Depuis sa naissance en 1984, la Seat Ibiza s’est forgée une identité singulière dans le paysage automobile européen. Conçue comme la première véritable voiture espagnole moderne, elle a toujours entretenu une relation étroite avec le groupe Volkswagen, dont elle partage depuis longtemps les plateformes et les technologies. Restylage de la cinquième génération d’une lignée à succès, cette Ibiza repose ainsi sur la plateforme MQB A0, commune aux Volkswagen Polo ou Skoda Fabia. Dans sa version FR 1.5 TSI 150 DSG7, elle revendique un positionnement à part : celui d’une citadine polyvalente capable d’allier performance, confort et relative sobriété.
Seat Ibiza : gamme et tarifs
Pour accompagner ce restylage, Seat a pris le pari de considérablement réduire sa gamme et de faire grimper son prix d’accès. La précédente itération proposait 4 niveaux de finition et était accessible à partir de 21 300 euros. Disponible en deux niveaux de finition seulement, la nouvelle vend désormais ses charmes pour un minimum de 21 600 euros.
Pour ce prix d’appel, vous pourrez repartir au volant d’une Ibiza en finition Copa équipée d’un moteur atmosphérique 3 cylindres de 80 chevaux et d’une boîte manuelle à 5 rapports. Pour justifier l’écart de plus de 300 euros avec la précédente version d’entrée de gamme, il faut évidemment se tourner vers la dotation en équipements et reconnaître qu’il se montre relativement généreux. L’auto dispose ainsi de jantes aluminium 16 pouces, de projecteurs et anti-brouillard full LED, d’un régulateur-limiteur de vitesse, d’une caméra de recul, de rétroviseurs rabattables électriquement et chauffants. À l’intérieur, elle s’offre une nouvelle sellerie, une instrumentation numérique revue, un écran multimédia de 8,25 pouces, un volant en cuir, une climatisation, un système audio avec 6 haut-parleurs, un chargeur à induction ventilé de 15 watts et d’un pack électrique complet.
Pour 1 500 euros supplémentaires, le bloc 3 cylindres gagne un turbo, 15 chevaux et un rapport de plus sur la boîte manuelle. Enfin, pour 2 500 euros de plus (soit 25 600 euros au total), sa puissance passe à 115 chevaux et la transmission adopte une boîte automatique à double embrayage DSG à 6 rapports.
La finition supérieure, baptisée FR, démarre quant à elle avec le bloc 3 cylindres de 95 chevaux et est facturée 25 405 euros.

Cette finition supérieure se voit dotée en plus de jantes jusqu’à de 18 pouces, de sièges baquets, d’une climatisation automatique bi-zone, d’un écran multimédia de 9,2 pouces, de l’accès et du démarrage sans clé, et de divers enjoliveurs intérieurs et extérieurs pour évoquer son âme sportive, FR signifiant Formula Racing.
La montée en gamme du 3 cylindres suit la même logique, avec la version 115 chevaux qui nécessite 2 500 euros de plus.
Enfin, notre modèle d’essai, équipé du moteur 4 cylindres 1.5 TSI Evo de 150 chevaux associé à la boîte à double embrayage DSG 7 rapports, se négocie quant à lui contre 30 115 euros.
Design : toujours latin, toujours rationnel
Difficile de reprocher quoi que ce soit à la silhouette de la Seat Ibiza. La marque catalane, fidèle à son approche géométrique, conserve sa carrosserie faite d’arêtes tendues et de lignes nettes. Avec moins d’ostentation qu’une Peugeot 208, elle réussit à paraître à la fois dynamique et compacte. En finition FR, les attributs sportifs ajoutent une dose de caractère : jantes de 18 pouces, châssis légèrement rabaissé, double sortie d’échappement, et nouvelle teinte rouge « liminal » qui vient souligner son tempérament méditerranéen.

Le restylage joue principalement sur les parties avant et arrière, avec notamment un travail sur le dessin des feux de jour et les boucliers. Elle ne grandit d’ailleurs qu’à la marge : un petit centimètre de plus en longueur à la faveur de ce nouveau dessin. La petite ibère mesure désormais 4,07 m.
Le trait de crayon reste cohérent de bout en bout, équilibré dans ses proportions, et finalement plutôt mature : malgré ses années, il demeure plaisant à regarder. Plus expressive qu’une Polo, l’Ibiza se distingue par une élégance sans excès. L’ensemble évoque davantage une petite compacte qu’une simple citadine, et donne le ton d’une voiture qui cherche à dépasser son segment sans renier ses origines.
Vie à bord : consolidation des acquis
L’intérieur de cette Ibiza a bénéficié elle aussi d’un léger restylage. L’ambiance conserve son sérieux et sa qualité perçue. Les plastiques durs d’antan avaient déjà laissé la place à des matériaux moussés agréables au toucher. La planche de bord accueille l’écran central de 9,2 pouces, fluide et correctement intégré, complété par un combiné numérique relativement complet et modérément personnalisable qui fait son petit effet. L’ensemble cependant, n’offre pas la puissance d’un système Google Automotive comme on en trouve sur la nouvelle Clio 6, mais rivalise sans peine avec ceux d’autres concurrentes, que ce soit chez Hyundai, Peugeot, Citroën et on en oublie.

