OpenAI met enfin de l’ordre dans sa maison. Après des mois de tensions internes et de tractations difficiles avec Microsoft, la société a simplifié sa structure juridique : la fondation à but non lucratif reprend la main sur la filiale commerciale. Un montage censé concilier mission humaniste et intérêts économiques.
Après des mois de négociations houleuses, OpenAI a terminé la refonte et la simplification (relative) de sa structure. L’association à but non lucratif des origines s’était transformée avec le temps en hydre à deux têtes, avec d’un côté une entité à but non lucratif et de l’autre, une filiale commerciale (« for profit ») dans laquelle Microsoft a investi 13 milliards de dollars.
La nouvelle structure d’OpenAI
Succès aidant, les investisseurs ont gagné une influence de plus en plus importante (après tout, ce sont eux qui financent la R&D et les infrastructures), ce qui a abouti à une gouvernance complexe. Le but philanthropique et les intérêts commerciaux coexistaient difficilement, ce qui a abouti au licenciement express de Sam Altman en 2023.
Le même Sam Altman ferraillait depuis un moment pour revoir la structure de l’entreprise, afin de lui donner les assises suffisantes pour poursuivre non seulement ses objectifs commerciaux, mais aussi sa mission première : développer une IA « bénéfique pour l’humanité ». Les relations avec Microsoft en ont d’ailleurs beaucoup souffert.
Pour se sortir de l’ornière, OpenAI a réalisé un grand ménage juridique qui clarifie les positions de chacun. La structure à but non lucratif reste en place. Baptisée OpenAI Foundation, cette entité a toujours le destin de la structure commerciale (OpenAI Group PBC) entre ses mains. Elle détient des parts valorisées à 130 milliards de dollars, ce qui en fait une des fondations les mieux dotées au monde.
Et si la valorisation d’OpenAI Group augmente, les parts détenues par OpenAI Foundation augmenteront d’autant. Pour le dire très clairement : plus OpenAI gagne d’argent, plus la fondation dispose de ressources pour des projets philanthropiques.
OpenAI Foundation annonce dans la foulée un engagement à hauteur de 25 milliards réparti entre deux priorités. D’une part, le financement de travaux en matière de santé et de médecine afin d’accélérer les diagnostics et les traitements. Et d’autre part, développer des solutions pour assurer la résilience des infrastructures publiques (hôpitaux, banques, gouvernements) contre l’IA. Autrement dit, OpenAI va investir pour trouver des solutions aux problèmes posés par… sa propre IA.
Microsoft garde la main… mais un peu moins
Microsoft soutient officiellement cette restructuration, qui consacre la transformation d’OpenAI en « public benefit corporation » (PBC). L’éditeur détient désormais 27 % du capital d’OpenAI Group, la PBC en question. C’est, mine de rien, une reculade de la part de Microsoft, qui possédait auparavant 32,5 % de l’ancienne structure « for profit » d’OpenAI. Mais cette dernière s’engage à acheter pour 250 milliards de dollars de services Azure supplémentaires.
Microsoft lâche donc du lest, car OpenAI a dorénavant la possibilité de collaborer avec d’autres entreprises (ce dont la start-up ne se privait pas), mais les API communes doivent toujours passer par Azure. Microsoft conserve l’exclusivité sur les grands modèles IA d’OpenAI et se donne le droit de poursuivre le développement de l’IA générale (AGI) seul ou avec d’autres partenaires.
L’AGI était un des nœuds du conflit entre les deux entreprises. À l’origine, OpenAI avait négocié pour défaire les liens avec Microsoft dès qu’elle atteignait ce qui ressemble toujours au Graal du secteur. Cette clause est complètement réécrite : maintenant, l’AGI devra être certifiée par un panel d’experts indépendants, et non plus décidée unilatéralement par OpenAI — c’est aussi une manière de pousser l’AGI aux calendes grecques.
Ce montage vise à réconcilier la mission « humaniste » des débuts d’OpenAI avec la réalité d’un groupe devenu l’un des acteurs les plus puissants de l’IA mondiale, tout en maintenant Microsoft solidement arrimé au centre du dispositif. Quant aux utilisateurs, cette réforme ne change rien dans l’immédiat. ChatGPT, Dall-E, Sora et les autres services d’OpenAI continuent de fonctionner comme avant. Il s’agit surtout de stabiliser OpenAI économiquement, politiquement et juridiquement.
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Source :
OpenAI