C’est le rendez-vous incontournable des amateurs de Bitcoin depuis 2020. Comme tous les ans, la conférence Surfin Bitcoin a pris place au casino municipal de Biarritz. Cette cinquième édition, marquée par l’adoption progressive des cryptomonnaies auprès des investisseurs institutionnels, s’est déroulée du 28 au 30 aout 2024. Pour la deuxième fois, 01Net a participé à l’événement, qui rassemble une foule d’acteurs phares de l’écosystème français tout en tentant d’éveiller l’intérêt du grand public.
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Tout savoir sur le Bitcoin en 3 jours
Organisé par StackinSat, une start-up basée à Biarritz et spécialisée dans l’épargne en Bitcoin, l’événement est très prisé par les entreprises du secteur. Pour beaucoup d’investisseurs et d’entrepreneurs, c’est l’occasion idéale pour réseauter et nouer des contacts clés. Dans cette optique, Surfin Bitcoin est ponctué de plusieurs soirées réservées aux « Very Important Bitcoiners », l’équivalent des VIP.
Par ailleurs, StackinSat cherche à attirer les néophytes et à leur faire découvrir le monde, aussi complexe que fascinant, du Bitcoin, tout en mettant en avant son plan d’épargne. Pour répondre aux exigences de ces deux types de publics différents, la start-up a découpé l’événement en trois journées. Comme nous l’explique Jonathan Herscovici, fondateur de StackinSat, l’ambition de Surfin Bitcoin est d’être « accessible un peu à tous les genres de public ». Pour chaque journée, on a « un discours et un vocabulaire, quelque part, dédié à chaque personne ».
« C’est vraiment un truc qu’on a appris au fur et à mesure des éditions. C’est de cibler l’audience et de donner à manger à tout le monde », déclare Jonathan Herscovici.
La première journée, entièrement gratuite, est taillée pour le grand public. Elle s’est concentrée sur les fondamentaux du Bitcoin, avec la diffusion de documentaires et des présentations sur mesure telles que « Le mirage des gains rapides : Comment éviter les arnaques dans l’univers crypto ? » ou « Bitcoin : Possédez vos clés, possédez votre richesse ». Sur scène, Yorick de Mombynes, magistrat à la Cour des comptes et l’un des principaux défenseurs du Bitcoin en France, est revenu sur les grands principes de la cryptomonnaie avec beaucoup de pédagogie.
Le lendemain, Surfin Bitcoin a mis l’accent sur une question qui fâche les plus fervents défenseurs du Bitcoin : la régulation. Au cours de plusieurs conférences, des experts ont dressé un panorama complet de l’évolution de la régulation des cryptomonnaies, surtout à destination des comptables, des avocats, des responsables et des dirigeants d’entreprises.
Enfin, la dernière journée, qui s’est terminée sur une soirée très festive sur le toit du casino, était consacrée aux aspects plus techniques et économiques du Bitcoin. Des entreprises de premier plan, comme Ledger ou Starkware, ont donné leur point de vue de l‘évolution du protocole Bitcoin, conçu par le mystérieux Satoshi Nakamoto en 2009. Néanmoins, cette dernière journée comprend aussi des conférences qui replacent le Bitcoin dans le monde, avec des thématiques comme « Le Yen, l’Or et le Bitcoin: Stratégies de résilience en temps de crise financière » .
« On essaie d’ouvrir un peu et d’inclure Bitcoin dans le monde et pas juste rester dans un petit entre-soi de Bitcoin avec des œillères », nous confie Josselin Tonnellier, l’autre fondateur de StackinSat et organisateur de Surfin Bitcoin.
En quête d’un contradicteur
Les précédentes éditions de Surfin Bitcoin péchaient par l’absence de contradicteurs. Malgré ses efforts, StackinSat ne parvenait pas à convaincre un économiste de venir défendre son point de vue devant une horde de fervents défenseurs du Bitcoin. Il y a deux ans, un spécialiste avait d’ailleurs posé un lapin à une table ronde censée comparer deux visions de l’économie. L’expert avait été remplacé au pied levé par un autre interlocuteur, plutôt favorable au Bitcoin.
« C’est ce que j’ai toujours voulu faire et cette année, c’est vraiment le cas, c’est d’apporter de la contradiction et du débat. Chaque année, on invite des contradicteurs et chaque année, en fait, ils acceptent et ils ne viennent pas au dernier moment », explique Jonathan Herscovici.
Pour la première fois, Surfin Bitcoin est parvenu à attirer un expert non acquis à la cause du Bitcoin en la personne de Jean-Marc Daniel, un économiste en partie connu pour son opposition aux cryptomonnaies. Au cours d’une table ronde intitulée « La guerre des monnaies : Bitcoin face aux devises », l’essayiste a débattu avec Yves Choueifaty, le dirigeant d’une société de gestion d’actifs qui considère la reine des cryptomonnaies comme une réserve de valeur en devenir.
