Il y a un an, je me décidais de m’abonner à Copilot Pro de Microsoft pour 22 euros par mois. Sur le papier, la promesse était belle. Plus besoin d’ouvrir une nouvelle fenêtre pour accéder aux modèles de ChatGPT d’OpenAI ou de Claude Anthropic. En intégrant l’IA générative nativement à la suite collaborative Microsoft 365, Copilot Pro allait devenir mon assistant au quotidien pour rédiger un e-mail ou peaufiner une présentation. Avec, à la clé, de réels gains de productivité.
Las, un an après, le compte n’y est pas. Tout d’abord, Copilot Pro manque de stabilité. Au fil des mois, mon expérience utilisateur n’a cessé d’évoluer.
En ouvrant Outlook le matin, je ne savais jamais si j’allais retrouver l’assistant, sagement placé dans le ruban en attente d’instructions, ou bien inséré directement dans le brouillon d’un mail.
IA intrusive et à contre-temps
Cette dernière évolution a heureusement cessé il y a quelques semaines. L’IA venait proposer ses services directement dans le corps du mail, ce qui rendait la rédaction de celui-ci mal aisée et provoquait des sauts de ligne malencontreux. Résultat : la réponse à un message simple prenait deux fois plus de temps que sans IA. Un comble !
Si les mises à jour imposées sont le propre des solutions en mode SaaS, l’utilisateur aspire à une forme de constance pour ne pas perdre tous ses repères. Dans un environnement de travail aussi fréquemment utilisé que Microsoft 365, les améliorations doivent s’effectuer de manière parcimonieuse, par petites touches délicates.
Ce côté intrusif de l’IA générative, on le retrouve encore dans Word. En ouvrant un fichier, Copilot Pro se met automatiquement à le résumer. Mais pourquoi ? Non, je ne souhaite pas avoir le résumé de ce document sur lequel je travaille depuis une semaine et dont je connais pas cœur le contenu. Du coup, vous fermez systématiquement cette fenêtre qui s’ouvre inopinément. Et encore deux secondes de perdu.
En ouvrant Copilot dans la barre latérale, l’IA remplit cette fois son office en proposant d’améliorer le texte ou de l’interroger en langage naturel sans empiéter sur l’espace du document. Pour les utilisateurs en panne d’inspiration, Microsoft propose même une galerie de requêtes.
Copilot Pro ne sait pas faire simple
D’autres irritants rendent l’expérience Copilot Pro pénible voire contre-productive. Un mail en langue étrangère atterrit dans votre messagerie ? Pas de problème, l’IA va spontanément se proposer de le traduire. Hélas non, il faut passer par l’outil de traduction maison. Encore des clics supplémentaires.
Dans certains cas, Copilot Pro en fait trop. Quand on lui demande de répondre à un mail banal par « un message court et amical », on s’attend à ce qu’il suggère un « Bonjour, merci pour votre envoi », assortis de la formule de politesse d’usage.
Non, l’IA se met à générer une réponse en trois paragraphes avec tout le formalisme et l’emphase que l’on voulait justement éviter. Le brouillon devient inexploitable à moins de le reprendre de A à Z, ce qui fait perdre tout intérêt à la démarche.
Pas d’ajout de pièce jointe
Le résumé d’un mail fleuve – nombreux allers-retours avec votre interlocuteur – s’avère, en revanche, utile mais la génération du résultat exige jusqu’à dix secondes. Ce qui peut se révéler rédhibitoire si on multiplie l’opération plusieurs fois dans la journée.
L’IA générative se montre particulièrement pertinente quand il s’agit de faire la synthèse d’un rapport de 200 pages. Pas de chance, Copilot Chat n’offre pas la possibilité de joindre une pièce jointe à la différence de la version gratuite de ChatGPT ou de Perplexity.
A la place, il me demande avec un smiley souriant de copier-coller le texte. 200 pages, sérieusement ?
Le meilleur à venir ?
« La promesse de gagner du temps avec l’IA générative dans la gestion de son flux de travail est surfaite, déplore le cabinet de conseil Lecko, qui a étudié une population de 55 managers utilisateurs de Copilot durant 3 mois. Malgré l’apprentissage associé au déploiement de Copilot, le rythme de travail de ces managers à l’agenda saturé n’a pas été allégé de manière significative. »
Plus de deux ans après le lancement de ChatGPT, les grands modèles de langage (LLM) restent une technologie mouvante. Et je perçois combien il doit être difficile de l’intégrer à un environnement de travail du quotidien tout en prenant en compte les risques liés à la sécurité ou aux hallucinations.
Microsoft prévoit un grand nombre d’évolutions qui devraient aller dans le bon sens. Dans sa feuille de route dévoilée dans un billet de blog datant d’octobre, la firme de Redmond annonce intégrer la voix, la reconnaissance d’images et textes et le raisonnement profond (Think Deeper) pour traiter des problématiques complexes. Vivement demain.