L’une des plus grandes opérations policières contre le blanchiment d’argent au niveau mondial a été menée depuis plusieurs mois et a livré des résultats spectaculaires, détaillés par l’agence européenne de police criminelle Europol, lundi 4 décembre. L’opération, dirigée par les Pays-Bas et impliquant 25 autres pays sur plusieurs continents, a été organisée en collaboration avec quelque 2 800 établissements bancaires, des entreprises comme Western Union, Tripadvisor et des sociétés informatiques, ainsi qu’Interpol et Eurojust, l’unité de coopération judiciaire des Vingt-Sept.
Quelque 4 600 enquêtes lancées en Europe, aux Etats-Unis, en Australie, à Hong Kong, Singapour et en Amérique latine ont permis d’identifier 474 membres de groupes criminels qui ont recruté plus de dix mille « mules financières », des personnes qui ont transféré de l’argent, en espèces ou par voie numérique, en échange d’une commission. Une partie des opérations mises au jour consistait en des transferts d’argent d’un pays à un autre. Dans d’autres cas, des « mules » voyageant sous une fausse identité ouvraient des comptes à l’étranger.
La technique la plus utilisée resterait toutefois celle dite du « schtroumpfage » ou de la « restructuration ». Elle consiste à déposer de petites sommes en espèces dans des comptes bancaires détenus par des personnes différentes et d’un montant modeste, afin de ne pas attirer l’attention.
Des techniques toujours plus sophistiquées
Au total, les services policiers et judiciaires mobilisés depuis le mois de juin, ont identifié 10 736 transactions frauduleuses et 1 013 individus ont été appréhendés. Selon Europol, environ 100 millions d’euros ont été blanchis en quelques mois par les suspects mais l’opération a permis d’éviter la dissimulation de 32 millions de fonds. Un montant à mettre en regard des estimations du montant global du blanchiment en Europe, estimé à quelque 200 milliards d’euros.
Baptisée EMMA9 (pour European money mule action, Action européenne contre les mules financières), cette neuvième opération de ce genre a confirmé la croissance et la sophistication des techniques utilisées par les criminels pour blanchir l’argent sale.
Les enquêteurs ont ainsi découvert que des réfugiés ukrainiens étaient devenus de nouvelles cibles pour des recruteurs qui tentent d’exploiter leur vulnérabilité en les obligeant à ouvrir des comptes bancaires. Les personnes âgées sont aussi visées prioritairement par les groupes criminels, qui n’hésitent pas à les menacer directement pour obtenir leurs papiers d’identité et leur signature.
Il vous reste 45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.