Après s’être strictement contenté de l’autofocus à détection de contraste pendant presque 15 ans sur tous ses appareils photos hybrides, Panasonic introduit (enfin) la détection de phase. Et va peut-être corriger une de ses faiblesses : l’acquisition de cibles rapides et leur suivi.
C’est un petit séisme technologique que vit en ce moment la division Lumix de Panasonic. Presque 15 ans après le lancement du premier appareil photo hybride de l’histoire en 2008, le Lumix G1, le constructeur japonais lance son Lumix S5 II. Un hybride à capteur plein format 24×36 qui gère, pour la toute première fois chez Panasonic, l’autofocus à corrélation de phase. Une avancée majeure qui devrait combler une faiblesse technique des boîtiers de « Pana ».
Lire aussi : A7R Mark V : Sony présente son nouveau monstre de la photo (octobre 2022)
S’il conserve la définition d’image de son aïeul le S5, le Lumix S5 II a droit à un tout nouveau capteur. Logique : ce sont des photodiodes réparties sur sa surface qui réalisent cette détection de phase. Si Panasonic a été obligé de peaufiner sa détection de contraste au niveau de « grand maître » avec ses algorithmes DFD (depth by defocus), cette technologie était bien moins efficace que la détection de phase dans deux domaines. Les sujets mobiles très rapides d’une part et leur suivi d’autre part. Si on ne connaît pas les dessous de la résistance de Panasonic à cette technologie (problèmes de brevets ?), on sait quel était le prix à payer : les boîtiers de la marque souffraient la comparaison dans la photo de sport/action/nature.
Car la détection de contraste a un défaut : là où la détection (ou corrélation) de phase se fait de manière passive, la détection de contraste demande du calcul. Et si la puissance des puces augmente, elle reste limitée. En couplant les deux méthodes – et les 779 point à détection de phase – Panasonic rejoint désormais le reste de la compétition et devrait (enfin !) profiter d’un autofocus vraiment tout terrain.
Une révolution dans une évolution
La mention « II » de ce Lumix S5 II n’est pas mensongère : dans beaucoup de domaines – comme le châssis par exemple – il marche dans les pas de son aïeul. Le capteur conserve la définition de 24 Mpix, la même plage de sensibilités de 100 à 51.200 ISO, l’absence de filtre anticrénelage. Le boîtier conserve le même écran orientable 3 pouces, le Wi-Fi intégré et une conception tout-temps. Mais en regardant les détails, on aperçoit vite les améliorations.
En matière de visée déjà, avec le passage d’une définition (un peu trop juste à l’époque !) de 2,36 Mpix à une bien plus correcte de 3,68 Mpix. La vitesse de la rafale s’améliore doublement, avec un passage de 5 i/s avec suivi du sujet (7 i/s sans) à un joli 9 i/s avec suivi en obturateur mécanique. Et le Lumix S5 II profite aussi d’une super rafale pleine définition de 30 i/s en obturateur électronique. Répondent toujours à l’appel le mode multishot 96 mpix, le double emplacement pour cartes SD ainsi que le Dual ISO si cher aux cadreurs.
Sur le papier, la qualité photo devrait rester la même, mais avec beaucoup plus de confort à l’usage et plus de précision et de performances en rafale. Le vrai grain de qualité d’image ne se trouve pas dans le domaine de l’image fixe, mais dans celui de la vidéo.
Vidéo 6K plein capteur et nouvelle stabilisation mécanique
Entrée de gamme du plein format chez Panasonic, le S5 premier du nom était limité à la vidéo 4K. Le S5 II apporte un vrai progrès dans ce domaine avec l’arrivée de la vidéo 6K (24/25/30p). Mais pas n’importe laquelle : outre un mode 16/9e classique, le S5 II propose aussi la vidéo plein capteur, soit 5952 x 3968 pixels au ratio natif de 3/2. C’est-à-dire un mode vidéo où tout le capteur est utilisé pour enregistrer l’image, sans aucune modification de la couverture angulaire des optiques. Une force en termes de qualité d’échantillonnage : outre la possibilité de recadrage à postériori ou la possibilité de produire des séquences dans un ratio différent, l’absence de post-traitement (pixel binning) garanti une meilleure qualité d’image. Et l’échantillonnage 6K offre aux monteurs/réalisateurs de séquences 4K, un suréchantillonnage bienvenu pour améliorer la qualité d’image finale.
Pour digérer jusqu’à 708 millions de pixels par secondes (5952 x 3968 pixels x 30 images chaque seconde), Panasonic a fait évoluer son processeur d’image. Qui est, pour la première fois, codéveloppé avec Leica. Le nouveau « moteur » d’image offrirait une vitesse de traitement doublée par rapport à la génération précédente. Un progrès qui a cependant un coût : une dissipation thermique en hausse. Afin de mieux dissiper la chaleur pour éviter les écueils classiques de la surchauffe en vidéo, Panasonic a doté son Lumix S5 II d’un ventilateur. Placé dans la bosse de l’écran de visée, ce ventilateur aspire l’air au-dessus du fût de l’optique pour l’éjecter sur les côtés.
Avec une telle puce, le S5 II offre non seulement une meilleure définition vidéo, mais aussi l’enregistrement illimité en 4K DCI (format Super 35, donc avec recadrage), etc. Et même, via une mise à jour logicielle payante à 199 €, l’enregistrement vidéo RAW 12 Bits 6K. Des fonctions en plus qui ont aussi un coût énergétique : les tests standards CIPA passent de 440 images (S5) à seulement 370 clichés avec la même batterie DMW-BLK22.
Si la partition vidéo du S5 II est en progrès, pour aller encore plus loin dans le domaine, Panasonic a même poussé le bouchon jusqu’à lancer… un second boîtier !
S5 IIx, une déclinaison vidéo (très) intéressante
Pour 299 € de plus par rapport au S5 II, Panasonic va aussi proposer une déclinaison vidéo appelée S5 IIx. Outre l’enregistrement vidéo RAW 12 Bits 6K illimité sur enregistreur externe compris dans la mise à jour à 199 € du S5 II, son logiciel interne offre aussi, dans un boîtier physique similaire, nombre de fonctionnalités vidéo « pros » supplémentaires. Comme l’enregistrement direct sur SSD externe, les modes ALL-I (trames complètes), la prise en charge du format ProRes ou encore le streaming filaire et sans fil.
Compte tenu la horde d’améliorations que représente cette version qui intègre toutes les fonctionnalités du boîtier « classiques », il va sans dire que les 299 € supplémentaires valent clairement le coup pour les vidéastes. Ceux qui perçoivent le verre à moitié vide pourraient regretter que ces fonctions ne soient pas intégrées de base. Mais il faut savoir que tous les codecs vidéo (comme le ProRes) impliquent des coûts de licence supplémentaire. Les photographes « purs » apprécieront donc que Panasonic a développé un modèle moins cher pour leur éviter de payer un supplément.
Le Lumix S5 sera commercialisé fin janvier :
- Lumix S5 II boîtier nu à 2199 €
- Lumix S5 II avec 20-60 mm f/3.5-5.6 à 2499 €
Le Lumix S5 IIX sera commercialisé à la mi-2023 :
- Lumix S5X II boîtier nu à 2499 €
- Lumix S5X II avec 20-60 mm f/3.5-5.6 à 2799 €