Las de se faire manger la laine sur le dos par l’IPTV illégale, Canal+ a décidé de sévir. Et le groupe audiovisuel frappe un coup en assignant trois géants américains — Google, Cisco et Cloudflare — pour les forcer à bloquer les DNS de sites de streaming illicites diffusant des compétitions sportives.
Canal+ joue des muscles pour contrer l’IPTV illégale. En septembre dernier, la chaîne avait obtenu des principaux fournisseurs d’accès — Orange, Bouygues, Free et SFR — le blocage de plusieurs noms de domaine diffusant sans autorisation des compétitions sportives dont Canal paie (souvent très cher) l’exclusivité des droits de diffusion : à savoir la Ligue des Champions, le Top 14 de rugby et la Premier League britannique.
Les DNS dans le collimateur de Canal+
Mais ça n’a pas suffi, comme le rapporte L’Informé : les internautes voulant absolument regarder ces matchs sans payer d’abonnement à Canal+ modifient les DNS de leur accès à internet. Ce faisant, ils contournent les DNS des fournisseurs d’accès. Il ne faut pas chercher bien longtemps pour trouver des DNS alternatifs et en profiter (la manipulation est relativement simple, et il existe évidemment de nombreux tutoriels pour toutes les plateformes).
C’est pourquoi, en octobre dernier, Canal+ a assigné devant le tribunal judiciaire de Paris trois géants du web : Google, Cisco et Cloudflare, afin qu’ils bloquent les DNS permettant d’accéder aux sites de streaming diffusant illégalement ces compétitions. Ces entreprises opèrent des services de résolveurs DNS, une cheville ouvrière essentielle du web qui « traduit » les noms de domaine (comme 01net.com) en adresses IP compréhensibles par les navigateurs.
Si le tribunal se range du côté de Canal+ (dans quelques mois), alors le groupe pourra ajouter les sites illicites qui diffusent les matchs au travers des résolveurs DNS sur la liste noire de l’Arcom, le régulateur des communications. Reste à voir si cette initiative passera la rampe de la justice française et européenne. Dans une affaire similaire en Allemagne, Cloudflare avait estimé que s’en prendre aux résolveurs DNS était « inefficace et disproportionné », sachant qu’il est facile de passer d’un résolveur à un autre.
Si le piratage est moins fréquent, celui des retransmissions sportives continue de battre son plein et représente un gros manque à gagner pour les diffuseurs officiels. Les autorités ciblent en priorité les sites illicites, mais la loi prévoit aussi des condamnations lourdes pour les particuliers, jusqu’à 300 000 euros d’amende et trois ans de prison.
Lire IPTV : que risque-t-on réellement si on utilise un service illégal ?
Source :
L’Informé