Une conférence qui évolue
D’année en année, le programme de Surfin Bitcoin est appelé à évoluer, nous ont confié les organisateurs sur la terrasse du casino. Le but n’est pas de ressasser les mêmes poncifs d’édition en édition, bien qu’il soit inévitable de revenir sur les bases du Bitcoin pour faciliter l’entrée des débutants. De l’aveu des dirigeants de StackinSat, « si on refait encore une journée grand public, il y a quand même des chances qu’on redise à peu près la même chose ».
« Le challenge qu’on a aussi avec Surfin, c’est de se renouveler d’année en année et de faire avancer les choses, pas juste se répéter. Il y a toujours des angles un peu différents. On essaie justement de trouver des angles différents, de réagir à l’actualité », détaille Josselin Tonnellier.
Les organisateurs ont identifié deux thématiques importantes qui ont bousculé le Bitcoin au cours des derniers mois, et influé sur l’organisation de l’événement. Sans surprise, le duo nous cite d’abord l’approbation des Exchange Traded fund (ETF) basés sur le Bitcoin aux États-Unis en janvier dernier. Cette décision historique, attendue depuis longtemps par les investisseurs, a d’ailleurs donné un coup de fouet au cours du Bitcoin, désormais stabilisé autour des 60 000 dollars, après un passage éclair au-dessus des 70 000 dollars.
« Les ETF ont sorti un peu Bitcoin du placard. On va dire que ça l’a crédibilisé auprès d’individus qui lui crachaient dessus », résume Jonathan Herscovici.
Ensuite, les fondateurs de StackinSat évoquent « l’introduction de Bitcoin dans le débat politique américain ». Après des années à fustiger la cryptomonnaie, Donald Trump s’est en effet imposé comme un soutien du Bitcoin. L’ancien président, lancé dans une nouvelle course à la Maison-Blanche, s’est engagé à soutenir l’adoption du Bitcoin aux États-Unis.
« Là, maintenant, on est passé à une échelle supérieure. Ce ne sont plus les petits geeks dans la chambre. Le Bitcoin se crédibilise, justement, grâce à ces événements et ces discours. On passe à une autre échelle. Même si le sujet Bitcoin, c’est le même », explique Jonathan Herscovici, soulignant que « les regards sur Bitcoin évoluent extrêmement vite ».
Dans ce contexte, l’organisateur indique avoir remarqué une évolution dans l’approche des autorités municipales de la ville de Biarritz, initialement très frileuses au sujet du Bitcoin. Lors de la première édition, Maïder Arosteguy, la maire de la ville, avait prononcé un discours d’ouverture en occultant massivement le Bitcoin. L’édile n’était plus revenu à l’événement avant cette année. Le discours de cette édition 2024 était sensiblement plus différent, note le fondateur de StackinSat.
« La maire de Biarritz a fait l’ouverture du premier Surfin Bitcoin avec un angle tech, un peu startup. Elle n’avait pas forcément parlé de Bitcoin. Et là, aujourd’hui, par contre, elle a parlé de Bitcoin. Même sans prendre position ou sans être partisan, elle a vraiment montré qu’elle avait compris les enjeux. Et ça, c’est quand même un grand pas en avant », se félicite Jonathan Herscovici.
Un aperçu des innovations en cours
Parmi les grandes nouveautés techniques abordées lors de cette édition, on trouve la scalabilité, à savoir la capacité du réseau Bitcoin à s’adapter à une forte augmentation du nombre de transactions. Pour affranchir la blockchain de ses limites, la communauté de développeurs travaille d’arrache-pied sur des innovations et des solutions. C’est le cas de Starkware, une entreprise israélienne spécialisée dans le développement de solutions de scalabilité pour les blockchains.
Elle travaille surtout sur la technologie de preuve à divulgation nulle de connaissance, c’est-à-dire une technique cryptographique qui permet de prouver l’exactitude d’une information sans avoir à révéler cette information. Selon Abdelhamid Baktha, développeur chez Starkware, cette technologie doit permettre d’améliorer la scalabilité du Bitcoin tout en protégeant la vie privée des utilisateurs. Grâce aux présentations organisées à Surfin Bitcoin, il est possible d’obtenir un aperçu des dernières innovations qui se développent sur le protocole.
Un public toujours frileux
Malgré tous les efforts déployés par StackinSat, le grand public reste assez timide. La journée gratuite n’a pas attiré plus de monde qu’en 2022, alors que le marché était en berne. Les organisateurs revendiquent 900 participants, contre 1000 deux ans plus tôt. La stagnation du cours du Bitcoin, et de l’ensemble du marché crypto, n’est vraisemblablement pas étrangère à la frilosité du public. Notez que l’an dernier, la start-up avait préféré faire l’impasse sur la journée gratuite pour des raisons économiques.
« Sur les journées payantes, on est entre 600 et 700. Ce qui nous fait un total de 1700 participants, sachant qu’on était 2000 en 2022 », révèle Jonathan Herscovici, soulignant « une petite décroissance » du nombre de personnes qui ont payé pour un accès aux conférences (à partir de 100 et 250 euros pour le jeudi et le vendredi).
Sauf surprise, Surfin Bitcoin reviendra pour une sixième édition dès l’été 2025. L’événement devrait à nouveau trouver refuge dans le casino de Biarritz, devenu le symbole du rendez-vous annuel des défenseurs du Bitcoin.
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