En géopolitique, les nations aux normes sociétales ou aux visions idéologiques contradictoires doivent parfois former des alliances pour protéger leurs intérêts mutuels. Aujourd’hui, une dynamique similaire se dessine dans la course à l’IA.
Selon l’agence de presse Reuters, OpenAI, la start-up spécialisée dans l’IA, devenue mondialement célèbre grâce au succès viral de son chatbot ChatGPT, s’est associée à Google, son concurrent de longue date. Ce partenariat pragmatique, apparemment finalisé le mois dernier, permettra à OpenAI d’accéder aux services de cloud computing de Google pour soutenir ses efforts de formation de modèles d’IA toujours plus performants.
OpenAI largement financé par Microsoft depuis ses débuts
Le lancement de ChatGPT en 2022 a déclenché une course entre les grandes entreprises technologiques et une profusion de jeunes start-ups pour investir dans l’IA générative, largement considérée comme la technologie la plus importante depuis les réseaux sociaux ou le smartphone.
Mais cette technologie est notoirement coûteuse à développer, nécessitant généralement d’énormes quantités de données pour son apprentissage et des processeurs graphiques (GPU) coûteux. La demande soudaine pour ces semi-conducteurs a généré une richesse considérable pour Nvidia et d’autres fabricants de puces, ainsi que la construction d’immenses centres de données très énergivores. Elle est également devenue un levier géopolitique majeur, les États-Unis limitant la quantité de GPU pouvant être exportés vers la Chine afin de freiner les efforts de ce pays en matière d’IA.
OpenAI, fondée en 2015 en tant qu’association à but non lucratif, a ensuite adopté une structure de « profit plafonné », lui permettant de lever des fonds auprès d’investisseurs pour couvrir les dépenses liées à la création de modèles d’IA. Microsoft est devenu son principal bailleur de fonds, investissant environ 13 milliards de dollars depuis 2019.
(Ziff Davis, la société mère de ZDNET, a intenté une action en justice contre OpenAI en avril 2025, l’accusant d’avoir enfreint ses droits d’auteur dans le cadre de la formation et de l’exploitation de ses systèmes d’IA.)
Google opte pour le pragmatisme
Le service cloud Azure de Microsoft était le seul fournisseur de centres de données d’OpenAI jusqu’en janvier, date à laquelle cette dernière a signé des accords avec Oracle et SoftBank pour la construction de nouveaux centres de données.
Ce nouvel accord avec Google marque la dernière tentative d’OpenAI pour se démarquer de Microsoft.
Pour Google, ce partenariat pourrait favoriser le développement de son activité cloud, à l’heure où ChatGPT menace son monopole de longue date sur la recherche en ligne. L’entreprise subit également la pression des investisseurs pour qu’elle affiche un retour sur ses investissements colossaux liés à l’IA, qui, selon Reuters, devraient atteindre environ 75 milliards de dollars en 2025.