Pourquoi la Corée du Sud reste le centre névralgique de l’e-sport mondial

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Au terme d’un match de League of Legends (LoL) disputé pendant près de trois heures, dimanche 19 mai, « Chovy » semble soulagé. Il jubile, même. Jeong Ji-hoon, de son vrai nom, retire son casque et file enlacer ses coéquipiers, qui sautillent déjà de joie. Un large sourire barre à l’unisson leurs cinq visages. C’est fait : l’équipe sud-coréenne Generation Gaming, surnommée Gen-G, est sacrée championne du Mid-Season Invitational (MSI), l’une des plus prestigieuses compétitions internationales d’e-sport.

La scène se déroule à Chengdu, en Chine, et a de quoi donner aux adeptes de jeu vidéo compétitif une impression de déjà-vu : depuis plus d’une décennie, la Corée du Sud et ses joueurs professionnels règnent sans partage sur le MOBA, un genre de jeu de stratégie, édité par l’américain Riot Games. A Paris, le Centre culturel coréen lui a même réservé un étage entier de son exposition consacrée aux divertissements nationaux, intitulée « Noli : jeux coréens » et visible du 24 mai au 5 octobre.

Mais LoL n’est pas le seul terrain de chasse du pays. Depuis l’avènement de l’e-sport, ses importantes réserves de joueurs se sont exprimées, souvent brillamment, sur Starcraft, PUBG, Valorant, Overwatch, FIFA… Si bien que des joueurs stars, comme Lee « Faker » Sang-hyeok ou Lim « BoxeR » Yo-hwan ont marqué les esprits bien au-delà de leurs frontières et fait de la Corée du Sud une nation à part dans cet écosystème.

« Les Coréens ont cette culture de jouer en boucle »

Cette expertise locale s’explique par de multiples facteurs. Hyunseon, ancienne analyste de T1, une écurie sud-coréenne figurant parmi les plus populaires du monde, y voit avant tout « une raison historique ». La sortie du jeu vidéo de stratégie Starcraft, en 1998, coïncide avec une crise financière qui heurte de plein fouet son pays natal. « Beaucoup de personnes, dans leur quarantaine, se sont retrouvées à la retraite forcée car leurs entreprises avaient fait faillite, relate-t-elle au Monde. Certains ont donc ouvert des PC Bang. »

C’est dans ces cybercafés modernes ouverts 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, où l’on peut commander à manger et payer l’utilisation d’un ordinateur à l’heure, qu’est née la passion des jeunes sud-coréens (les clients sont surtout des hommes). Pour les jeux vidéo en ligne, d’une part, et pour la compétition, de l’autre. Un temps perçus comme la manifestation d’un « alarmant phénomène social », ces espaces toujours prisés des touristes se font moins nombreux, mais restent des symboles du rapport si intense qu’entretient la Corée avec l’e-sport.

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