercialisée aux alentours de 99 euros (voire 70 euros en promotion), ne passe pas inaperçue. Elle cherche à offrir une alternative stylée aux éternels clones de l’Apple Watch ou aux bracelets sportifs sans âme.
Mais une montre connectée en 2025 ne peut plus se contenter d’être un simple accessoire de mode. Elle doit être un compagnon de santé fiable, un coach sportif précis et une extension efficace du smartphone. Après plusieurs jours passés poignet (et baskets) au pied, voici notre avis complet sur cette montre qui souffle le chaud et le froid.
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Design et finition : la carte de la singularité
Dès le premier contact, on comprend que CMF a voulu soigner l’apparence. La montre joue clairement la carte de la singularité, notamment dans cette version dotée d’un bracelet et d’inserts orange, qui tranche radicalement avec la sobriété habituelle du secteur. Pour ceux qui préfèrent plus de discrétion, notons qu’elle est également disponible en coloris « light green, « light grey » et « dark grey ».
Le boîtier présente un design relativement basique, mais efficace, alternant un corps métallique lisse sur les côtés et une finition granuleuse tout autour du cadran. C’est propre, c’est net et cela donne une petite touche industrielle assez plaisante à l’œil. La molette située en haut à droite du boîtier est soulignée par un point de couleur orange, un rappel visuel signature de la marque qui ajoute une touche de cohérence à l’ensemble.
Cependant, les concessions tarifaires se font sentir dès qu’on manipule l’objet d’un peu plus près. Si le corps principal est bien métallique, le dos de la montre est en plastique, trahissant immédiatement son positionnement tarifaire d’entrée de gamme. Ce n’est pas dramatique, mais cela casse un peu l’illusion premium que le design tente d’instaurer.
Au poignet, le bilan ergonomique est contrasté. D’un côté, son poids de 52,4 grammes se fait plutôt discret, ce qui est un bon point pour une utilisation quotidienne. De l’autre, son épaisseur de 1,45 centimètre est conséquente. C’est une montre qui a un peu de mal à passer sous la manchette d’une chemise ajustée, créant une boursouflure disgracieuse. Heureusement, le bracelet en silicone fourni est plutôt agréable à porter, même sur la durée.
Enfin, notons que la montre est certifiée IP68. Cela lui permet d’être utilisée pour des exercices de natation en surface sans crainte, mais attention, elle n’est pas conçue pour la plongée.
Qualité d’écran et ergonomie : le jour et la nuit
L’écran est souvent le point faible des montres à petit prix. Ici, CMF propose une dalle AMOLED de 1,43 pouce qui, de prime abord, est de bonne facture. Avec une définition de 466 x 466 pixels et une résolution de 326 ppi, l’affichage est fin et les informations sont nettes. Les couleurs claquent, comme on peut s’y attendre avec de l’OLED.
Cependant, cette dalle souffre d’un défaut majeur qui pénalise l’expérience utilisateur au quotidien : sa gestion de la luminosité. La luminosité maximale reste très limitée, plafonnant à 670 nits. C’est insuffisant. De quoi la rendre peu lisible en plein soleil, obligeant souvent à plisser les yeux ou à faire de l’ombre avec sa main pour consulter l’heure ou ses stats de course.
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Le problème inverse se pose également. Dans l’obscurité, la luminosité ne baisse pas suffisamment pour réellement se faire oublier. Si vous gardez la montre au lit, l’écran peut s’avérer éblouissant au milieu de la nuit. Heureusement, l’écran peut être désactivé ou configuré en mode « always on », permettant à l’heure de rester toujours lisible même lorsque l’écran n’est pas activé.
Une navigation classique mais efficace
Côté commandes, CMF ne réinvente pas la roue et propose une navigation classique qui ne déroutera personne. Tout s’articule autour de l’écran tactile et de la couronne :
- un appui sur la couronne permet d’afficher la liste des applications ;
- un glissement du doigt vers le bas de l’écran ouvre le menu des raccourcis ;
- un glissement vers le haut dévoile les notifications ;
un glissement vers la droite ou la gauche permet de naviguer entre les widgets d’applications (exercices, sommeil, musique, etc.).
L’interface est réactive et l’on apprécie la possibilité de commander la lecture de musique directement depuis le poignet, même si cette fonctionnalité est limitée uniquement à la musique jouée depuis le smartphone connecté (pas de stockage interne pour des playlists hors ligne).
Application et connectivité : l’atout Nothing
Si le matériel montre quelques limites, la partie logicielle est une franche réussite, prouvant que l’héritage de Nothing est bien là. La montre utilise une connexion Bluetooth 5.3 pour communiquer avec le smartphone.
