Les aides financières à l’acquisition d’un vélo électrique et mécanique viennent d’être supprimées par décret. Pour les représentants de la filière économique du vélo comme pour les associations d’usagers, c’est l’incompréhension, après des années d’investissements et d’incitations publiques à l’utilisation du vélo.
Le vélo a bel et bien été victime des velléités d’économies du gouvernement. À compter du 14 février 2025, il n’y aura plus d’aide à l’achat de vélos de l’État. C’est ce qui ressort du décret publié le 29 novembre 2024. Et pour les représentants de la filière économique comme pour ses usagers, la pilule est dure à avaler. Car le texte vient anéantir toute une politique en faveur du vélo, menée depuis 2023 par l’ancienne Première ministre et ministre aux Transports Elisabeth Borne, ainsi que par ses successeurs.
« Nous savions que des efforts seraient demandés » pour diminuer la dette, reconnaît Florence Gall, déléguée générale de France Vélo, la filière économique du vélo dans l’Hexagone. Mais personne ne s’attendait à une décision si « radicale », « un changement de positionnement à 100 % ». « Sur d’autres politiques, il y a du moins 20, moins 30 % annoncés. Nous, on fait moins 100 %, pratiquement sur l’ensemble des politiques » liées au vélo, regrette la responsable, vendredi 6 décembre.
Moins de nouvelles pistes cyclables
D’abord, liste-t-elle, il n’y aura plus « d’aménagements cyclables subventionnés par l’État », ce qui signifie concrètement moins de nouvelles pistes cyclables. Ces subventions faisaient partie du grand plan vélo de l’État, qui prévoyait des investissements sans précédent « pour les infrastructures, la sécurité et la formation à la pratique du vélo », avec, en ligne de mire, l’idée que le vélo devait devenir « accessible à tous ». Entre 2023 et 2027, près de 250 millions, destinés aux collectivités locales, devaient être consacrés tous les ans à « l’accélération du développement des aménagements cyclables ».
Or cette année, le projet de loi de finances, qui n’est toujours pas voté, a réduit à… zéro les autorisations d’engagements du Plan vélo, rapportait fin octobre Mediapart. Ces dernières atteignaient pourtant les 304 millions l’année dernière.
Moins de nouveaux cyclistes
Ensuite et surtout, les aides à l’achat de vélos de l’État, destinées aux particuliers et aux associations, sont totalement supprimées, apprend-on dans le décret du 29 novembre. Non seulement le bonus écologique (l’aide financière nationale à l’achat) disparaît, mais la prime à la conversion est aussi mise aux oubliettes, pour tous les véhicules – cette aide supplémentaire était accordée en échange de la mise à la casse d’une vieille voiture essence ou diesel.
Or, ces aides étaient dirigées vers un public bien particulier : « les personnes les plus vulnérables, notamment à faible revenu, et les personnes porteuses de handicap qui étaient éligibles aux aides pour l’acquisition notamment de vélos adaptés », rappelle Thibault Quéré, porte-parole de la Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB). Résultat, « il y aura moins de pistes cyclables, moins d’aides à l’achat, donc moins de personnes qui font du vélo. Et ce sont les personnes les plus vulnérables qui vont être touchées », ajoute-t-il.
De quoi soulever l’incompréhension des associations du secteur. Réseau Vélo et Marche, FUB, Union Sport et Cycle et Apic, regroupées dans l’Alliance pour le vélo, expliquent, dans un communiqué du 5 décembre, avoir été mises devant le fait accompli lors de la publication du décret… sans avoir pu défendre leurs intérêts. Elles rappellent pourtant que le bonus écologique venait d’être prolongé, en février dernier, jusqu’en 2027. Il avait même été étendu aux vélos d’occasion.
Pour ces organisations, c’est simple : le décret sonne le glas « d’une politique publique menée avec succès depuis plusieurs années, avec des effets réels sur le pouvoir d’achat des Français, la santé publique, l’économie dans les territoires et la décarbonation des mobilités ».
Le vélo, « ce sont des coûts de santé, de pollution et de carburant évités. C’est ce qui permet à la société d’aller mieux », plaide Florence Gall, déléguée générale de France Vélo. En 2023, 39 millions d’euros d’aides ont été versées.
Si vous voulez acheter un vélo, faites-le avant le 14 février 2025
Résultat, si vous comptiez acheter un vélo électrique ou pas, dépêchez-vous. Vous avez jusqu’au 14 février 2025 pour bénéficier des aides existantes (prime à la conversion et bonus écologique) de l’État, qui peuvent se cumuler avec les aides régionales. Après cette date, il ne restera plus que les aides de la Région. Pour vous retrouver dans la jungle des plafonds de ressources et des subventions, ce site vous permettra de voir à quoi vous avez droit, en fonction de votre localisation.
De leur côté, les associations espèrent que la bataille n’est pas encore terminée. D’autres portes détournées pourraient permettre de « continuer à faire vivre la filière du vélo, qui représente en France 50 000 emplois » entre assembleurs, fabricants de pièces, vendeurs, réparateurs, et les services d’assurance, de géolocalisation, du sport et du tourisme. Le leasing d’entreprise pourrait donner accès à des vélos cargos ou des vélos grâce à une prise en charge partielle de l’employeur, souligne Florence Gall. Mais pour que le vélo soit accessible à tous, « il va falloir être imaginatif », reconnait la déléguée générale de France Vélo. D’autres espèrent surtout que les futurs chef du gouvernement et ministre des Transports détricoteront le décret du 29 novembre… De quoi remettre le vélo sur les rails d’une véritable politique publique.
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