« With a little help from AI » (« avec un petit coup de main de l’IA »). A bientôt 81 ans, sir Paul McCartney a annoncé, mardi 13 juin, au micro de la BBC qu’il a eu recours à une intelligence artificielle (IA) pour produire ce qu’il appelle « le dernier enregistrement des Beatles ». L’IA a été utilisée pour « extraire » la voix de John Lennon d’une ancienne démo en vue d’achever le titre. « Nous venons de le terminer et il sortira cette année », a-t-il fait savoir.
Paul McCartney n’a pas précisé de quel morceau il s’agit, mais selon la BBC, ce serait probablement un titre inachevé de John Lennon, intitulé Now and Then, enregistré en 1978 sous la forme d’une maquette piano-voix solo. Il avait un temps été envisagé comme potentiel single après Free as a Bird et Real Love, deux autres morceaux de John Lennon utilisés pour rejoindre le projet de compilation The Beatles Anthology, sorti en plusieurs temps à partir de 1995.
« When we came to make what will be the last Beatles record… We were able to get John’s voice through AI. »
Ahead of his exhibition at @NPGLondon of Beatles photos, Sir Paul McCartney spoke to @Marthakearney and revealed that a new record will be released this year.
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En janvier 1994, Yoko Ono avait adressé à Paul McCartney deux cassettes comprenant des maquettes que John Lennon n’avait jamais terminées ou commercialisées. Outre Free as a Bird et Real Love, les deux autres chansons étaient Grow Old with Me et Now and Then. Le travail sur ce dernier morceau n’a jamais réellement démarré parce que George Harrison, disparu en 2001, ne l’aimait pas. Selon le New Yorker, l’auteur de Here Comes the Sun qualifiait le titre inachevé de John Lennon de « fucking rubbish » (« vraie merde »). Finalement, Paul McCartney s’est résolu à lui redonner vie.
Les Beatles à la pointe de l’innovation
L’association de l’IA et des Beatles pourrait faire grincer des dents alors que de nombreux artistes s’inquiètent déjà de l’usage qui sera fait de l’intelligence artificielle. Paul McCartney juge pourtant le phénomène « très intéressant » : « C’est quelque chose que nous sommes tous en train d’appréhender en ce moment, d’essayer de comprendre ce que cela veut dire. »
Une IA a d’ailleurs déjà été utilisée par Peter Jackson pour réaliser le documentaire The Beatles : Get Back, sorti en 2021. Le monteur de dialogues Emile de la Rey a utilisé une IA pour reconnaître les voix des Beatles et les séparer des bruits de fond, rendant ainsi audibles des conversations privées filmées en 1969, rappelle le Guardian. « Vous apprenez à l’ordinateur à quoi ressemble une guitare, (…) une voix humaine, (…) une batterie, (…) une basse. Ainsi, nous pouvons prendre une piste mono d’eux [des Beatles] à Twickenham en train de jouer et nous pouvons dire : “Donnez-nous la piste vocale.” Et l’apprentissage automatique ne rendra qu’une piste vocale », avait expliqué Peter Jackson au magazine Guitar. « Ainsi, vous verrez Ringo en arrière-plan en train de jouer de la batterie, mais vous n’entendrez pas la batterie. La grande avancée pour nous n’a donc pas été de restaurer les images, même si c’est ce que l’on regarde évidemment, mais le son. »
Avant Peter Jackson et l’IA, les Beatles eux-mêmes n’ont jamais rechigné à repousser les limites de l’innovation sonore avec l’effet larsen sur I Feel Fine, la pédale fuzz sur une basse pour Think for Yourself, les boucles sur Tomorrow Never Knows, l’Automatic Double Tracking ou ADT (doublement de piste automatique) utilisé sur plusieurs titres de Revolver (1966) ou l’enregistrement de la basse dans la console pour lui donner un son plus brut, comme lors des sessions de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967).