La Chine devrait représenter 20 % de la demande mondiale du secteur aéronautique au cours des deux prochaines décennies. Un manque à gagner qui risque de faire très mal à Boeing. Donald Trump est-il prêt à tenir le coup, au risque de laisser le champ libre à son principal concurrent, Airbus ?
Après un court passage par le secteur automobile lundi 14 avril, les déboires autour des frais de douane et de la politique de guerre commerciale de Donald Trump mettent l’accent sur le secteur aéronautique, ce mardi 15 avril. En fin d’après-midi en Chine, Pékin a appelé ses compagnies aériennes à ne plus accepter la réception des aéronefs de Boeing, malgré leurs commandes. En guise de représailles à l’escalade tarifaire entraînée par Donald Trump à la Maison-Blanche, l’Empire du Milieu cherche à s’attaquer au fleuron de l’aérien américain, déjà en difficultés.
L’information n’a pas été communiquée officiellement, mais Bloomberg avance ces informations en se basant sur des personnes proches du dossier, qui ont demandé à ne pas être identifiées. Celles-ci précisaient que Pékin avait aussi ordonné aux compagnies aériennes de cesser tout achat d’équipements et de pièces liées aux avions de Boeing, de quoi rendre encore plus incertain l’avenir des avions en Chine s’il en venait à ne plus pouvoir suivre leur programme de maintenance. En parallèle, le gouvernement serait prêt à aider financièrement les compagnies pour faire face à ce changement brutal dans leur flotte.
Alors que Wall Street n’a pas encore sonné la cloche du début de ses échanges, ce mardi, l’action de Boeing perdait déjà 4,6 % en pré-séance. À la clôture lundi, son cours se positionnait en baisse de 10 % par rapport au début de l’année.
Lire aussi « Un ciel sans contrails » : le plan d’Airbus pour effacer les trainées des avions
Boeing en Chine, un marché indispensable ?
En Chine, Boeing commercialise ses avions aux principales compagnies du pays, et des dizaines de livraisons sont prévues. China Southern Airlines doit prendre livraison de 37 Boeing 737 Max en plus de 2 787-9 Dreamliner. China Eastern attend 7 appareils de type 737 Max et 6 long-courriers 787-9. En troisième position, 4 Boeing 737 Max doivent venir renforcer la flotte d’Air China. Les livraisons devaient pourtant s’intensifier alors que la plus grosse commande du pays depuis 2015 venait d’être finalisée au mois de mars. Il s’agissait d’une commande de la Development Bank Financial Leasing, pour 50 Boeing 737 Max, rappelait Bloomberg.
Plus impressionnant encore, la Chine doit représenter 20 % de la demande globale du secteur au cours des deux prochaines décennies. 33 380 avions monocouloirs doivent être exploités en Chine d’ici 2043, soit 19 % de la flotte mondiale. Sans Boeing, il y aura de la place à Airbus, l’avionneur européen, qui est devenu le fournisseur le plus important du pays. Mais désormais, le focus est surtout sur le nouveau Comac C919, produit localement et concurrent des Boeing 737 et Airbus A320. En 2023, la compagnie China Eastern effectuait le premier vol commercial de l’appareil.
Seule contrainte pour la Chine, le Comac C919 reste un appareil plus lourd que ses homologues, et donc plus gourmand en carburant. Nombreux de ses composants sont d’ailleurs produits en Europe et aux Etats-Unis, et seule une petite moitié de ses pièces seraient assemblées localement.
Plus d’informations à venir…
Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
Source :
Bloomberg