Si la voiture électrique ne produit pas d’émissions de gaz à effet de serre à l’utilisation, elle reste plus polluante que celle d’un véhicule thermique sur son cycle entier de vie (de la production au recyclage).
Pour avoir une « pertinence climatique et économique« , certains éléments doivent être pris en compte, explique l’Ademe (Agence de la transition écologique) dans un avis publié à l’occasion du Mondial de l’Automobile qui se tient ces prochains jours à Paris.
Les véhicules thermiques neufs seront interdits de vente en Europe à partir de 2035 et l’électrification du parc automobile français connaît une accélération sensible. Mais si cette étape est importante, elle n’est pas suffisante « pour que le déploiement des véhicules électriques soit pleinement efficace sur les plans environnementaux, sociaux et économiques« .
Grosse batterie, mauvaise idée
L’Ademe établit ainsi que, pour avoir cette pertinence écologique et revendiquer un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un véhicule thermique, une voiture électrique doit disposer d’une batterie d’une capacité de moins de 60 kWh.
Au-delà, « l’intérêt environnemental n’est pas garanti » du fait des surconsommations engendrées par la masse du véhicule et les conditions d’utilisation. L’impact carbone augmentant « quasi-proportionnellement à son poids, lui-même fortement impacté par la capacité de stockage de sa batterie« , embarquer une grosse batterie serait finalement contre-productif et il conviendrait donc de choisir « un modèle de véhicule le plus petit et léger possible » en fonction de l’usage majoritaire prévu.
Mais pour que ce schéma soit viable, il faudra densifier le réseau de bornes de recharge, s’assurer de leur bonne alimentation électrique, sécuriser les approvisionnements de matières premières pour la fabrication des batteries, renforcer les capacités de recyclage de ces dernières…On en est encore loin !
L’infrastructure comptera aussi beaucoup
L’Ademe l’assure pourtant : le coût complet (hors aides et subventions) d’un véhicule électrique rechargé à domicile et doté d’une batterie d’environ 60 kWh est inférieur à celui d’un véhicule thermique comparable.
Il est donc important que l’industrie fournisse des offres de véhicules petits et intermédiaires. Le marché de l’occasion pourra ensuite appuyer ce parc en prolongeant la durée de vie des véhicules.
L’avis évoque également la nécessité de planifier le déploiement des bornes de recharge, alors que « le souci de la recharge constitue encore un frein à l’adoption du véhicule électrique« .
Mais ce ne sera pas suffisant : il faudra également mieux répartir les temps de recharge sur les périodes creuses et renforcer l’utilisation des énergies renouvelables.
Changer de logiciel
Enfin, l’Ademe insiste sur le fait que « la voiture électrique ne remplacera pas le véhicule thermique sur tous ses usages« , notamment pour les trajets longue distance.
Il faut en prendre conscience et proposer dans ces cas d’autres solutions (train, services de véhicules sur les lieux touristiques, alternatives ponctuelles comme des prolongateurs d’autonomie pour batterie).
C’est donc un changement de mentalité vis à vis de la voiture et de ses usages qui doit être institué pour que la voiture électrique puisse trouver sa place dans un contexte différent de celui des véhicules thermiques. Mais les conducteurs biberonnés au SUV l’accepteront-ils ?