Dans le sillon de son navire amiral, l’EX90, Volvo a lancé un véhicule électrique bien plus compact, bien plus abordable et surtout beaucoup plus surprenant. L’EX30, un SUV compact comme les constructeurs en regorgent dans leur catalogue pourrait être bien plus qu’une référence supplémentaire dans le segment B.
Avec un prix de départ de 37 500 euros, un look à tomber par terre et le blason Volvo, synonyme habituellement de qualité, l’EX30 a, du moins sur le papier, tout pour être un franc succès. Et sur la route ? C’est ce que nous avons voulu savoir. Pour en avoir le cœur net, nous avons pris la direction de la Catalogne et sillonné les routes escarpées ainsi que les artères bouchées de sa capitale, Barcelone. Au cours de notre essai, nous avons pu rouler à bord des deux versions de l’EX30. Suffisamment pour pouvoir nous faire une idée assez précise de l’écart qui sépare les deux niveaux de motorisation. C’est également ce qui nous permet d’affirmer que la version propulsion a aujourd’hui notre préférence. Pourquoi ? Vous le saurez en lisant notre test du Volvo EX30.
Une voiture, trois variantes
Le SUV compact de Volvo a été décliné en trois niveaux de finition et deux versions de batterie. Pour résumer, il faut distinguer l’entrée de gamme (la version Single Motor) qui embarque un bloc moteur de 200 kW et une batterie de 51 kWh des deux autres versions, Extended Range et Performance qui partagent la même batterie de 69 kWh mais qui diffèrent en termes de puissance et de couple.
Pour le dire autrement, les versions Single Motor et Extended Range partagent le même moteur mais des tailles de batterie différentes alors que les versions Extended Range et Performance s’appuient toutes deux sur la même capacité de batterie, mais des blocs moteurs différents ce qui fait varier leur prix mais aussi leur autonomie. Si les différences entre les deux versions les plus chères ne nous paraissent pas si importantes, il y a davantage matière à débat entre l’entrée de gamme et une version dotée d’une batterie de grande capacité.
Pour rappel, la version de base de l’EX30 débute à 37 500 euros. La finition intermédiaire, celle qui privilégie l’autonomie grimpe à 45 000 euros. Enfin, la version performance frise les 50 000 euros avec un prix de 49 250 euros.
Un modèle de design et d’épure
Bien qu’il s’agisse d’une affaire personnelle, il est difficile de ne pas apprécier l’esthétique de l’EX30, à condition bien entendu de ne pas lui reprocher son format de SUV. Car pour le reste, l’équipe design de Volvo a mis les bouchées doubles pour que l’EX30 soit à la fois le petit frère ou la petite sœur immédiatement identifiable de l’EX90, mais aussi un véhicule avec sa propre et forte personnalité.
Nous apprécions tout particulièrement certains choix de design comme le fait d’avoir complètement changé l’aspect de la calandre. Il n’est plus question ici de simuler des entrées d’air, le SUV compact assume pleinement sa motorisation électrique et fait le choix des lignes épurées que celui-ci autorise. Les optiques LED sont toujours aussi travaillées, Volvo aime à rappeler leur ressemblance avec le marteau de Thor. Sur le côté, les lignes sont assez proches de celles du XC40 avec des passages de roue marqués et un style assez baroudeur. Enfin, nous avons particulièrement aimé le travail qui a été réalisé à l’arrière de l’EX30. Celui-ci le distingue des autres modèles de Volvo avec une signature lumineuse unique, mais renforce également l’impression de compacité du SUV qui ne mesure « que » 4,23 m.
L’intérieur est lui aussi très épuré, sommaire diraient ses détracteurs, mais agréable à l’oeil. En revanche, l’impression d’élégance se dissipe quelque peu au toucher, la nature des matériaux utilisés n’est pas défaillante, loin de là, mais l’ensemble est tout de même assez éloigné des standards habituels de Volvo. Pour le dire autrement, sur certaines finitions plastiques, nous sommes plus proches de Dacia que de Mercedes, la cible habituelle du constructeur. Le constructeur a fait le choix d’utiliser une grande quantité de matériaux recyclés et si la note écologique est améliorée par certains aspects, la qualité pourrait lui faire défaut, surtout dans le temps.