L’application compagnon, Nothing X, est toujours aussi agréable à utiliser. Là où de nombreux concurrents chinois proposent régulièrement des applications mal traduites ou fouillis, Nothing offre une interface claire, épurée et très visuelle.
L’application est intelligemment divisée. Un onglet « Mes appareils » permet d’accéder à tous les réglages techniques de la montre : gestion des widgets, choix des applications pouvant envoyer des notifications, personnalisation des modes sportifs, galerie de cadrans, etc.
Pour le suivi physique, tout se passe dans l’onglet « Santé ». Il regroupe toutes les données récoltées par la montre, aussi bien au long cours (nombre de pas, fréquence cardiaque, taux d’oxygène sanguin, analyse du sommeil, niveau de stress) que les résumés détaillés durant les exercices (distance, cadence, etc.). Tout est là et bien là. L’application est complète et regroupe tout au même endroit, évitant la pénible gymnastique de devoir jongler entre plusieurs applis pour gérer les paramètres et voir ses stats. C’est un modèle d’intégration dont certains géants devraient s’inspirer.
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Sport et santé : le GPS perd le Nord
C’est ici que le bât blesse le plus. À ce tarif de 100 euros environ, la présence d’un GPS intégré est un argument de poids, théoriquement indispensable pour aller faire du sport sans avoir à transporter son encombrant smartphone dans une poche.
Sur la fiche technique, CMF vend du rêve avec un système double bande et une compatibilité étendue (GPS, GLONASS, Galileo, QZSS et Beidou). On s’attendait donc à une précision correcte. La réalité est tout autre : la puce ne fait pas de miracles sur cette montre d’entrée de gamme.
Nos tests sur le terrain ont été sans appel. Sur un simple trajet de marche en environnement péri-urbain relativement dégagé — donc des conditions idéales pour un GPS — on remarque plusieurs écarts significatifs par rapport à la cartographie d’origine, même sur des portions en ligne droite.
Le constat s’aggrave dès que l’on compare les données. Sur ce simple exercice d’à peine plus d’un kilomètre, la montre CMF affichait déjà un écart de plus de 10 mètres à l’arrivée par rapport à notre Apple Watch Series 10 de référence. Même constat sur des trajets plus longs en environnement purement urbain entouré d’immeubles : la montre a cette fâcheuse manie de zigzaguer sur la carte, ce qui a pour conséquence d’allonger sensiblement les trajets enregistrés et de fausser votre allure moyenne. Pour un coureur régulier qui cherche à progresser, ces données ne sont pas assez fiables.
Un cardiofréquencemètre qui n’aime pas trop le fractionné
Côté mesure de la fréquence cardiaque, le bilan est un peu plus nuancé. Le capteur s’avère précis au quotidien pour le suivi de santé global ou pour des activités d’endurance à rythme constant. En revanche, il n’aime pas les variations brusques d’intensité. Lors d’un exercice fractionné, il a un peu de mal à suivre les montées et descentes rapides du rythme cardiaque, affichant un temps de latence qui peut être gênant pour l’entraînement ciblé.
La montre est pourtant généreuse en options : ce sont en tout 131 sports qui sont proposés. Une fonctionnalité bienvenue permet de sélectionner ceux affichés sur la montre directement depuis l’appli Nothing, ce qui évite de naviguer des heures sur le petit écran de la montre pour trouver le bon mode d’activité avant de se lancer.
Autonomie : la bonne surprise
S’il y a un domaine où la CMF Watch 3 Pro ne déçoit pas, c’est bien celui de l’endurance. Avec sa batterie de 350 mAh, elle est taillée pour durer. Pour vérifier les promesses du constructeur, nous avons soumis la Watch 3 Pro à un protocole de test d’autonomie exigeant. Nous ne l’avons pas épargnée : activation de tous les suivis de santé en continu, mode écran « always on » activé en permanence, port de la montre durant le sommeil et réalisation de 3 exercices sportifs d’environ 30 minutes.
Malgré ce rythme effréné, l’autonomie de la montre a été de 4 jours pleins. C’est un excellent résultat, à peine en dessous de ce qu’annonce le constructeur dans le cadre d’une « utilisation intensive » (qui promet 4,5 jours). Pour l’utilisateur moyen qui désactivera peut-être l’écran Always On ou espacera les séances de sport, la semaine d’utilisation est largement envisageable.
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Une fois la batterie à plat, la montre se recharge grâce à un câble propriétaire fourni (attention, le bloc chargeur n’est pas inclus). Il faut compter environ 1 h 30 pour refaire le plein complet, ce qui reste dans la moyenne acceptable du marché.
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