Ce sont deux smartphones apparus cet été et qui sortent de l’ordinaire. Commercialisé le 28 juillet, le Google Pixel 6a arbore une taille plus menue que ses concurrents. Sorti une semaine plus tôt, le Nothing Phone est habillé d’un dos transparent dévoilant cinq bandeaux lumineux, qui clignotent lorsqu’il sonne. Un mobile qui ne laissera personne indifférent, ce qui est l’objectif de cette marque naissante.
Nous avons confronté ces deux étonnants smartphones à trois de leurs meilleurs ennemis coûtant, eux aussi, dans les 450 euros : le Samsung A53, le Xiaomi Redmi Note 11 Pro Plus, et le Realme 9 Pro Plus. Avec des attentes élevées, car, à ce niveau de prix, un mobile se doit d’être irréprochable.
Nous avons capturé une cinquantaine de photos en cinq exemplaires, par temps pluvieux, couvert et ensoleillé. Le Google Pixel 6a est celui qui a commis le moins d’erreurs. Ses clichés nocturnes sont nettement plus lumineux que ceux de ses concurrents. Ses photos diurnes sont irréprochables, et, si quelques-unes peuvent paraître sombres, c’est un choix esthétique assumé, qui peut plaire. A l’opposé, les clichés du Samsung A53 sont plus clairs et accentuent les couleurs, au risque parfois de commettre des erreurs. Des pavés gris, par exemple, peuvent prendre une tonalité légèrement rosée.
En plein jour, le Xiaomi capture de fort bonnes photos, mais la nuit, dans les rues les plus sombres, il peine à atteindre un niveau de luminosité satisfaisant. Quant au Nothing Phone, il commet un peu plus d’erreurs que la moyenne de ses concurrents. Ses clichés sont toutefois rarement franchement ratés. Globalement agréables, on peine à croire qu’ils sortent du premier smartphone d’une toute nouvelle marque. En réalité, Nothing ne part pas de zéro : l’entreprise a été fondée par l’ancien patron de OnePlus, Carl Pei.
Difficile de vider la batterie de ces mobiles en moins d’une journée. Si on les utilise avec modération, on peut espérer qu’ils tiennent un week-end, particulièrement le Realme 9 Pro Plus, plus difficilement le Xiaomi et le Nothing.
Les smartphones de Google et Samsung se rechargent lentement, en une heure et demie environ. A l’inverse, le Xiaomi Redmi Note 11 Pro Plus fait le plein en moins d’une demi-heure. Le Nothing Phone est fourni sans chargeur, mais c’est le seul mobile testé à accepter la recharge sans fil, assez pratique au quotidien.
Aucun des smartphones testés ne brille sur ce plan. La plupart sont habillés d’un pourtour en plastique qui laisse planer une sérieuse inquiétude sur leur résistance aux chocs et à l’usure. A ce niveau de prix, c’est de l’aluminium qu’on attendait, un matériau que seuls Nothing et Google ont adopté. Ces deux smartphones ne rendent toutefois pas une copie parfaite en matière de solidité puisque leur dos est recouvert de plastique, beaucoup moins résistant aux griffes que le verre. Ce plastique est particulièrement exposé aux chocs sur le dos du Google. Ce modèle se rattrape toutefois partiellement grâce à son étanchéité (IP67). Seul le Samsung A53 jouit du même atout.
Côté électronique, le Nothing Phone et le Google Pixel 6a sont équipés de processeurs un peu plus rapides que leurs concurrents. Ils tiendront probablement une ou deux années de plus avant que leurs menus ne ralentissent. A noter que, chez Realme et Xiaomi, il ne faut pas espérer recevoir des mises à jour logicielles de sécurité pendant plus de deux ou trois années, contre quatre ou cinq chez les autres marques.
L’indice de réparabilité du Samsung est le meilleur (8,2). La note du Google (6,4) trahit un accès difficile aux pièces détachées. Nothing est la seule marque à ne pas communiquer cet indice, laissant craindre des soucis de réparation une fois la garantie périmée.
Ces cinq smartphones sont volumineux, voire très volumineux dans le cas du Xiaomi et du Nothing. Leur format XL est trop grand pour loger dans toutes les poches, mais il est devenu la norme. Les usagers les plus adroits parviendront à manipuler ces mastodontes à une main, assez lentement toutefois. Mais beaucoup auront besoin de leur deuxième main pour les piloter, ce qui leur interdira de tenir un sac ou de conduire une poussette en même temps, par exemple.
Le Google Pixel 6a est le moins volumineux des mobiles testés. A défaut d’être réellement compact, c’est le moins pénible à manipuler à une main, ce qui en fait probablement le meilleur choix pour les nomades qui font cent choses à la fois.
Le Google Pixel 6a paye ici sa relative compacité : son écran est un peu moins large, ce qui rend les films et séries un peu moins immersifs. Les textes sont légèrement moins lisibles, un peu comme si l’on avait diminué la taille de la police de caractères d’un ou deux corps. A moins de lire fréquemment des documents A4, ou d’être presbyte non corrigé, on s’en accommodera sans beaucoup de gêne. Cependant, cet écran n’est pas non plus très lisible au soleil, et une poignée d’utilisateurs aux yeux particulièrement sensibles notera que sa fluidité n’est pas parfaite lorsqu’on fait défiler une page Web : il n’affiche que 60 images à la seconde, contre 90 à 120 pour ses concurrents. Bref, l’écran du Google est globalement moins agréable que celui du Samsung, plus large et plus lumineux.
