Tout ça pour ça. Après avoir tenté pendant des mois et des mois de devenir une entreprise purement commerciale, OpenAI a finalement décidé de conserver son statut hybride — et de laisser l’entité non lucrative conserver la mainmise sur le versant à but commercial du groupe. Une décision qui intervient après la pression de nombreuses voix critiques, dont celle du cofondateur d’OpenAI, un certain… Elon Musk.
Depuis 2019, OpenAI fonctionnait selon un modèle hybride : une organisation à but non lucratif contrôlant une entité dite à profit limité (« capped-profit LLC »). Cette structure complexe permettait d’attirer des investisseurs tout en préservant une mission d’intérêt général. Cette entité commerciale va finalement devenir une Public Benefit Corporation (PBC), c’est-à-dire une société à but lucratif mais engagée envers une mission publique.
OpenAI plie face aux critiques
Très concrètement, cela signifie que le conseil d’administration de l’entité à but non lucratif — celle-là même qui avait viré Sam Altman en novembre 2023 (il a été réintégré depuis) — conserve le contrôle d’OpenAI. La nouvelle PBC comptera l’organisation à but non lucratif comme un actionnaire important.
Le gros changement dans cette histoire, c’est que le mécanisme de rendement plafonné est abandonné : les investisseurs et employés détiendront des actions classiques, sans limite de plus-value. Jusqu’à présent, les investisseurs dans la filiale commerciale pouvaient réaliser jusqu’à 100 fois leur mise initiale, ce qui parait déjà bien juteux. Au-delà, tous les bénéfices supplémentaires devaient revenir à l’entité non lucrative qui contrôle OpenAI.
Mais la folie dans le secteur de l’IA est telle que ce plafond de verre a explosé. OpenAI le juge inadapté dans un contexte où plusieurs entreprises développent des IA très avancées en parallèle. D’où le passage à une structure plus classique de type PBC avec des actions ordinaires.
Ce Meccano capitaliste vise à lever plus facilement des fonds, possiblement des centaines de milliards, voire des milliers de milliards de dollars, nécessaires selon Sam Altman pour déployer l’AGI (intelligence artificielle générale) à grande échelle.
Dans une lettre adressée aux employés, le CEO rappelle que la mission de l’entreprise reste inchangée : faire en sorte que l’intelligence artificielle générale (AGI) bénéficie à toute l’humanité. « Nous voulons publier en open source des modèles très puissants », écrit-il. « Nous voulons offrir à nos utilisateurs une grande liberté dans la manière d’utiliser nos outils, dans des limites larges, même si nous ne partageons pas toujours le même cadre moral, et leur permettre de décider eux-mêmes du comportement de ChatGPT. »
OpenAI prévoit également que le versant sans but lucratif, désormais mieux financé grâce à sa participation dans la PBC, puisse soutenir des initiatives dans les domaines comme la santé, l’éducation, la recherche scientifique et les services publics. Une commission dédiée sera chargée de formuler des recommandations à ce sujet.
C’est mine de rien un virage à 180 degrés pour OpenAI. La transformation voulue de longue date par Sam Altman était de faire du créateur de ChatGPT une entreprise 100 % commerciale. Ce qui a provoqué une procédure en justice d’Elon Musk, cofondateur d’OpenAI, qui voyait d’un mauvais œil cette conversion qui marchait sur les platebandes de xAI. Le patron de Tesla avait même fait une proposition grotesque de rachat d’OpenAI.
Il n’était cependant pas seul : Meta avait rejoint la bataille, mais aussi des organisations civiques, juridiques et syndicales qui ont saisi les autorités. Des pressions qui ont manifestement pesé dans la balance.
Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
Source :
OpenAI