La stratégie de diversification de l’ex-PDG d’Orange est enterrée. Depuis 2022, Christel Heydemann poursuit une politique de recentrage sur les activités de télécommunication. Celle-ci passait notamment par la liquidation d’Orange Bank.
Les comptes de la filiale bancaire de l’opérateur étaient clôturés fin 2024.
Restaient encore à solder certains actifs, dont la fintech Anytime, acquise en 2021 pour un montant non communiqué. L’entreprise fondée en 2014 va poursuivre son activité au sein d’un autre groupe.
Une « opportunité » pour Anytime de poursuivre son évolution
Ce n’est pas une surprise. D’ailleurs, Orange cherchait un repreneur pour sa néobanque dédiée aux professionnels depuis déjà plus d’un an. Et c’est donc le Crédit Coopératif qui se porte acquéreur d’Anytime.
L’engagement de discussions exclusives entre la banque et Orange est officiel depuis le 23 mai. Frédéric Niel, directeur général de la filiale de l’opérateur, se veut positif sur cette transaction. L’aventure bancaire d’Orange se solde néanmoins sur des pertes conséquentes et un échec.
“Après une période de développement avec le soutien d’Orange Bank, l’opportunité est ainsi donnée à Anytime de poursuivre son évolution, en particulier dans le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire”, déclare-t-il.
Associatif et digital pour le Crédit Coopératif
La fintech Anytime retrouve l’écosystème bancaire et un spécialiste du marché des associations. Le Crédit Coopératif défend une acquisition en phase avec son plan stratégique 2025-2030 : 100% engagés.
L’opération est outre l’opportunité de renforcer sa présence sur son marché historique, celui des associations. La banque espère d’ailleurs atteindre une part de marché sur les créations d’associations supérieure à 6% d’ici à 2030.
La reprise d’Anytime est également l’occasion pour Crédit Coopératif de développer son offre digitale, “en particulier pour sa clientèle des petites et moyennes associations.” La banque prévoit ainsi de compléter son modèle de distribution avec une offre 100% digitale pour les petites associations.
Pour concrétiser ces ambitions, les parties doivent encore finaliser un accord. Orange précise que les instances représentatives du personnel concernées sont consultées sur ce projet. La réalisation de l’opération est envisagée d’ici la fin de l’année 2025.
Un recentrage stratégique payant pour Orange ?
Avec sa stratégie de recentrage, Orange semble avoir retrouvé le chemin de la croissance – ou au moins réduit ses pertes. Sur l’exercice 2024, le chiffre d’affaires avoisinait les 40,3 milliards d’euros, en hausse de 1,2%. Les bénéfices, de 12,1 milliards d’euros, augmentaient de 2,7%.
Au premier trimestre 2025, Orange souffrait cependant de nouveau en France. L’Afrique et le Moyen-Orient font figure de bouées de sauvetage pour l’opérateur. Ces marchés sont les principaux contributeurs de la croissance du groupe français depuis huit trimestres consécutifs.
La réorganisation en cours depuis trois ans a aussi un coût humain. Une enquête sur les conditions de travail et le stress révèle une détérioration du climat social chez l’opérateur. Elle est expliquée par la multiplication des réorganisations, un sentiment d’insécurité professionnelle et une baisse de la fierté d’appartenance.