La énième guerre des prix sur le marché français des télécoms entraine des dommages collatéraux. Pour attirer ou retenir une clientèle de plus en plus volatile, les opérateurs multiplient les offres promotionnelles et les remises, au risque de dégrader leurs marges. Ce qui n’est pas sans incidence sur l’emploi. Coup sur coup, deux opérateurs ont indiqué en interne leur volonté de réduire leurs effectifs.
Alors qu’un plan social a été un temps évoqué, Bouygues Telecom aurait annoncé en début de mois, selon Le Parisien, un gel des embauches, le non remplacement des départs ainsi que l’arrêt complet du recours à la sous-traitance. Baptisé Cap 2030, le plan stratégique de l’opérateur télécom prévoit, en contrepartie, de s’appuyer davantage sur ses filiales marocaines et portugaises.
Des missions de relation client, de service informatique et même d’ingénierie réseaux jusqu’alors assurées en interne ou par des prestataires seraient ainsi transférées à Porto ou à Rabat, confirme, de son côté, Les Echos. Interrogé par Le Parisien, un syndicaliste CFDT évoque le chiffre de 1 500 salariés concernés par ces transferts d’activité dans les deux pays à moindre coûts salariaux. Ce dumping social, alimenté au sein même du groupe, conduirait à « un plan social qui ne dirait pas son nom ».
Tout en maintenant ses objectifs financiers pour l’exercice 2024 et la promesse de générer environ 600 millions d’euros de free cash-flow en 2026, Bouygues Telecom alertait, le 2 octobre, sur une dégradation du marché mobile grand public. La filiale du groupe Bouygues pointait « un ralentissement de la croissance en volume et une tension concurrentielle qui s’est accrue depuis le deuxième trimestre, en particulier sur les offres sans engagement sur le web. »
3 000 départs par an chez Orange France ?
De son côté, Orange miserait sur les départs anticipés à la retraite pour réduire sa masse salariale. « Jean-François Fallacher, directeur général d’Orange France, a dit lors d’une réunion avec ses managers qu’il fallait 3 000 départs par an et recourir davantage aux sous-traitants », avance Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC, cité par Les Echos. Des propos mal compris et surinterprétés selon la direction.
« Avec une moyenne d’âge de 55 ans chez Orange en France, et après plusieurs plans suffisamment généreux pour avoir fait partir sans heurts 40 000 salariés en fin de carrière en quinze ans, la question des moyens que le groupe pourrait ouvrir pour susciter une nouvelle vague de départs est très sensible », avance Les Echos. Ce sujet est au cœur des négociations sociales dans le cadre de la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) pour la période 2025-2028.
Jusqu’à fin 2022, les postulants au départ à la retraite bénéficiaient d’un dispositif particulièrement généreux. Baptisé TPS, pour Temps Partiel Senior, il permettait aux salariés concernés de partir un an et demi plus tôt tout en étant rémunéré durant cette période à 60 ou 70 % par leur futur ex-employeur. Selon un élu du personnel cité par le journal économique, la direction hésiterait entre un nouveau TPS et des plans de départs volontaires centrés sur certains métiers.
Comme pour Bouygues Telecom, ces plans de départs volontaires viseraient les fonctions transverses comme l’informatique, la relation-client, la communication, les ressources humaines ou la finance. Cela ne serait pas une première sous l’ère Christel Heydemann. L’opérateur historique a déjà lancé un plan de suppression de 650 postes dans sa division BtoB, Orange Business.