Les smartphones de Google et de Nothing se distinguent par le dépouillement de leur menu. Une sobriété qui s’accompagne, hélas, de plusieurs maladresses. Les icônes de la plupart des applications se ressemblent beaucoup trop pour être distinguées facilement, et les boutons de raccourcis trop simplifiés – la coupure du Wi-Fi est regroupée avec celle des données mobiles, par exemple. Le Nothing Phone ne prend pas toujours la peine d’afficher un bouton retour : on se retrouve parfois piégé sans pouvoir revenir en arrière. Seuls les connaisseurs savent qu’un raccourci gestuel remplace ce bouton : glisser le doigt du bord vers la droite.
L’ergonomie du Xiaomi est diamétralement opposée : il calque ses menus sur ceux de l’iPhone. Les boutons de raccourcis sont regroupés sur un panneau, les notifications sur un autre. Les applications sont rassemblées sur l’écran d’accueil et non remisées dans le traditionnel tiroir d’apps d’Android. Tout cela est clair et pratique, mais Xiaomi surcharge la page d’accueil de dossiers et d’applications obscures, dont certaines doublonnent, troublant ce bel équilibre.
On regrette également le léger manque de clarté des applications Xiaomi, dont les boutons demeurent haut perchés sur l’écran, quand beaucoup de concurrents ont la prévenance de les faire descendre au bas de l’écran, où ils sont plus faciles à atteindre. Avec quelques applications différentes et un peu de ménage, on pourra faire du Xiaomi un mobile limpide, mais, en l’état, il n’offre pas une meilleure ergonomie que les Samsung et Realme, dont l’ergonomie navigue entre les principes opposés de Xiaomi et de Google.
Au petit jeu des réglages et fonctionnalités exclusives, c’est Samsung qui remporte la partie, grâce à son égaliseur audio, à son mode pilotage à une main et à sa complicité avec Windows – on peut contrôler certaines de ses fonctionnalités directement depuis l’écran de son PC. Le Xiaomi se distingue également par sa richesse fonctionnelle, il est notamment équipé d’un émetteur infrarouge qui le transforme en télécommande universelle.
Le Google Pixel 6a dispose de quelques fonctionnalités exclusives liées à son processeur Tensor, mais, selon nos tests, beaucoup sont décevantes. Par exemple, son système de traduction instantanée permet de sous-titrer en français des vidéos et des podcasts, mais le texte bouge en temps réel au point d’être difficilement déchiffrable, et la traduction est hasardeuse.
Le Nothing Phone est le smartphone aux fonctions exclusives les plus pauvres, mais il intègre un gadget particulièrement intrigant : son dos est tapissé de cinq bandeaux de LED qui peuvent clignoter de dix façons différentes, accompagnés de sons rétro modernistes fort réussis. Cela plaira beaucoup à certains, tout en rebutant d’autres utilisateurs.
Il faudra penser à désactiver ces illuminations durant les spectacles et les réunions car leur niveau lumineux est fixe – il ne diminue pas quand l’éclairage ambiant baisse.
Côté musique, seuls le Realme et le Xiaomi intègrent une prise audio destinée aux casques, d’une assez bonne qualité. Les haut-parleurs stéréo du Nothing sonnent très mal, ceux du Google et du Samsung sonnent assez correctement – ils laissent deviner la basse et rendent les voix relativement clairement. Cette qualité compense la faiblesse du Google en lecture vidéo : son écran est légèrement plus petit et moins lumineux que celui de ses concurrents.
Lorsqu’on regarde une série avec ce smartphone, comme avec le Samsung d’ailleurs, ces haut-parleurs peuvent suffire. On est plus tenté de mettre un casque avec le Realme et Xiaomi, et cela devient indispensable avec le Nothing Phone. Ce dernier se rattrape un peu sur le terrain des jeux vidéo : son circuit graphique est le plus rapide, deux fois plus que celui du Samsung, qui ne sera pas éternellement capable de faire tourner les nouveaux jeux 3D gourmands.
Le Google Pixel 6a mérite la première place du podium : c’est un mobile particulièrement polyvalent, très doué pour la photo, plus compact que ses concurrents. Beaucoup d’utilisateurs parviendront à le manipuler à une main quand le besoin s’en fera sentir.
Mais le Samsung A53, vendu 60 euros moins cher, constitue une solution de remplacement tentante. Un peu moins doué pour la photo, il est très polyvalent lui aussi et offre un écran plus agréable, plus lisible, plus lumineux. Son format XL séduira notamment les grands sédentaires qui passent presque tout leur temps au bureau et à la maison.
Les trois autres mobiles testés sont à peine moins recommandables. Le Nothing Phone, vendu exclusivement sur Internet, mérite une mention spéciale. Avec ses bandeaux de LED clignotants et ses sonneries techno nostalgiques, il a une véritable personnalité. Ses concurrents ne peuvent hélas guère en dire autant.