La justice vient de rendre son jugement dans l’affaire de “La Geneverie”. Un nom qui faisait référence au canal Telegram douteux d’un des principaux prévenus. Mais ce dossier judiciaire avait bien plus d’ampleur que ce seul marché noir francophone dédié aux montres de luxe.
En tirant le fil, les enquêteurs avaient en effet réussi à identifier l’un des faussaires de cartes d’identité les plus actifs du marché francophone. Surnommé Volrys, il s’agissait en réalité d’un ingénieur en informatique des environs de Belfort. Ils avaient également mis la main sur deux anciens policiers adjoints. Ces derniers avaient eux été poursuivis pour avoir communiqué des données issues de fichiers de police à des tiers.
Un business devenu florissant
Vendredi, quasiment un mois après l’ouverture des débats, la 13e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris a finalement condamné Anthony P., alias Volrys, à cinq ans de prison, dont 44 mois avec sursis, et une amende de 20 000 euros. Le parquet avait requis six ans de prison, dont deux avec sursis.
En quelques années, cet ingénieur de 28 ans des environs de Belfort avait écoulé environ 3000 fausses cartes d’identité. Actif au départ sur les forums francophones du darkweb, du Monde Parallèle à Dark French Anti System (DFAS), il avait ensuite ouvert son shop sur Telegram.
Son business, au départ laborieux, était alors devenu florissant. Le poussant à mettre en place un système d’automatisation des demandes de fausses cartes. Il avait alors également recruté un comparse, Aurélien C. Ce dernier écope lui de deux ans de prison, dont un avec sursis, contre 30 mois avec sursis demandés par le ministère public.
Amende fiscale XXL
Le gérant du canal Telegram ainsi que son partenaire en Thaïlande, qui faisait le lien avec des fabricants chinois, ont été respectivement condamnés à quatre et quatre ans et demi de prison. Le deuxième devra également s’acquitter d’une amende fiscale XXL d’environ 206 millions d’euros. L’administration avait demandé contre eux une amende douanière de 354 millions d’euros.
Les deux anciens policiers adjoints volontaires ont enfin été condamnés à deux ans de prison, dont un avec sursis et quatre ans, dont deux avec sursis. Sur le canal Telegram, ils avaient vendu l’accès à des informations provenant de fichiers de police. Le parquet avait requis à leur encontre des peines de trois et quatre ans de prison.
“C’est une audience atypique”, avait relevé le ministère public à propos de ce coup de filet autour d’un canal Telegram, une première pour la juridiction.