Nvidia, un empereur face aux premiers doutes sur l’intelligence artificielle

Nvidia, un empereur face aux premiers doutes sur l’intelligence artificielle


Le mât jaune et rouge, dressé au milieu du parking de la zone commerciale, brille comme un phare pour les automobilistes américains. A toute heure du jour et de la nuit, il y a toujours un restaurant Denny’s pour accueillir les visiteurs affamés. Mais celui de Berryessa Road, dans l’est de San José, en Californie, est devenu le plus célèbre du pays. On y trouve pourtant les mêmes tables, chaises et canapés rouges surannés que dans le millier d’autres restaurants de la chaîne aux Etats-Unis. Dans un coin discret, au-dessus de la banquette d’angle, une plaque toute fraîche prévient : « Cet emplacement a vu naître une société à 1 000 milliards de dollars [916 milliards d’euros, au cours actuel]. Félicitations Nvidia ! Qui aurait pensé qu’une idée lancée ici changerait le monde ? »

Le héros de cette histoire, Jensen Huang, cofondateur et PDG de l’entreprise Nvidia, est venu en personne, le 26 septembre 2023, saluer ce modeste rappel de ses débuts laborieux, comme pour mieux graver sa légende. « J’ai commencé comme plongeur chez Denny’s », rappelle-t-il souvent dans ses interventions, souvenir de ses années étudiantes. Maintenant, les chaînes de télévision se bousculent pour le recevoir. Il faut dire qu’avec Elon Musk il est la personnalité la plus en vue de la Silicon Valley. L’une des plus riches, aussi. Car sa société, dont il possède 3,5 % du capital, ne vaut plus 1 000 milliards de dollars (906 milliards d’euros) en Bourse, comme indiqué sur la plaque, mais plus de 2 500 milliards. Le 18 juin, elle a même dépassé Microsoft et Apple, à l’altitude extrême de 3 300 milliards de dollars, pour devenir brièvement la firme la plus chère du monde.

Pourtant, Nvidia ne produit ni smartphones, ni ordinateurs, ni logiciels, juste des cartes électroniques. Mais celles-ci sont magiques. Elles sont les clés d’entrée dans le monde inquiétant et fascinant de l’intelligence artificielle (IA). Par leur vitesse de calcul et leur souplesse d’utilisation, elles sont pour l’instant sans égales sur le marché. Résultat, quand Microsoft, Google ou Amazon ont décidé, en 2023, d’investir des dizaines de milliards de dollars dans des centres de données destinés à entraîner les modèles d’IA, comme le robot conversationnel ChatGPT d’OpenAI, ils n’ont pas eu d’autre choix que de frapper à la porte de Nvidia. Et leurs milliards sont tombés directement dans la poche de la compagnie de San José.

Sur l’année 2023 (exercice fiscal clos fin janvier), ses ventes ont bondi de 126 %, à 61 milliards de dollars, et son bénéfice net a frôlé les 30 milliards. Du jamais-vu dans le monde austère des fabricants de puces, ni même dans la technologie en général. Intel, aux temps glorieux de son monopole sur les PC avec Microsoft, n’a jamais atteint une telle performance. Pas plus qu’Apple en pleine frénésie de l’iPhone. A tel point que les analystes sont perplexes devant un tel engouement : feu de paille, bulle ou changement d’époque ?

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