On a testé… « Card Shark », les tribulations d’un tricheur dans la France des Lumières

On a testé… « Card Shark », les tribulations d’un tricheur dans la France des Lumières


Vous détestez perdre aux cartes ? Card Shark a une solution imparable pour gagner à tous les coups : la triche. La dernière création du studio Nerial (Reigns), disponible sur PC et Switch jeudi 2 juin, nous propose de devenir l’apprenti d’un fieffé filou qui écume les tables de jeu au milieu du XVIIIe siècle.

Commençant dans une auberge à Pau, cette aventure à la direction artistique impeccable nous embarque dans un tour de France qui passe par des villes qu’on a peu l’habitude de croiser dans les jeux vidéo : Aix-les-Bains, Bergerac, Nancy ou même Gimouille dans la Nièvre – sans compter quelques étapes dans des pays frontaliers. Le studio, britannique mais fondé par un Français, réussit à afficher sa francophilie sans tomber dans la carte postale.

Notre héros est un jeune serveur muet. Cet orphelin voit sa vie basculer quand il rencontre le comte de Saint-Germain, un manipulateur hors pair qui le convainc de truquer avec lui une partie de cartes. Pour le joueur, ce défi se traduit par une épreuve assez simple : il faut verser du vin dans le verre de l’adversaire en inclinant le joystick vers la gauche, tout en mémorisant les cartes les plus fortes de sa main. Ensuite, donner des coups de chiffons dans un sens ou dans l’autre avec le joystick permet d’envoyer des signaux adaptés à l’escroc.

Ce tour est le premier (et le plus simple) d’une série de vingt-huit minijeux. Chaque nouvelle rencontre est l’occasion d’apprendre une technique originale pour dépouiller son adversaire ou pour manier des objets, comme une épée, afin de progresser dans l’histoire. Ces apprentissages mettent à l’épreuve la dextérité du joueur (manipuler les cartes), sa mémoire (retenir la main de l’adversaire) ou ses réflexes (reproduire rapidement une combinaison de boutons qui apparaît à l’écran).

Le jeu de cartes sans partie de cartes

Mais s’il est très facile de manipuler des cartes réelles, reproduire la fluidité des gestes avec une manette (ou un clavier et une souris) peut se révéler laborieux. Orienter le joystick dans une direction ou une autre pour corner, bomber ou décaler une carte dans la pile se révèle parfois déstabilisant.

A chaque nouvelle confrontation, il faut apprendre et répéter de nouvelles combinaisons sans pour autant les confondre avec les précédentes – que l’on tend même à oublier, malgré une succession de tutoriels qui s’avèrent, à la longue, fatigants.

Un apprentissage pourtant crucial, en raison des risques encourus lors des véritables affrontements : en plus d’y perdre sa mise, un tour raté peu susciter les soupçons de l’adversaire, qui se matérialisent par une jauge d’agressivité qui se remplit rapidement au fil de la partie. Lorsqu’elle est pleine, les tricheurs sont démasqués et certains adversaires peuvent les tuer sur-le-champ.

Glisser un second jeu de cartes dans la poche de son acolyte (ou de son adversaire, comme c’est le cas ici) est un stratagème apprécié des tricheurs.

Louis XV nous cache des trucs

Si le concept peine à se renouveler, notre intérêt a tout de même été stimulé par un scénario trépidant et délicieusement ironique. Le comte de Saint-Germain est-il un illuminé ou une fripouille ? Le héros est-il naïf ou benêt ? Le récit met en scène des personnages ambivalents confrontés à d’imprévisibles retournements de situations. Les enjeux deviennent d’autant plus importants qu’ensemble nos héros découvrent l’un des secrets les mieux gardés du royaume.

Les rôles secondaires sont aussi hauts en couleur. Nous croisons en chemin des figures historiques comme Voltaire, esprit libre par excellence, la marquise de Pompadour, maîtresse de Louis XV, ou Casanova que l’on plume juste après une orgie. D’anonymes franchouillards partagent aussi notre table, que ce soit des prêtres encanaillés, des militaires de mauvaise foi ou des Corses passifs-agressifs dont on fait la connaissance dans le maquis.

Lors de cette réunion spirite à Aix-les-Bains, notre personnage apprend les origines du mot « mesmérisé ».

Mais la rencontre la plus intéressante est celle qui nous confronte à la Mort. Les tricheurs ayant l’art de se mettre dans de mauvais draps, nous nous retrouvons souvent face à la Faucheuse. Il faut alors la payer, quand on en a les moyens, ou la duper aux cartes pour revenir parmi les vivants – ce qui n’est jamais bien difficile. Mais gare à ceux qui seraient tentés de capituler face à la Mort : une défaite est synonyme de l’effacement permanent de la sauvegarde. Car si la réussite, pour le tricheur mondain, est avant tout sociale, c’est aussi, pour l’escroc maladroit, une question de vie ou de mort.

L’avis de Pixels :

On a aimé :

  • l’histoire finement écrite, les personnages intéressants et des dialogues subtils ;
  • c’est un régal pour les yeux et les oreilles ;
  • ce n’est pas tous les jours qu’on voyage à Nancy, Aurillac, Vichy ou Gimouille dans un jeu vidéo.

On a moins aimé :

  • des tutoriels du début à la fin ;
  • certains tours sont très peu intuitifs une fois transposés sur la manette (et encore plus ardus au clavier et à la souris) ;
  • les minijeux qui se répètent ;
  • la linéarité globale du scénario.

C’est plutôt pour vous si :

  • vous êtes fan de Barry Lyndon ou adepte des perruques blanches et des bas de soie ;
  • vous cherchez une expérience narrative ;
  • vous voulez mieux comprendre comment les tricheurs s’y prennent pour vous berner.

Ce n’est plutôt pas pour vous si :

  • vous avez une mémoire à très court terme ;
  • vous fuyez les jeux à textes ;
  • vous cherchez un vrai jeu de cartes avec de la stratégie.

La note de Pixels :

Trois as sur cinq.



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