Certains particuliers préfèrent se tourner vers les réseaux sociaux pour revendre leurs billets des JO de Paris 2024, alors que la plateforme officielle de revente ne donne aucun résultat. En parallèle, une équipe de 200 gendarmes se mobilise avec Interpol pour faire respecter l’ordre. Depuis mars l’année dernière, 338 sites frauduleux de revente ont été épinglés.
Un mois après l’ouverture de la plateforme de revente des billets pour les JO de Paris 2024, le silence continue de surprendre. Contrairement à ce qu’on pouvait imaginer, la demande est en berne, et ceux qui ont décidé de remettre sur le marché leurs billets n’ont pas reçu de propositions. Pour tenter d’accélérer les choses, certains se tournent vers les réseaux sociaux.
« Je préfère multiplier mes chances », justifie Axelle*, quelques jours après avoir posté sur un groupe Facebook une annonce pour revendre ses billets. « Je préfère évidemment passer par la plateforme officielle, mais pour l’instant je n’ai pas une touche », ajoutait celle qui possède deux places pour la finale de boxe mixte, au prix de 200 euros l’unité.
La revente sur des plateformes tierces, c’est tout ce dont le Comité olympique tentait d’éviter. Avant même l’ouverture de la plateforme officielle, le 15 mai dernier, une « cyber-patrouille » de 200 gendarmes, aidée par Interpol, commençait à ratisser le web en quête de sites ou d’annonces frauduleuses. Selon un premier bilan obtenu par Franceinfo, 338 sites ont été épinglés.
Des revendeurs frustrés sur les réseaux sociaux
L’idée était avant tout d’éviter les arnaques, et la revente de billets dans le but de faire une plus-value. Mais le Comité olympique n’avait pas forcément imaginé que de vrais profils puissent y trouver leur compte, en tentant d’augmenter leur visibilité sur les réseaux sociaux.
Sur Facebook, le groupe qu’Axelle a sélectionné pour tenter de revendre ses billets possède 3 000 membres, mais les acheteurs sont rares et méfiants. En six jours, elle n’a pas réussi à se débarrasser de ses billets. « Quelqu’un m’a dit être intéressé, mais honnêtement je ne le sens pas. Je préférerais une remise en main propre, que la personne me donne du cash et que je lui transfère les billets devant lui », nous confiait-elle.
L’espoir n’est pas mort, alors que son annonce n’a pas été supprimée, ni le groupe Facebook sur lequel Axelle s’est inscrite. La cyber-patrouille tolérerait-elle ce genre d’annonces ? Pour Justine*, qui cherche aussi à vendre ses billets pour les quarts de finale de handball féminin, passer par les réseaux sociaux n’a rien d’illégal. « J’ai décidé de passer par un groupe Facebook pour avoir plus de visibilité, mais la revente se fera uniquement via la plateforme. Tout est sûr et dans les règles », se justifiait-elle à 01net.com.
De vraies annonces, mais risquées
Si l’envoi passe effectivement par l’application, ce ne sera pas le cas pour le paiement. Car la plateforme officielle des JO de Paris ne propose que deux options : mettre ses billets en ventes (et attendre), ou les offrir gratuitement à des proches, en leur transférant. C’est avec cette deuxième méthode que les revendeurs sur les réseaux sociaux tentent de trouver des acheteurs. Mais pour payer, les seules solutions restent le cash ou les virements bancaires.
Une opération risquée donc, d’autant plus pour les acheteurs qui pourraient se faire arnaquer. Interrogé par Franceinfo, Etienne Lestrelin, le capitaine à l’unité nationale cyber de la Gendarmerie nationale en charge de la lutte contre la fraude à la billetterie des JO tentait de rappeler ce risque. « L’acheteur ne sait pas si réellement la personne possède les billets, puisqu’il s’agit de billets virtuels, pas de billets papier. Donc les gens vous vendent du vent, on ne sait pas ce qu’ils vendent ».
Pour faire les choses bien, de nombreuses annonces sur les réseaux sociaux se complètent de captures d’écran des billets, et l’organisation de l’échange se limite à un rendez-vous en personne. Mais rien ne justifie avec ces deux critères que les annonces soient bien réelles. Même à un prix attractif. Il semble pourtant que le comité n’ait pas pensé à la possibilité que de très sérieux particuliers tentent de passer par les réseaux sociaux pour vendre leurs billets. « Jamais vous ne trouverez des billets à un prix inférieur », affirmait le capitaine Etienne Lestrelin.
5 % de frais de service
Les billets que les particuliers tentent de se séparer sont pourtant proposés moins chers, alors que la demande est en berne. Sur la plateforme officielle aussi, contrairement aux promesses tenues du Président du Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, Tony Estanguet, les billets ne sont pas revendus « au prix auquel on les a achetés ». Au moment de les mettre en vente, 5 % du prix total des billets de l’offre est déduit, en guise de frais de service.
La phase de reventes des billets pour les JO 2024 se frotte donc à problème. Entre les revendeurs frustrés de ne pas arriver à se débarrasser de leurs billets et les vraies arnaques, la cohabitation est difficile. Heureusement, sur les sites populaires pour les reventes de billets, aucun débordement n’a été recensé. Ticketmaster ou encore Viagogo, connus pour leurs services de reventes de billets pour des concerts et des festivals, ont pris note de la volonté du Gouvernement à se charger de l’organisation.
« Nous ne sommes pas partie prenante de la vente ou de la revente des billets pour les JO », nous confirmait quelques semaines avant l’ouverture de la plateforme officielle de revente la société américaine Ticketmaster. Les sites fermés ou mis en demeure, eux, seraient essentiellement basés à l’étranger, précisait la cyber-patrouille de la Gendarmerie nationale. Les fraudeurs « savent que les démarches sont plus longues et moins faciles pour intenter une action de fermeture ou de retrait du site ».
Pour que les particuliers puissent éviter de tomber sur une arnaque, une méthode est tout de même bonne à prendre. Les billets possèdent un numéro supplémentaire, une référence qu’il est possible de rentrer sur la plateforme officielle afin de vérifier que le billet existe bel et bien dans la banque de données de la billetterie.
* Les prénoms ont été modifiés.
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