L’Assemblée nationale abrite-t-elle des relais d’influence étrangère ? Le Palais-Bourbon a été le théâtre, mercredi 27 septembre, d’une perquisition menée dans le cadre d’une procédure ouverte par le Parquet national financier (PNF) pour trafic d’influence, corruption d’agent public étranger et corruption privée.
La perquisition du bureau du député Hubert Julien-Laferrière (Génération écologie) et l’enquête, confirmées au Monde par le PNF, font suite aux révélations en février du consortium Forbidden Stories et de ses partenaires, dont Le Monde, sur l’industrie de la désinformation. Le projet « Story Killers » avait révélé les soupçons de manipulation portant sur un journaliste de BFM-TV, Rachid M’Barki, accusé d’avoir diffusé à plusieurs reprises à l’antenne des sujets qui n’avaient pas été validés par la rédaction en chef de la chaîne, possiblement pour le compte de gouvernements étrangers.
Le journaliste, mis à pied et licencié par BFM-TV, aurait « passé » des sujets à l’antenne sur les recommandations ou demandes de Jean-Pierre Duthion, un intermédiaire français spécialisé dans les campagnes d’influence. Auditionné par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale consacrée aux ingérences étrangères, M. M’Barki avait affirmé avoir décidé de diffuser ces informations de sa propre initiative.
Promotion d’une cryptomonnaie
Quelques jours après ces articles ayant conduit à l’ouverture d’une première enquête judiciaire, Mediapart révélait que le même Jean-Pierre Duthion avait obtenu du député Hubert Julien-Laferrière qu’il se lance, devant les caméras de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale en février 2022, dans un plaidoyer en faveur du LimoCoin. Lancée par un homme d’affaires camerounais accusé d’escroqueries, cette cryptomonnaie douteuse et relativement confidentielle a, en un an, perdu 85 % de sa valeur.
Après coup, l’élu écologiste avait reconnu « une connerie ». Mais pour la justice, qui a décidé d’ouvrir une seconde enquête sur ces faits précis, la question d’éventuelles contreparties à cette prise de position publique se pose. Les deux procédures ont été jointes en une seule enquête, confiée aux policiers de la sous-direction des affaires économiques et financières de la police judiciaire parisienne.
Sollicité mercredi soir, Hubert Julien-Laferrière n’avait pas donné suite à l’heure de la publication de cet article.
Rectificatif le 28 septembre à 9 h 45 : correction d’une erreur sur l’affiliation politique de M. Julien-Laferrière.