La promesse de la série Pikmin a quelque chose de la traîtrise. De loin, comme ça, on présuppose des expériences calmes, dans lesquelles la nature et la technologie semblent se mêler harmonieusement.
Des jeux d’été, dans lesquels on écoute des musiques apaisantes en collectant des fruits ou des gadgets éparpillés dans la forêt. Tout cela n’est que mensonge. Les maîtres mots de Pikmin demeurent : organisation, efficacité et stress. Bienvenue dans l’enfer productiviste de Pikmin 4 (disponible sur Switch le 21 juillet).
Pour la énième fois, le lilliputien capitaine Olimar s’échoue sur l’astre PNF-404 – les Terriens que vous êtes auront sans difficulté reconnu notre belle planète bleue. Comble de malchance, l’équipe venue le secourir s’écrase à son tour lamentablement. On incarne ainsi une jeune recrue à qui l’on confie la lourde tâche de faire preuve (pour une fois) de compétence, d’aller sauver les sauveteurs et de ramasser des trésors en passant.
L’oignon fait la force
Problème de taille : quand on ne mesure que quelques centimètres, la moindre boîte en carton oubliée sur le chemin devient un obstacle insurmontable. C’est là qu’entrent en scène les Pikmins, sorte de petites carottes sur pattes qui poussent dans le sol et vivent dans un étrange oignon.
Ceux-ci existent en plusieurs coloris — les rouges résistent au feu, les bleus respirent sous l’eau, les roses volent, pour n’en citer que trois — et, une fois sortis de terre, possèdent l’immense qualité d’obéir au doigt et à l’œil. En nombre suffisant, notre bataillon devient capable d’exhumer des objets, de rapporter diverses ressources à la base, de détruire des obstacles et, bien sûr, d’occire en rangs serrés une faune locale qui ne rêve que de se faire un quatre-heures de nos fervents laquais.
Pikmin 4 demande de l’organisation. De l’optimisation, même ! On cherche évidemment à effectuer le plus de tâches possible dans un laps de temps minimal, afin de rapatrier les autres naufragés (bien plus nombreux que prévu) et les trésors qui, une fois récupérés et démantelés, permettent d’étendre la zone de recherche.
Pour cela, il faut s’assurer qu’un maximum de ses Pikmins aient à chaque instant une corvée assignée : hors de question de laisser les tire-au-flanc se la couler douce, la journée avance et le temps est compté. Au crépuscule, prêt ou pas, votre commandant rentre à la base, condamnant à une mort certaine les Pikmins que vous aurez oubliés derrière vous.
Bon à toutou faire
La recrue ne se retrouve pas complètement seule dans son entreprise d’encadrement. Elle peut compter sur le chien Otchin, un excellent pépère qui, non content de pouvoir effectuer les mêmes tâches que les Pikmins, peut également charger comme un taureau et servir de monture pour aider le joueur à atteindre certaines corniches surélevées.
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Encore plus essentiel : d’une simple pression de bouton, il devient possible d’en prendre le contrôle afin d’en faire un second capitaine, indépendant, pouvant diriger ses propres troupes. Son assistance n’est pas de trop lors des défis les plus ardus, qui demandent généralement de scinder le duo afin d’attaquer les problèmes par deux fronts distincts et gagner ainsi un peu de temps. Au final, ce système n’est pas nécessairement plus intéressant que celui de trio de capitaines du précédent épisode, mais il faut reconnaître que les compétences inédites d’Otchin nous forcent à aborder certaines difficultés sous un angle original.
Il y a deux écoles de jeux Pikmin. Celle qui met en scène la course contre la montre de l’équipage pour sa survie (Pikmin et Pikmin 3). Et celle de Pikmin 2, sans limite de temps, où la collecte de trésors est le principal attrait. Pikmin 4 joue clairement dans cette seconde catégorie et ne s’en cache pas. Duels de ramassage de ressource contre des capitaines adverses, tableaux à nettoyer le plus efficacement possible, et même des petits conseils, distillés au détour des écrans de chargement, qui nous expliquent comment appliquer ces préceptes d’organisation au quotidien : les adeptes de cette formule, friands d’un contenu à rallonge, y trouveront leur compte.
Au pinacle de cette philosophie, on retrouve les duels durant lesquels un capitaine adverse contrôlé par l’ordinateur nous défie pour savoir lequel des deux se révèle le plus rapide pour ramasser les ressources d’un niveau commun. Ou encore ces tableaux en contre-la-montre, qu’il faut vider le plus vite possible, le tout sanctionné d’une médaille.
Quant aux écrans de chargement, ils ne dénotent pas en se permettant même de nous conseiller d’appliquer une telle efficacité d’organisation dans la vraie vie.
Néanmoins, difficile de ne pas regretter la tension de Pikmin 3 et notamment de sa formidable conclusion : ici, c’est avec une pointe d’amertume qu’on constate qu’en préférant la collectionnite à la performance, Pikmin 4, et ce malgré la présence d’Otchin, perd un peu de son chien.
L’avis de Pixels
On a aimé :
- les Pikmins, toujours aussi trognons ;
- le frisson quand vous arrivez à jongler avec six tâches simultanément ;
- l’aspect un peu « todo list » de cet épisode ;
On a moins aimé :
- L’aspect un peu « todo list » de cet épisode ;
- la disparition du trio de capitaines au profit du chien, moins instinctif.
C’est plutôt pour vous, si…
- vous êtes adeptes du lean management.
Ce n’est plutôt pas pour vous, si…
- Vous prônez la semaine de quatre jours.
La note de Pixels :
15 points de croissance (malgré la prévision de 20).