Les commandes de climatisation conservent des boutons physiques, un choix que l’on apprécie pour l’ergonomie qu’il procure. Les sièges, au dessin typé baquet, offrent un maintien latéral convaincant. Ils se montrent fermes, sans se révéler inconfortables sur long trajet.
Pour la connectivité, vous pourrez compter sur Apple CarPlay et Android Auto sans fil et deux prises USB-C à l’avant, mais aucune à l’arrière.
Le poste de conduite inspire confiance : position bien étudiée, volant à méplat de bon diamètre au revêtement cuir agréable à prendre en main, visibilité satisfaisante. L’habitabilité, souvent point fort des modèles de Martorell, reste correcte. Aux places arrière, deux adultes de grande taille voyagent à peu près à l’aise. Le coffre, avec 355 litres, figure dans la bonne moyenne du segment. L’impression générale se rapproche là encore plus d’une compacte que d’une citadine.

Quelques détails trahissent toutefois une conception pragmatique. Certains plastiques secondaires, notamment autour des aérateurs, paraissent fragiles. L’éclairage d’ambiance coloré frôle le gadget. Ces menues réserves ne ternissent toutefois pas l’ensemble homogène et bien pensé pour un usage quotidien.
Moteur : un 1.5 TSI toujours efficace
Sous le capot, le 1.5 TSI de 150 chevaux représente donc le haut de gamme mécanique de l’Ibiza. Ce bloc, largement éprouvé au sein du groupe Volkswagen, combine puissance et relative sobriété. Il utilise pour cela la désactivation de deux cylindres sur quatre lorsque la charge moteur le permet, et adopte une gestion électronique capable de basculer en mode « roue libre » dans certaines phases de décélération.
Sur la route, le résultat surprend par son équilibre. Le moteur délivre ses 250 Nm de couple dès 1 500 tr/min et procure des relances franches, même à vitesse soutenue. L’absence de toute électrification (au moins jusqu’en 2028, selon Seat) a l’avantage de ne pas alourdir l’auto qui ne pèse que 1 230 kilos dans cette version. Cela se traduit par une accélération de 0 à 100 km/h en 6 secondes seulement et une vitesse maxi de 220 km/h. Si la sonorité du 4 cylindres reste discrète et sans caractère particulier, le comportement général inspire confiance.

L’association avec la boîte automatique DSG7 renforce cette impression d’efficacité. Les rapports passent avec douceur en usage normal et la réactivité se montre satisfaisante en conduite dynamique. Seul bémol : le système de gestion électronique, toujours prompt à rétrograder, empêche parfois de maintenir un rapport sur le couple, notamment en mode manuel où le « kick-down » intervient sans prévenir. Rien de rédhibitoire, les adeptes de conduite plus personnalisée opteront pour le mode séquentiel manuel.
Les mesures de consommation confirment le bon travail des ingénieurs. Sur voies rapides, nos essais nous ont menés à une moyenne inférieure à 6 litres aux 100 km, et autour de 7 litres lors de trajets plus enlevés. Des chiffres très corrects compte tenu de la puissance disponible et du style de conduite adopté pour confronter l’auto à sa définition sportive sur les petites routes d’Ibiza (eh oui…) où nous avons pris en mains l’auto.
Au volant : le compromis avant tout
La Seat Ibiza FR se veut polyvalente, et elle l’est réellement. Sur voie rapide, elle montre une stabilité exemplaire. Le châssis, rigide mais pas trop raide, absorbe les imperfections sans dégrader le confort. Même sur les portions les plus dégradées, la voiture conserve son cap avec assurance.
Les routes du réseau secondaire mettent en valeur un équilibre naturel. La direction, précise, transmet correctement les informations de la chaussée. L’arrière se montre neutre, le train avant accroche bien, et les mouvements de caisse restent contenus. L’Ibiza accepte volontiers un rythme soutenu sans se départir de sa rigueur.

Les suspensions raffermies de la finition FR assurent une belle cohésion entre dynamisme et confort. Elles ne cassent pas les vertèbres, même sur chaussée imparfaite. Ce comportement rassurant sur longs trajets en fait une compagne idéale pour un usage mixte : ville, autoroute et route de montagne.
Certes, on pourrait exiger davantage de caractère, un moteur plus expressif, une direction un peu plus communicative. Mais depuis que Cupra est devenue une marque à part entière, la vocation de Seat n’est plus de rivaliser avec les véritables sportives. L’Ibiza FR joue donc davantage la carte d’une philosophie GT plus que GTI.
Bilan : en quête d’identité
Le problème vient peut-être de ce positionnement pas forcément évident à comprendre pour le client qui voit encore dans le badge FR une auto survitaminée, à l’image des Ibiza qui tutoyaient les 200 chevaux voici encore quelques années. Pour l’amateur de performances, elle manquera forcément de mordant, tandis que pour l’automobiliste rationnel, elle coûtera sans doute un peu cher. Pourtant, pour qui recherche une voiture compacte, bien équipée, vive mais civilisée, l’Ibiza FR représente une proposition cohérente.

L’auto est homogène, le moteur, la boîte et le châssis fonctionnent en harmonie. La direction n’a rien d’artificiel, le confort demeure constant, et la qualité perçue n’a rien à envier à la concurrence du segment.
La Seat Ibiza FR incarne ainsi une philosophie à contre-courant : celle d’une petite voiture raisonnable et sérieuse, conçue pour durer plus que pour séduire à tout prix. Dans un marché saturé de promesses ultra-technos souvent décevantes dans leurs réalisations, L’Ibiza mise sur la constance, la cohérence et la maîtrise technique.
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