OpenAI, perd toujours des milliards de dollars en frais de fonctionnement. Et il pourrait même avoir du mal à s’imposer dans le paysage des meilleurs programmes d’intelligence artificielle générative.
« La question n’est pas vraiment de savoir quel modèle d’intelligence artificielle est meilleur de 1 %. Je pense qu’ils sont tous très bons », a dit Kai-Fu Lee, spécialiste de l’IA et entrepreneur lors d’une interview.
Et de poser la question qui fâche : « Le modèle d’OpenAI est-il viable ? »
DeepSeek difficile à concurrencer
Selon M. Lee, à mesure que les modèles d’IA « fondateurs » ou « pionniers », tels que GPT d’OpenAI, deviennent des produits de base, il devient plus difficile pour OpenAI de rivaliser avec les modèles économiques moins coûteux, comme DeepSeek AI.
« Vous dépensez 7 ou 8 milliards de dollars par an, vous faites des pertes massives, et voilà qu’un concurrent arrive avec un modèle open-source gratuit » dit M. Lee, en comparant les finances d’OpenAI à celles de DeepSeek AI. « Si l’on considère que les coûts d’exploitation d’OpenAI s’élèvent à 7 milliards de dollars, en 2024, DeepSeek fonctionnera probablement avec 2 % des dépenses d’exploitation ».
« Et DeepSeek est là pour durer. Son fondateur a suffisamment d’argent pour la financer. Et il a réduit le coût de l’informatique d’un facteur de cinq à dix. Avec un tel concurrent, je pense que Sam Altman ne dort probablement pas très bien. »
Bloomberg
L’investissement n’a pas encore été rentabilisé
DeepSeek AI, qui a provoqué un krach boursier en janvier de cette année, est la création d’un fonds spéculatif chinois, et est dirigé par Liang Wenfeng. L’entreprise affirme que son modèle d’IA R1 peut faire ce que fait OpenAI pour un dixième de son prix.
M. Lee, qui a été directeur de Microsoft Research Asia avant de travailler chez Google et Apple, a fondé sa société actuelle, Sinovation Ventures, pour financer des start-ups telles que 01.AI.
La startup de M. Lee fabrique un moteur de recherche d’IA générative appelé BeaGo. M. Lee a déclaré que son entreprise était en train de mettre au point une sorte de « système d’exploitation » qui s’appuierait sur des modèles d’IA tels que le R1 de DeepSeek, en particulier pour desservir la Chine.
L’IA chinoise à l’assaut de la Chine
Ce travail s’inscrit dans les efforts considérables déployés par la Chine pour que le logiciel libre de DeepSeek AI et d’autres modèles tels que Qwen d’Alibaba soient omniprésents dans l’économie chinoise.
Les remarques de M. Lee sur OpenAI s’inscrivent dans le prolongement d’un avertissement économique qu’il lance depuis un certain temps déjà. M. Lee a précédemment souligné que l’économie de l’industrie de l’IA n’est pas viable pour de nombreuses entreprises.
Les entreprises investissent massivement dans les centres de données et les puces de Nvidia pour construire des modèles de plus en plus grands. Mais le coût n’a pas encore été justifié par les bénéfices, dit-il.
Le logiciel libre sera le vainqueur
« Le modèle fondamental est banalisé. Il coûte beaucoup d’argent et il est difficile de le monétiser » croit M. Lee. « Il est clair que la préformation d’un modèle géant s’est consolidée. Il devient évident que le logiciel libre sera le vainqueur, car il est moins cher à fabriquer et à exploiter, comme l’illustre le modèle libre R1 de DeepSeek AI par rapport aux modèles propriétaires tels que ceux d’OpenAI et d’Anthropic ».
M. Lee pense qu’OpenAI et Anthropic sont dans le déni de cette réalité économique. Tous deux « construisent leurs entreprises en pensant qu’ils peuvent construire un modèle propriétaire qui est meilleur que n’importe qui d’autre. Et ils ont été choqués » par l’arrivée de DeepSeek AI.
Interrogé sur l’avenir des modèles de base, M. Lee n’a toutefois pas annoncé la disparition imminente d’OpenAI. « Je pense que la Chine aura trois gagnants et que les États-Unis pourraient en avoir quatre à la fin », dit M. Lee.
ZDNET