Pour voler des voitures en moins de 2 minutes, des criminels se servent d’enceintes connectées

Pour voler des voitures en moins de 2 minutes, des criminels se servent d'enceintes connectées



Un réseau international de voleurs de voitures a été démantelé par la justice française. Les malfaiteurs utilisaient des enceintes connectées reprogrammées pour prendre le contrôle des véhicules en moins de deux minutes. Vendues plusieurs milliers d’euros sur Telegram, les enceintes trafiquées sont l’œuvre d’un spécialiste de l’électronique automobile de l’Eure-et-Loir.

Un étonnant réseau international de vol de voitures a été débusqué par la justice française. Pour dérober des véhicules, les voleurs se sont servis d’enceintes connectées trafiquées par leurs soins. Comme l’a démontré l’enquête, les criminels modifiaient le logiciel interne d’enceintes connectées populaires pour qu’elles puissent interagir avec les systèmes électroniques des voitures. La gendarmerie parle d’une « enceinte musicale reprogrammée » dans son communiqué.

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Des enceintes connectées qui se font passer pour une clé

Une fois reprogrammée, l’enceinte devient capable d’émettre des signaux radio imitant la clé électronique originale du véhicule. Les voitures modernes avec démarrage sans clé utilisent en effet des signaux radio, généralement Bluetooth ou RFID, pour communiquer avec le téléphone de l’automobiliste ou la clé. Quand la clé ou le smartphone est à proximité, la voiture s’ouvre et peut démarrer.

Pour ouvrir la voiture, les voleurs se servent donc de l’enceinte pour émettre des signaux similaires à ceux de la clé originelle du véhicule. Lorsque la voiture perçoit les signaux émis par l’enceinte connectée, elle se déverrouille. Le véhicule est persuadé que sa clé est à proximité et autorise le démarrage.

L’attaque repose sur une vulnérabilité dans le fonctionnement des protocoles des voitures modernes. La voiture ne vérifie pas l’authenticité de la source du signal. Elle s’assure uniquement que le signal émis est correct. De facto, il « suffit » d’émettre le même signal pour déverrouiller la voiture. Le vol ne laisse aucune trace. Le voleur doit simplement se trouver à proximité de la cible pour ouvrir les portes et en prendre le contrôle. L’opération ne prend pas plus de deux minutes.

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Des enceintes trafiquées vendues à l’étranger

C’est en 2022 qu’un criminel s’est mis à trafiquer des enceintes connectées pour orchestrer des vols de voitures. Dans son atelier, il s’est mis à reprogrammer des appareils Bluetooth pour pouvoir émettre les signaux reconnus par les voitures. Concrètement, le hacker, que les autorités décrivent comme astucieux et habile, glissaient un logiciel pirate dans le système interne de l’appareil.

Il a rapidement fourni des enceintes piratées à ses comparses, qui s’en sont servis pour faciliter leurs activités. Une grande partie des enceintes ont été expédiées à l’étranger. Les appareils étaient en effet vendus par le biais de messageries chiffrées, comme Telegram, à des clients résidant dans plus de 20 pays en Europe, aux États-Unis, au Moyen-Orient, en Asie, ou en Afrique. Un dispositif pirate est vendu entre 1 000 et 10 000 euros.

En septembre 2023, l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) observe une recrudescence de vols de véhicules de marques japonaises. Il s’agit en effet des cibles privilégiées des criminels. Le département criminalité organisée de l’Unité nationale cyber ouvre alors une enquête, supervisée par la section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris. En parallèle, les criminels multiplient les vols.

Rapidement, les enquêteurs se rendent compte qu’il y a un point commun à tous ces vols de voitures. Sur la scène du crime, ils retrouvent souvent le même type d’enceinte connectée. Par exemple, une équipe de voleurs a été arrêtée en flagrant délit dans les rues de Versailles en juin 2023, alors qu’elle s’apprêtait à subtiliser un Toyota Rav 4. Les malfaiteurs venaient de connecter une enceinte JBL à la voiture.

Cinq arrestations en France

Au terme d’une enquête longue de deux ans, les autorités finissent par remonter jusqu’aux vendeurs d’enceintes pirates. En novembre 2025, cinq personnes sont interpellées en Ile-de-France, en Eure-et-Loir et dans le Gard, tandis que des opérations de police sont également organisées sur le sol italien.

« Ce sont des techniciens de l’automobile qui ont détourné les systèmes de données informatiques des constructeurs pour les mettre au service du crime », explique le procureur en charge de l’enquête.

Trois suspects, âgés de 39 à 50 ans, ont été placés en détention provisoire. Ils sont suspectés de vol en bande organisée, d’atteinte à un système de traitement automatisé de données, association de malfaiteurs et de blanchiment en bande organisée. Six véhicules, plus de 100 000 € (dont près de 40 000 € en espèces), des biens de luxe et des dispositifs criminels valant plus d’un million d’euros sont saisis par les enquêteurs. L’artisan accusé d’avoir conçu les dispositifs se défend d’avoir participé à un vol de voiture. Il prétend n’avoir rien fait d’illégal en commercialisant les boitiers sur Telegram. Par le biais de son avocate, il affirme que les outils qu’il conçoit sont destinés à des dépanneurs et des garagistes.

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Source :

Le Parisien



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