Les Etats-Unis ont beau faire bloquer les exportations de puces aux puissantes capacités de calcul vers la Chine, le marché est trop appétissant pour l’abandonner, notamment en matière d’intelligence artificielle.
Les concepteurs de composants électroniques tentent donc de réduire les capacités de leurs puces pour les rendre acceptables aux yeux des autorités américaines et pouvoir les exporter en Chine.
Nvidia développe ainsi des variantes de ses GPU et accélérateurs graphiques de référence pour les faire accepter à l’exportation, quitte à jouer à un jeu du chat et de la souris qui peut finir par agacer en se plaçant toujours à la limite de ce qui est autorisé.
Les puces d’AMD dédiées à la Chine toujours trop puissantes
Son concurrent AMD, qui s’est lancé plus tardivement dans les composants IA Instinct MI300 mais affiche de belles ambitions dans un secteur en plein essor, tente de faire la même chose en proposant des composants bridés mais les derniers produits se sont pris les pieds dans le tapis de la régulation américaine.
Là où la firme pensait avoir suffisamment limité les capacités de ses accélérateurs IA AMD Instinct pour éviter d’avoir à demander une licence d’exportation spécifique, le gouvernement américain l’a rappelée à l’ordre et estime que ses produits sont encore trop puissants, rapporte Bloomberg.
La crainte est toujours de voir les composants et technologies d’origine US être détournés de leur usage et exploités à des fins militaires, pour de l’espionnage ou pour opprimer des minorités, en violation du respect des droits de l’Homme.
Un marché chinois pris entre deux feux
Il n’est pas dit qu’AMD s’engage dans la voie complexe d’une demande de licence d’exportation, lourde admininstrativement et imposant des contrôles très stricts, indique encore Bloomberg, ce qui suggère que la firme ne pourra pas proposer de puces calibrées pour la Chine avant un bon moment au risque d’affecter ses revenus provenant du marché chinois.
La firme pourrait se retrouver dans la même situation que Nvidia qui avance avec précaution pour faire accepter ses composants électroniques au fil de l’évolution des restrictions et a rencontré de semblables obstacles, rendant le marché chinois très minoritaire dans ses revenus.
De leur côté, les entreprises chinoises ont fait de larges stocks de puces IA occidentales tant qu’elles en avaient l’occasion avant la mise en place des dernières restrictions commerciales et sont en principe capables de tenir un an et demi à deux ans avec cette réserve.
Au-delà, il faudra soit que les relations se dégèlent entre les USA et la Chine (ce qui semble a priori peu probable) ou bien que l’industrie chinoise parviennent à concevoir ses propres composants suffisamment puissants pour remplacer les produits venus des Etats-Unis.
En exploitant des architectures alternatives et ouvertes comme RISC-V et en parvenant à graver des puces en 7 nm et peut-être bientôt en 5 nm, malgré les obstacles (mauvais rendements, coûts élevés), certains acteurs comme Huawei associés au fondeur SMIC pourraient finir par faire émerger de telles solutions.