Parmi les services affectés par l’avalanche de contenus fabriqués par les technologies d’intelligence artificielle générative, les plateformes de streaming musical sont au premier rang. Mais elles n’adoptent pas les mêmes stratégies.
Depuis plusieurs mois, Deezer communique sur le nombre de morceaux générés par IA ajoutés à son service. Son dernier décompte l’estime à environ 20 000 pistes chaque jour, représentant 18% des nouveaux contenus.
Un chiffre en évolution par rapport au début de l’année 2025 selon la plateforme. Au mois de janvier, la société avait ainsi estimé que le nombre de nouveaux titres générés par IA s’élevait à environ 10 000 morceaux par jour.
Détecter les resquilleurs
Depuis le mois de janvier, la plateforme exploite deux outils dédiés conçus par ses équipes afin de détecter spécifiquement les morceaux générés grâce aux modèles génératifs.
Dans son viseur, Deezer nomme notamment Suno et Umio, deux modèles de génération musicale. Mais la société assure que son outil est également « capable de détecter le contenu généré par IA sans ensemble de données spécifique pour l’entraînement. »
En 2024, Deezer avait déjà rendu public son engagement sur la question en signant une charte sur l’utilisation des technologies d’IA appelant à interdire l’entraînement de modèles d’IA sans le consentement des artistes et des créateurs.
Approches divergentes
Son principal concurrent, Spotify, a initialement fait face à un phénomène similaire. Il annonçait en 2023 avoir retiré « plusieurs dizaines de milliers de titres » générés par IA et mis en ligne sur sa plateforme.
Mais la société a depuis changé d’approche. Elle accepte aujourd’hui les morceaux générés par IA sur sa plateforme, ses dirigeants considérant que les morceaux créés par ce biais ont droit au même traitement que les autres. Spotify va même plus loin, en incluant au sein de ses playlists automatiques des morceaux crées par ses propres IA.
Le sujet fait aussi débat auprès des artistes. Les plateformes de streaming rémunèrent les créateurs en fonction du nombre d’écoutes des titres sur la plateforme. La popularisation des morceaux générés par IA vient donc faire une concurrence directe pour les artistes et les musiciens. En outre, les modèles d’intelligence artificielle générative proposant de la création musicale sont bien souvent entraînés sur des musiques créées par des humains. Et ce sans qu’ils ne soient indemnisés ou qu’on leur demande la moindre autorisation.