A partir de janvier 2023, « sur notre réseau mobile, seul réseau en France à disposer de batteries de secours sur ses antennes, une coupure de plus de 20 minutes fera tomber le service » indique Orange, qui précise : « Passé ce délai de 20 minutes, et sur tout le temps de la coupure, téléphoner, envoyer des SMS ou utiliser toute application nécessitant une connexion internet sera impossible. »
Et une fois la coupure terminée, 15 à 20 % des antennes demanderont un redémarrage manuel. « 80 à 85 % de nos antennes mobiles seront remises en route de manière automatique et autonome. Le reste de nos antennes nécessitant l’intervention d’un technicien pour être réactivées, le retour à la normale pourrait prendre un peu plus de temps dans certaines zones », précise l’opérateur.
Côté téléphonie fixe, l’installation massive des box internet qui proposent une connexion téléphone/internet/télévision chez les particuliers et dans les entreprises pose également problème. Car ces téléphones sont reliés aux box, qui sont alimentées. Donc la coupure touchera et la box, et le téléphone.
Tout le monde à une prise en T, mais plus personne n’a le bon téléphone
Certes, la plupart des foyers sont encore équipés de la fameuse prise en « T » du réseau cuivre. Mais peu de personnes l’utilisent encore, et ont un téléphone adéquat. Et côté internet, vous l’aurez compris, le pire est à venir. Pas de box, pas d’internet, pas de Wi-Fi pendant la coupure.
« Enfin, si vous utilisez des services de téléassistance ou télésurveillance, ils seront indisponibles pendant toute la durée du délestage, puisqu’ils dépendent de votre connectivité (fixe ou mobile) », indique Orange. Adieu donc systèmes de vidéosurveillance.
Et l’opérateur de préciser que côté entreprise, seuls les clients « disposant de batteries pour la Livebox Pro (entre 2h ou 12h d’autonomie) ainsi qu’un groupe électrogène alimentant leurs locaux pourront disposer des services de téléphonie et d’internet ».
Le réseau RRF, un MVNO sur l’infrastructure d’Orange
Fin novembre, Christel Heydemann, installée depuis huit mois à la tête d’Orange, avait déclaré lors d’une audition au Sénat qu’il serait « illusoire de penser qu’il n’y aura pas d’impact pour les clients en cas de coupure d’électricité ».
« Malheureusement, les réseaux télécoms ne sont pas jugés comme étant des sites prioritaires », complétait-elle. Christel Heydemann avait aussi insisté sur le fait que les systèmes de secours pourraient pâtir de cette situation.
Par systèmes de secours, on entend bien sûr les numéros d’urgence comme le 15, le 18, le 17 (qui ont été conçus pour fonctionner sur le réseau fixe), ou encore le 112. Mais aussi les nouveaux réseaux virtualisés utilisés par les forces de l’ordre.
Autant dire que cette situation de crise de l’énergie tombe très mal, alors que la France s’apprête à déployer le réseau RRF (Réseau radio du Futur). RRF est un réseau de communication à destination des forces de l’ordre et des services de secours qui va utiliser le réseau 4G d’Orange. Il doit suppléer puis supplanter des réseaux physiques dédiés vieillissants et qui ne permettent pas la même richesse de services que la 4G.
« Les opérateurs de télécommunication s’engagent à maintenir le fonctionnement de leur réseau pour une coupure d’alimentation de deux heures maximum. Au-delà, il n’y a pas de notion de continuité de service », indique à ce propos l’expert systèmes de communication Francis di Giorgio, qui a travaillé sur la conception des réseaux radios des pompiers et du SAMU.
« La prise de parole de Christel Heydemann au Sénat, c’est une manière pour Orange de se prémunir si le RRF ne peut assurer les services de secours », analyse-t-il. « Elle dit à l’Etat que ce n’est pas sa responsabilité si les services de secours passent par un MVNO (Mobile Virtual Network Operator, NDLR) qui utilise un réseau grand public. »
Plus de services, mais plus d’énergie
Jusqu’à la mise en place progressive des communications des forces de l’ordre et des services de secours sur les réseaux 4G, ces derniers utilisaient des réseaux radio (Acropol pour la Police nationale ou Rubis pour la gendarmerie nationale) qui permettait entre 24 heures et 48 heures d’autonomie, avec des batteries 12 V, en cas de coupure de courant.
La migration vers RRF a commencé par le déploiement de 22 000 smartphones et tablettes équipés des applications Neopol (pour la police) et Neogend (pour la gendarmerie), qui utilisent le réseau 4G et GSM d’Orange. Le déploiement a débuté en avril dernier pour certaines unités telles que les CRS et les Brav-M.
Les pompiers et le SAMU devraient aussi aller dans cette direction à terme.
« On bascule donc sur des réseaux qui fonctionnent sur du 220 V », indique Francis di Giorgio, avec les besoins en alimentation que cela suppose. « La gendarmerie a conservé le réseau Rubis, et je pense qu’avec la situation actuelle ils vont continuer à l’utiliser pendant un bout de temps. »
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