Volvo a fait le choix de n’utiliser qu’un seul écran, central et au format portrait, comme sur une Tesla Model 3. La planche de bord y gagne en légèreté, ce que le pilote perd en visibilité. En effet, la nécessité de détourner constamment le regard de la route pour bénéficier d’informations aussi basiques que la vitesse n’est pas un argument en faveur de la sécurité. Volvo aurait pu y remédier en dotant son véhicule d’un affichage tête haute et de fait, à l’usage cette option manque cruellement. C’est d’autant plus dommage que côté OS et expérience utilisateur, l’EX30 se classe sans doute parmi les meilleurs élèves du marché. Volvo s’appuie toujours sur la solution intégrée, Google Automotive, mais cette fois, contrairement à ses premières tentatives, le constructeur a fait le choix d’ajouter une surcouche non seulement très agréable à l’œil mais aussi très bien pensée. Les avantages de Google sont évidents. En plus du Play Store qui permet d’ajouter quantité d’applications à son interface, le système s’avère très complet et peut également évoluer dans le temps avec des mises à jour. Le recours au magasin d’applications est également un excellent moyen de compenser certaines faiblesses du système original. Ainsi, il ne faudra que quelques minutes pour remplacer le planificateur d’itinéraire très approximatif de l’EX30, par une application plus pertinente.
Côté ergonomie, il nous semble utile d’ajouter deux précisions. Le SUV électrique de Volvo est l’un des trop rares véhicules électriques à proposer un « Frunk », traduisez un petit coffre à l’avant sous le capot. Idéal pour loger des câbles de recharge, cet espace devrait être une option de base dans toutes les voitures électriques. Enfin, pour ceux qui souhaiteraient en faire un véhicule familial, il faut garder en tête que la compacité globale de l’EX30 se paye sur les places arrière. Elles conviendront à des jeunes enfants, mais deux adultes pourraient s’y sentir à l’étroit, notamment au niveau des jambes.
Mention spéciale en revanche pour la barre de son Harman Kardon qui équipe la finition haut de gamme de l’EX30. C’est le seul élément spécifique aux deux finitions les plus cher et c’est compréhensible tant la qualité est au rendez-vous.
Ces observations valent pour les trois configurations du SUV électrique de Volvo, même s’il est possible d’opter pour plusieurs versions d’intérieur, par exemple. Ce n’est donc pas sur l’argument du design qui nous fait préférer la moins chère des EX30. La différence se fait davantage sur les performances en conduite et sur l’autonomie.
L’EX30 sur la route, ça donne quoi ?
Ses meilleures surprises, l’EX30 les réserve à la route. Le SUV compact de Volvo s’avère très agréable à conduire, souple, réactif, doté d’une accélération démente il est en outre polyvalent. S’il peut parfois prendre un peu de roulis dans les virages, sa souplesse est fort appréciable. Enfin, c’est sans doute l’une des forces de l’EX30, le coup de volant est quasi immédiat et on s’approprie assez vite son gabarit de petit SUV. Dès lors, les balades en ville se font naturellement dans le silence et la quiétude d’un habitacle bien isolé. Sorti du trafic, l’EX30 peut montrer les muscles. Son couple impressionnant (343 Nm de couple dans la version à un moteur, 543 Nm pour la finition performance) fait de le seul véhicule à moins de 40 000 euros capable d’effectuer le 0 à 100 km/h en moins de 6 secondes (5,7 secondes précisément).
C’est d’ailleurs sur ce point que la différence avec la version performance est la plus visible. Avec le bloc moteur de 315 kW, le même exercice est bouclé en 3,6 secondes ! Pour le reste, même s’il y a un ressenti légèrement différent entre les versions propulsion et la transmission intégrale, les sensations de conduite sont finalement assez proches, la version propulsion étant même légèrement plus joueuse malgré sa moindre puissance.
Voici sans doute la raison qui nous fait préférer la version Single Motor de l’EX30 par rapport à la TwinMotor Performance, pourtant 12 000 euros plus chère. Si pour vous la batterie de 51 kWh (344 km d’autonomie WLTP) est suffisante, nous ne pouvons que vous conseiller de porter votre choix sur l’entrée de gamme. À notre humble avis, les deux versions supérieures ne deviennent plus intéressantes que si vous envisagez de voyager avec votre EX30. Pour un usage essentiellement urbain, en tant que seconde voiture du foyer ou si vous ne traversez pas la France pour vous rendre en vacances, l’EX30 à 37 500 euros saura combler tous vos besoins.
Un bémol malgré tout : nous regrettons l’absence de modes de conduite et le peu d’options de récupération d’énergie. Au final, Volvo ne donne que deux choix, celui du mode One pedal ou en roue libre. Dans le premier, on récupère de l’énergie à la décélération, jusqu’à l’arrêt. Dans le second, non.
Autonomie : mieux que que C40 Recharge
Pour son modèle d’entrée de gamme, Volvo a fait valoir la logique de groupe. En effet, la branche suédoise du groupe chinois Geely utilise sur cet EX30, la même plateforme technique que la Smart #1 et la Zeekr X. Au moment de l’annonce du nouveau SUV, la question était donc de savoir si l’autonomie serait meilleure que celle du C40 Recharge, son « grand frère ». Lors de notre essai de ce modèle, nous avions conclu que sa batterie de 75 kWh se déchargeait à un rythme de 22 kWh/100 km, soit une consommation relativement élevée.
