On a testé… le Zenbook Fold, le prometteur ordinateur à écran pliant d’Asus

On a testé… le Zenbook Fold, le prometteur ordinateur à écran pliant d’Asus


Avec son écran qui se plie comme un magazine, il pourrait s’être échappé d’un film de science-fiction. Il va pourtant bien finir dans les rayons : le Zenbook Fold d’Asus sera commercialisé avant Noël, au prix de 4 000 euros. Si son tarif est fâcheusement antidémocratique, cet ordinateur est tout de même d’un genre nouveau et préfigure peut-être le PC de demain, ou d’après-demain. Nous avons donc vécu et travaillé avec le Zenbook Fold durant deux semaines, le temps de vérifier que son écran pliant n’était pas un gadget.

Un étonnant caméléon

Dans la boîte d’Asus, on trouve un petit clavier mécanique. Lorsqu’on déplie l’écran, on peut poser ce clavier sur sa partie basse, lui donnant l’apparence d’un ordinateur ordinaire. Un PC particulièrement menu toutefois : il loge sur les tablettes de train les plus étroites, permettant d’y travailler quelques heures, grâce à son écran 12,5 pouces et son clavier de taille standard, tous deux relativement confortables.

Le Zenbook Fold tient bien en équilibre sur les genoux.

C’est lorsqu’on déplie l’écran du Zenbook Fold que la magie opère : sa surface d’affichage double. On peut afficher un document A4 en entier, puis un deuxième à côté, sans s’abîmer les yeux. Déplié, l’écran ne mesure pourtant que 17 pouces, mais son format 4/3 assez inhabituel lui confère une hauteur supérieure à la moyenne, comparable à celle d’un écran 21 pouces (16/9e).

On peut déplier l’écran du Zenbook Fold dans un petit espace : un carré de 40 centimètres de côté suffit.

On est tenté de le déplier à la moindre occasion, d’autant que, même dans cette position, il loge dans de petits espaces. Dans un TGV, il se contente de la table séparant les îlots de quatre places. Dans un hôtel, le plus petit bureau lui convient. A la maison, il trouve sa place sur un coin de table. On se surprend à le poser en des endroits étonnants : à côté de soi sur un canapé, sur le bar d’une cuisine, sur une commode, pour travailler debout. L’expérience est si agréable qu’on ressent nettement moins le besoin de lui brancher un grand écran 24 pouces pour travailler plus vite.

Poser l’écran du Zenbook Fold sur un canapé est étonnamment confortable.

Un téléviseur d’appoint

A l’hôtel, il peut se transformer en une tablette géante, et tenir admirablement le rôle d’une TV Oled, à condition de ne pas être presbyte ou de chausser ses lunettes, car calé sur les genoux, il campe à seulement 35 centimètres des yeux. La qualité d’image est excellente, les noirs parfaits, les couleurs riches, le son étonne par sa puissance et sa clarté, même si les basses sont discrètes et saturent vite.

L’écran du Zenbook Fold ne mesure que 17 pouces, mais, si près des yeux, il donne l’impression de regarder une grande télévision.

Ainsi installé, on peut parcourir une bande dessinée ou un magazine dans un grand confort visuel. Mais le Zenbook Fold ne permet pas de jouer à des jeux récents, car le cœur graphique, trop modeste, ne fait tourner de manière fluide que les titres très anciens ou en 2D. Et difficile, hélas, de profiter de cette redoutable machine à loisir plus d’une heure ou deux, car son poids s’avère rapidement inconfortable (1,5 kg sans clavier, 1,8 kg avec).

Le soir venu, de toute façon, la batterie du Zenbook Fold déclare vite forfait. Son endurance varie de cinq à douze heures, selon les usages et la luminosité ambiante (jouant sur la consommation de l’écran). Ces chiffres sont dans la bonne moyenne, mais insuffisants pour un appareil susceptible d’être utilisé du lever au coucher.

La partie inférieure de l’écran du Zenbook Fold peut afficher un clavier « virtuel » une fois qu’il est replié. Il est assez lent à l’usage, mais occupe moins de place que l’écran « mécanique » fourni avec l’ordinateur. Il libère donc un espace d’affichage qui, dans certains scénarios, peut s’avérer pratique.

Quelle solidité à l’usage ?

