pourquoi 80 députés veulent interdire Shein en France

pourquoi 80 députés veulent interdire Shein en France



Plus de 80 députés réclament l’interdiction totale de Shein en France. Ils dénoncent un danger majeur pour la santé, l’emploi et la planète.

L’opération séduction a tourné au fiasco politique. Alors que le géant chinois tentait de redorer son image en s’affichant au BHV Marais à Paris début novembre, la riposte ne s’est pas fait attendre. Ce n’est plus une simple critique, mais une fronde parlementaire.

Dans une tribune explosive publiée par La Tribune Dimanche, plus de 80 députés, menés par Sandrine Le Feur (présidente de la commission du Développement durable), demandent purement et simplement l’interdiction de Shein sur le territoire français. On vous explique pourquoi l’étau se resserre autour de l’application préférée de la Gen Z.

Un « visage brutal » qui ne passe plus

Pour les signataires, l’installation de Shein dans des temples du shopping parisien ne relève pas de la démocratisation de la mode, mais d’une tentative de « dédiabolisation ». Les députés ne mâchent pas leurs mots et décrivent l’enseigne comme « le visage le plus brutal de la fast fashion ».

Cette alliance transpartisane (rejoignant des élus Ensemble pour la République, PS, Horizons, LR et Modem) refuse que l’enseigne s’offre une « respectabilité de façade ». Le message est clair : on ne peut pas masquer un modèle destructeur derrière quelques portants bien éclairés dans un grand magasin.

Un dossier noir : santé, climat et casse sociale

Pourquoi une telle radicalité dans les mots ? Parce que le constat dressé par les parlementaires dépasse la simple querelle commerciale : ils décrivent une menace systémique. L’urgence est d’abord sanitaire. Loin d’être anodine, l’accusation frappe fort en affirmant que Shein inonderait le marché français de « produits toxiques ». Les signataires s’appuient sur des analyses récentes révélant la présence de substances dangereuses, comme le plomb, à des taux crevant les plafonds autorisés par les normes européennes, mettant ainsi sciemment en danger la santé des consommateurs. Ces derniers jours, un rapport de Greenpeace Allemagne a également mentionné la présence de phtalates, qui sont des plastifiants, et des PFAS, des polluants éternels utilisés pour leurs effets hydrofuge et antisalissure, dans certains articles.

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Mais cette toxicité n’est pas que chimique, elle est aussi écologique et économique. Les députés fustigent un « non-sens écologique » absolu, où des milliers de nouveautés quotidiennes traversent la planète par avion pour finir, statistiquement, à la poubelle après seulement trois utilisations. Un modèle prédateur qui opère une concurrence déloyale féroce : tandis que les enseignes françaises croulent sous les normes RSE et les charges, Shein est accusé de passer entre les mailles du filet réglementaire, tuant à petit feu l’industrie textile locale incapable de rivaliser avec de tels coûts cachés.

Comprendre la mécanique Shein en 13 minutes

Pour aller au-delà de la polémique politique, le vidéaste Léo Duff a analysé le modèle économique de la marque dans une vidéo publiée ce week-end. Il y démonte la mécanique de l’ultra-fast fashion : une production pilotée par algorithmes (315 000 nouveaux produits par an contre 6 000 pour Zara), un transport exclusivement aérien (l’équivalent de 50 Boeing 747 par jour) et des « dark patterns » psychologiques pour pousser à l’achat. Une enquête qui corrobore point par point les inquiétudes soulevées par les parlementaires.

La justice s’en mêle : une semaine décisive

Les ennuis s’accumulent pour la plateforme. Au-delà de la tribune politique, le calendrier judiciaire s’accélère brusquement.

Le site se retrouve dans le viseur pour des faits gravissimes. Le tribunal judiciaire de Paris doit statuer très prochainement sur une potentielle suspension du site. En cause ? La découverte effarante de la vente de poupées sexuelles d’apparence enfantine et d’armes de catégorie A sur la plateforme.

À noter que Shein a déjà écopé de trois amendes en France cette année, cumulant 191 millions d’euros, notamment pour des promotions jugées trompeuses.

Le rendez-vous manqué (puis reporté)

Face à la tempête, la direction de Shein tente de gagner du temps. Convoqués initialement le 26 novembre par la commission du développement durable pour s’expliquer, les dirigeants ont esquivé le rendez-vous, prétextant une audience judiciaire le même jour.

Ce n’est que partie remise : la convocation a été décalée au 2 décembre. Les députés comptent bien « entendre enfin » les responsables sur leurs pratiques. L’argument du pouvoir d’achat, souvent brandi par la marque, ne tient plus face aux coûts cachés de ce tee-shirt à 3 euros.

Pour Sandrine Le Feur et ses 82 collègues, Shein n’est pas un modèle d’avenir, mais « une impasse » qu’il faut fermer. Reste à voir si le gouvernement osera franchir le pas de l’interdiction totale, une mesure qui serait inédite en Europe.

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