nouvelle faillite, le géant BlockFi s’effondre à la suite de FTX

nouvelle faillite, le géant BlockFi s'effondre à la suite de FTX


Une nouvelle faillite vient de frapper l’industrie des cryptomonnaies. Emportée dans l’effondrement de FTX, la plate-forme de prêts BlockFi vient de mordre la poussière. La société a montré ses premiers signes de faiblesse dès le printemps 2022.

Chanpgeng Zhao, PDG de Binance, l’avait prédit : d’autres acteurs du monde des cryptomonnaies vont disparaître dans un avenir proche. Interrogé par Bloomberg TV peu après l’effondrement éclair de son rival FTX, l’entrepreneur sino-canadien déclarait :

« Je m’attends à ce qu’il y ait un effet de contagion. Chaque fois qu’un grand acteur tombe, en particulier une plate-forme d’échange, il y a beaucoup d’autres individus ou institutions qui ont de l’argent sur la plate-forme ». 

Comme on le craignait depuis plusieurs semaines, BlockFi, une plate-forme de prêt de cryptomonnaies, vient de se déclarer en faillite aux États-Unis. En miroir de FTX, la société se place sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Sous la houlette des tribunaux, la plate-forme, qui comptait encore 650 000 clients, va chercher un accord financier avec ses créanciers. Les retraits restent complètement bloqués jusqu’à nouvel ordre. Sans surprise, les services de BlockFi, dont les prêts en devises numériques, sont suspendus.

Avec l’aide des tribunaux du New Jersey, BlockFi s’engage à « stabiliser son activité et donner à la société la possibilité de conclure une transaction de restructuration complète qui maximise la valeur pour tous les clients et autres parties prenantes ». En parallèle, la firme va considérablement réduire ses effectifs pour baisser les coûts, tout en conservant « les fonctions critiques de l’entreprise » au cours du processus de faillite. BlockFi révèle détenir 256,9 millions de dollars de liquidités pour « soutenir certaines opérations pendant le processus de restructuration ».

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BlockFi pointe du doigt le désastre FTX

Fondée en 2017, la société attribue ouvertement ses nouvelles difficultés financières à la déroute de l’empire FTX. Quelques heures après le dépôt de bilan de l’exchange le 11 novembre dernier, BlockFi avait d’ailleurs pris la décision de suspendre les retraits. Comme FTX, la plate-forme a rencontré une crise de liquidités. Il était impossible de rembourser tous les utilisateurs en cas de retraits massifs. BlockFi admettait avoir « une exposition importante à FTX et aux entités morales associées ». En clair, une partie des actifs du groupe se trouvait sur la plate-forme FTX. Les cartes bancaires proposées par BlockFi ont été désactivées dans la foulée.

« Suite à l’effondrement de FTX, l’équipe de direction de BlockFi et le conseil d’administration ont immédiatement pris des mesures pour protéger les clients et la société », avance Mark Renzi, conseiller financier de BlockFi.

Notez cependant que BlockFi a enregistré de fortes turbulences dès le premier semestre de l’année 2022. Très affectée par la mort de l’écosystème Terra et du stablecoin UST, la plate-forme a survécu plusieurs mois supplémentaires grâce à FTX, qui se présentait alors comme le sauveur de la cryptomonnaie. Fin juin, BlockFi a en effet négocié une ligne de crédit de 250 millions de dollars auprès de FTX. Quelques semaines plus tard, la plate-forme Sam Bankman-Fried a ajouté 150 millions à l’accord, polissant son image de chevalier blanc de l’industrie. Maintenu sous perfusion par FTX, BlockFi a évité une grave crise de liquidités jusqu’à fin novembre, bien que de nombreux clients aient retiré leurs fonds dès le début de l’été.

Comme le souligne le spécialiste de la blockchain LookOnChain, la faillite de BlockFi n’est pas entièrement imputable à FTX. Les origines de la banqueroute remontent au printemps. Quelques mois plus tôt, le fonds 3AC, basé à Singapour, s’est brutalement effondré dans le sillage de l’UST. Or, BlockFi avait prêté d’importantes sommes au fonds en amont du krach du marché. En parallèle, la société a fait l’erreur d’investir dans le Grayscale Bitcoin Trust (GBTC) pour faire du profit avec des rendements élevés. Il s’agit du plus important véhicule d’investissement crypto pour les institutionnels. Par le biais de celui-ci, l’entreprise Grayscale permet aux acteurs institutionnels d’investir dans le Bitcoin dans en détenir eux-mêmes. C’est Grayscale qui se charge de la conservation. Suite à une baisse de la demande, et l’apparition d’inquiétudes au sujet de la gestion de Grayscale, le GBTC a perdu une grande partie de sa valeur… contribuant à aggraver la santé financière de BlockFi.

TradingView

D’après des documents judiciaires, BlockFi doit 1,3 milliard de dollars à ses 50 plus grands créanciers. Devant les tribunaux, la société annonce plus de 100 000 créanciers et entre 1 milliard et 10 milliards de dollars d’actifs et de passifs. Les détails des comptes de BlockFi seront connus dans les semaines à venir.

La fin des plates-formes centralisées ?

Après la déroute consécutive de FTX, Celsius et de BlockFi, les plates-formes d’échange centralisées (CEX), qui gèrent les clés privées et les cryptomonnaies de leur clientèle, semblent être progressivement désertées par les investisseurs. Selon les données blockchain de CryptoQuant et Glassnode, les usagers ont massivement retiré leurs crypto-actifs des plates-formes peu après l’explosion de FTX.

« Nous avons enregistré un retrait des tokens des exchanges à un rythme vraiment historique. […] Les deux principaux actifs crypto, BTC et ETH, sont retirés à des taux historiques », déclare Glassnode dans un rapport publié fin novembre.

Face à la tempête qui souffle sur l’industrie, de nombreux investisseurs préfèrent rapatrier leurs avoirs sur des portefeuilles physiques (Ledger, Trezor…) ou des wallets numériques non custodial, comme Metamask. Dans ces cas-là, l’acheteur détient lui-même ses clés privées. Certains observateurs s’attendent aussi à ce que les plates-formes centralisées, comme Binance ou Crypto.com, soient devancées par les services décentralisés (DEX), comme Pancake Swap ou Uniswap. Hosam Mahmoud de CryptoCompare table d’ailleurs sur « une adoption accrue des DEX dans les mois à venir ».

Néanmoins, il est encore trop tôt pour prophétiser la disparition des services centralisés. D’après les analystes de la banque JP Morgan, les bourses centralisées continueront à représenter la majorité des transactions en cryptomonnaies. Selon les experts financiers, les plates-formes décentralisées ne sont pas encore assez matures pour une adoption à grande échelle.

« Bien qu’il y ait eu une certaine augmentation de l’activité globale de trading de cryptomonnaies sur les DEX au cours des dernières semaines, cela reflète plus probablement l’effondrement des prix des cryptos suivi des liquidations automatiques provoquées par la chute de FTX », estime JP Morgan dans un rapport relayé par CoinDesK.

Source :

The Block





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