Son écran souple est fragile, il n’est pas protégé par une épaisse couche de verre. Sa technologie est proche de celle du Samsung Fold, un smartphone pliable qui continue de souffrir de gros points de fragilité, trois ans après son apparition sur le marché.

Lire aussi : Sur les Samsung Fold et Flip, un écran pliable qui se révèle fragile

Mais à la différence du Samsung, l’Asus Zenbook Fold est un ordinateur : il est donc moins exposé aux chocs et à l’usure. Il risque fort peu de chuter, contrairement aux smartphones qui sortent de poche des dizaines de fois par jour. On le pilote moins souvent avec les doigts qu’avec une souris et un clavier (l’usage du stylet est d’ailleurs déconseillé par le constructeur).

Quand on le replie, son écran forme, en son milieu, une pliure moins prononcée que celle d’un smartphone : son arrondi est plus doux, soumettant le sandwich de couches que forme ce type d’écran à des contraintes amoindries. En revanche, son écran peut être soumis à des variations de température brutales susceptibles de rompre l’adhérence entre ces couches, comme un mobile pliable. Asus recommande de le transporter dans la sacoche protectrice (fournie) : ainsi rangé, les chances sont très faibles qu’un objet vienne se coincer entre les deux parties de son écran, un scénario de casse redoutable pour ce type d’afficheur.

Durant le test, le Zenbook Fold n’a pas été ménagé. Il a voyagé à plusieurs reprises dans le panier d’un vélo sur des routes pavées et a déménagé de table cent fois. Mais il est difficile de prédire combien de temps il résisterait à pareil traitement.

Des défauts de jeunesse

A bien des égards, il est très bien pensé. Ses marges épaisses permettent de le déplier facilement, sa charnière se déplie de façon fluide et reste bien en place. Mais son logiciel souffre de plusieurs défauts gênants : la connexion au clavier est capricieuse, la webcam et l’écran restent parfois inclinés à 90o alors que l’on vient de retourner la machine. Espérons pour Asus que ces soucis disparaissent, d’ici à décembre, avant la commercialisation.

D’autres problèmes sont aussi apparus à l’usage. Son clavier n’est pas alimenté : il fonctionne sur batterie et, s’il n’est pas rechargé tous les deux jours, il tombe en panne. Il faut alors le ranimer en le connectant à la prise USB-C de l’ordinateur avec un câble (non fourni). Quant au pied de l’ordinateur, qui n’est pas ajustable, lorsqu’on lance une visioconférence on ne voit que les cheveux des participants. En rusant un peu, le Zenbook Fold se révèle être un outil particulièrement efficace.

Par ailleurs, l’écran de ce PC transformiste n’est pas suffisamment lumineux pour être utilisé confortablement en extérieur, comme beaucoup d’écrans Oled. Et une fois replié, son épaisseur est de 3,5 centimètres – deux fois celle d’un Macbook Air, ce qui le rend pénible à ranger dans un sac.

En conclusion

En dix secondes, le Zenbook Fold se transmute, passant du portable compact à une confortable station de travail et, le soir venu en un téléviseur. Au moins deux familles d’usagers en tireraient un bénéfice évident : les grands nomades et les télétravailleurs vivant dans un logement étroit.

Avant de prendre cet ordinateur au sérieux, il est toutefois préférable d’attendre qu’il « mûrisse » une année ou deux, le temps pour Asus de retravailler quelques détails et pour les utilisateurs de s’assurer que son écran souple encaisse bien les soubresauts du quotidien et, de façon plus générale, que sa conception est durable.

Passé ce délai, la question du prix sera centrale. Peut-on espérer qu’il chute drastiquement ? Pas avant de nombreuses années, à en juger par les tarifs stratosphériques des smartphones pliables, qui ont à peine baissé en trois ans. « Le tarif du Zenbook Fold est justifié, nous ne margeons pas plus sur ce produit que sur d’autres », affirme ainsi au Monde Nicolas Bruckert, chef produit PC chez Asus EMEA.

L’avis de Pixels

C’est plutôt pour vous si :

  • vous cherchez un ordinateur permettant de multiples usages dans un espace réduit,
  • vous êtes d’un naturel impatient et vous avez le goût du risque.

Ça n’est plutôt pas pour vous si :

  • vous n’aimez pas attirer l’attention,
  • à vos yeux, tout appareil doit être pensé pour durer,
  • vous voyagez très peu,
  • votre écran est bien assez grand,
  • vous n’êtes pas ultrariche.



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