Il y a un mois encore, tous les yeux étaient tournés vers la relance des réacteurs nucléaires pour espérer éviter des coupures d’électricité ponctuelles durant l’hiver. Avec les mesures de sobriété énergétique et les éco-gestes permettant de limiter les pics de consommation, c’était le seul moyen de le choc.
Depuis plusieurs semaines, des températures très douces sévissent sur l’Europe et changent complètement la donne. Les pics de consommation en fin de journée sont passés de plus de 80 GW à moins de 70 GW, une situation beaucoup plus facile à gérer, même avec un peu plus de 40 GW d’électricité d’origine nucléaire disponible (sur plus de 60 GW pour l’ensemble du parc).
L’Hexagone redevient exportateur
En ajoutant une production d’énergie éolienne qui ne fait pas défaut en ce début d’année (contrairement à l’an dernier), la production d’électricité en France s’est largement normalisée, au point qu’EDF en est à mettre en pause des réacteurs nucléaires pour s’adapter à la demande plus basse.
Surtout, l’Hexagone est redevenu exportateur d’électricité depuis le début de l’année, à hauteur de 1,4 TWh, selon les déclarations de RTE, gestionnaire du réseau de distribution d’électricité, à l’AFP, soit la consommation annuelle de 450 000 foyers.
Après quasiment une année où la France été importatrice auprès de ses voisins pour compléter sa production très basse d’électricité (275 à 285 TWh, selon les prévisions d’EDF), ce qui n’était jamais arrivé en 40 ans, le pays retrouve sa position de premier exportateur d’électricité européen.
Beaucoup de contraintes en 2022
Le recul de la production en 2022 est en grande partie lié aux opérations de maintenance mais aussi de surveillance de la corrosion de tuyaux d’une partie des instalations, tandis qu’il y a eu également un déficit de vent sur les premiers mois de l’année, limitant fortement l’énergie éolienne, et une production hydraulique en baisse du fait de la sécheresse, les niveaux ne s’étant rapprochés de la normale que sur l’automne.
Même si des vagues de froid peuvent toujours remettre le réseau électrique en difficulté, la production d’électricité nucléaire est désormais dans la fourchette du scénario prudent de RTE et la menace des délestages semble s’éloigner pour de bon.
Il reste que la sobriété énergétique reste un objectif de long terme pour espérer réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon les données du Citepa, la France a trop peu réduit son volume d’émissions en 2022 au regard des objectifs européens, ce qui met sous la menace de nouvelles sanctions financières.