Fort heureusement, l’EX30 fait bien mieux et c’est sans doute l’un des arguments principaux de la version d’entrée de gamme. Lors de nos boucles d’essai, la consommation a oscillé entre 15,8 kWh au 100 km pour la version Single Motor et 16,9 kWh au 100 km pour la version performance. Précisons que ces parcours de test étaient essentiellement constitués de trajet urbain et de réseau secondaire, les portions d’autoroute étant très limitées. Aussi, si la consommation observée correspond assez bien aux estimations théoriques du constructeur (344 km ou 445 km, selon la version), elles doivent être nuancées par notre vitesse moyenne assez basse. Notre test ne nous a pas permis de définir avec précision la consommation de l’EX30 sur autoroute, ce que nous ferons sans doute lors d’un prochain essai plus poussé sur cet aspect.
Régulièrement, pour ne pas dire tout le temps, les voitures électriques jugées « abordables »affichent un bilan bien terne lorsqu’elles approchent des bornes de charge rapide. L’EX30 ne tombe pas dans cette facilité et il faut souligner l’effort de Volvo d’avoir doté son véhicule d’une capacité de charge rapide de 150 kW en DC (jusqu’à 175 kW pour les versions avec la batterie de 69 kWh).
Pour le bonus, attendez 2025
Que vaut l’EX30 face à la concurrence ? Pensé pour être l’entrée de gamme électrique de la marque, le SUV compact s’affiche à un niveau tarifaire assez inhabituel de ce que propose Volvo traditionnellement. Or, lorsqu’on regarde attentivement le marché, les véhicules électriques généreusement dotés bien finis et qui disposent de plus de 300 km d’autonomie à moins de 40 000 euros ne courent pas les rues, encore moins si on est à la recherche d’un SUV. À ces arguments déjà intéressants, l’EX30 en ajoute deux autres : sa vitesse de recharge rapide et ses performances sur la route. Si l’on ajoute ces deux critères, la liste des concurrents se réduit comme peau de chagrin. Concrètement, le SUV compact de Volvo n’a que peu de rivaux capables de lui tenir tête. La Tesla Model 3 en est un, mais elle est plus chère. La MG4 est sans doute l’alternative la plus crédible, mais elle devrait perdre le bénéfice du bonus écologique dans quelques semaines. Finalement, l’adversaire le plus sérieux semble être la Mégane E-Tech 100% électrique.
En tout état de cause, l’EX30 aurait pu apparaître comme un best seller en puissance s’il n’y avait pas un hic. Fabriqué en Chine, le SUV du groupe Geely ne sera pas éligible au bonus écologique et donc à une économie supplémentaire de 5 000 euros. Telle sera la situation pour les personnes qui commandent l’EX30 dan les prochains jours ou les prochains mois. Mais Volvo a un atout maître dans sa main qu’il ne pourra jouer qu’en 2025. En effet, la marque du groupe Geely a annoncé qu’elle rapatriait la production de l’EX30 dans son usine européenne de Gand en Belgique. Résultat ? Si l’actuel EX30 n’est pas éligible au bonus, le même modèle pourrait bien l’être dans un peu plus d’un an.
À 32 500 euros pour la version de base et à 40 000 pour la version dotée de 476 km d’autonomie, le dernier né de Volvo affiche un rapport qualité/prix quasi imbattable à l’heure actuelle. Sans le coup de pouce de l’État, il paraît légèrement moins intéressant. Aussi, si vous hésitez à acheter cet EX30, peut-être vaut-il mieux patienter quelques mois.
Verdict du test :
On ne peut reprocher à l’EX30 ce qu’on impute généralement aux voitures électriques. Malgré son format de SUV compact et en dépit de son prix attractif, ce n’est pas une voiture lisse. Ni ses formes et encore moins ses performances sur la route ne permettent de dire qu’il s’agit d’un énième SUV électrique sans saveur. Au contraire, l’EX30 a de la personnalité et des arguments à faire valoir. Est-il pour autant une véritable Volvo ? La qualité des matériaux et l’absence d’un affichage tête haute essentiel pour garder ses yeux sur la route lorsqu’on a pas d’écran d’instrumentation, permettent d’en douter. Néanmoins, compte tenu de son prix ces concessions nous paraissent plus qu’acceptables et ne devraient pas empêcher la Volvo EX30 d’être l’un des véhicules électriques les plus remarquables cette année.